Le 17 mai 2022 | Mis à jour le 17 mai 2022

La collection d’affiches de Michel Romand dispersée aux enchères

par Diane Zorzi

De Grandville à Jules Chéret, de Georges de Feure à Alphonse Mucha, les grands maîtres de l’affiche seront réunis les 23 et 24 mai à l’occasion de la prochaine vente aux enchères de la maison Ader. Cet ensemble exceptionnel provient de la collection du galeriste parisien Michel Romand qui, à la suite de son grand-père Edmond Sagot, s’attacha durant trente ans à promouvoir l’art de l’estampe.

 

« Une collection historique comme on n’en a pas vendu en France depuis des décennies ! » En explorant le catalogue de la vente Ader des 23 et 24 mai, on partage volontiers l’enthousiasme de l’expert et ancien conservateur du musée de l’Affiche, Alain Weill. Les trois cent soixante affiches répertoriées ont été sélectionnées avec soin par Michel Romand qui, pendant plus de trente ans, s’attacha à réunir les plus belles créations de l’âge d’or de l’estampe moderne pour garnir sa galerie Documents, installée dès 1954 au 53 rue de Seine à Paris. A 27 ans, le jeune homme reprenait le flambeau de son grand-père Edmond Sagot qui, installé rue Guénégaud à partir de 1890, s’était spécialisé en pionnier dans la promotion de cette nouvelle forme d’art.

 

Anonyme. Cycles Gladiator à Paris Chromolithographie. Entoilée. Imp. Massias, 17 passage Daudin, Paris. Bon état. Plis dans les marges. 100 x 137 cm. Estimée entre 10 000 et 15 000 euros.

 

L’affiche, d’Edmond Sagot à Michel Romand

Si la mode de la collection d’affiches bat son plein à la fin du XIXe siècle, un demi-siècle plus tard Michel Romand ne peut compter sur l’attrait de la nouveauté. « Tout est à reconstruire. Il est le seul galeriste parisien à se revendiquer marchand d’affiches et les premières années sont difficiles », détaillent les commissaires-priseurs de la maison Ader. En dépit d’un stock conséquent qu’il tient en héritage, le galeriste peine à réunir des clients autour de sa passion. « Il monte quelques expositions comme l’intégrale des dessins de Vallotton pour son numéro de l’Assiette au Beurre. Il n’en vend que deux, ce qui paraît aujourd’hui ahurissant. » Mais avec le regain d’intérêt pour l’Art Nouveau, au début des années 1960, Michel Romand renoue finalement avec le succès de son aîné. Sa galerie devient le passage obligé de tous les affichomanes à travers le monde. « Ils sont des dizaines puis rapidement des centaines et pas seulement Français. De nombreux Américains composent sa clientèle. » Michel Romand avait gagné son pari. A ce jour, la galerie Documents, tenue depuis les années 1980 par sa fille, Mireille, enchante toujours les amateurs d’art de passage rue de Seine.

 

Jean Ignace Isidore Gérard, dit Grandville (1803-1847), Les Métamorphoses du jour, 1866. Gravure sur bois coloriée au pochoir d’après la lithographie originale. Non entoilée. Imp. Gustave Havard, 15 rue Guénégaud, Paris. Gravé par Portet, rue du Four, Paris. Annotée « Cette affiche ne peut être placardée qu’à l intérieur ». Très rare. Très bon état. 54,5 x 70 cm. Estimée entre 4 000 et 6 000 euros.

 

Les grands maîtres de l’affiche, de Granville à Mucha

L’ensemble présenté aux enchères réunit, sur plus d’un demi-siècle, les grands maîtres de l’affiche, à commencer par Jean Ignace Isidore Gérard, dit Grandville (1803-1847), dont le catalogue dévoile une rare gravure sur bois de 1866, destinée à promouvoir la publication des Métamorphoses du jour. C’est avec ce recueil illustré, publié dès 1829, que Grandville se fait connaître. Le dessinateur y livre une satire de la société et des mœurs de son époque. Il recourt à la manière des fabulistes à la forme allégorique, mettant en scène les bourgeois parisiens sous la forme de créatures hybrides, mi-hommes mi-animaux. « La collection fait également la part belle aux moyens de transport en plein essor à la fin du XIXe siècle : bicyclettes, automobiles, aviation… », poursuivent les commissaires-priseurs. « Ensuite, naturellement, une généreuse sélection d’œuvres des grands maîtres tels que Jules Chéret, Georges de Feure, Théophile-Alexandre Steinlen, Henri de Toulouse-Lautrec ou Alphonse Mucha. » Car cette collection n’est nullement un fonds de galerie ou un stock d’invendus, mais le fruit de la sélection minutieuse d’un passionné qui, sa vie durant, choisit les plus jolies feuilles pour parer les murs de sa galerie.

Enchérir | Suivez la vente de la collection d’affiches de Michel Romand les 23 et 24 mai en live sur interencheres.com

 

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