Le 3 décembre 2021 | Mis à jour le 7 décembre 2021

La collection d’orfèvrerie du Docteur Paul des Marez dispersée à Paris

par Clémentine Pomeau-Peyre

Le 6 décembre à Paris, François et Sandrine Dupont disperseront la collection exceptionnelle d’orfèvrerie du Docteur Paul des Marez. Durant plus de cinquante ans, ce collectionneur passionné a réuni parmi les plus belles pièces de l’histoire de l’argenterie.

 

« Le Docteur Paul des Marez (1929-2020) était un collectionneur discret et passionné. Il courait les ventes, les foires, les expositions, accumulait de la documentation », explique Sandrine Dupont. La commissaire-priseur de Morlaix organise le 6 décembre à Paris la dispersion de sa splendide collection d’orfèvrerie française et étrangère du XVIIIe siècle. « Il possédait également de nombreuses pièces belges, mais elles ne sont pas présentes dans cette vente. Nous nous sommes limités aux objets français, complétés de quelques créations étrangères ».

Le XVIIIe siècle reste effectivement l’une des périodes les plus passionnantes pour les amateurs d’orfèvrerie. À cette époque, le principe des poinçons, marques officielles du maître orfèvre ou de l’Etat, obéit à la réforme de Colbert, datant de 1674. Sur chaque pièce se trouvent quatre marques : le poinçon de maître, le poinçon de charge (qui atteste que l’impôt devra être payé au fermier général), le poinçon de jurande (qui atteste du titre, de la qualité du métal) et le poinçon de décharge indiquant que l’impôt a bien été versé. Au moment de la Révolution française, un système à trois poinçons (de maître, de titre et de garantie) remplace le précédent, avant que n’arrive en 1838 l’époque des poinçons modernes. Toutes ces marques peuvent évoluer (changement de collecteur d’impôts, nouvel orfèvre…), ce qui ouvre une infinité de combinaisons pour les collectionneurs d’aujourd’hui. « C’est un univers très précis, et pour y entrer, il faut avoir l’envie de se plonger dans les ouvrages de références, de faire des recherches… C’est certainement l’une des raisons pour lesquelles les amateurs d’orfèvrerie exercent fréquemment des professions scientifiques, dans la recherche ou la médecine. Ces passionnés font la dynamique du marché, surtout lorsqu’il s’agit de pièces de qualité, issues de collections reconnues », note la commissaire-priseur.

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Paire de flambeaux en argent. Paris 1750-1751 et 1753-1754. Maître Orfèvre : Alexis Loir, reçu en 1733. Estimation : 15 000 – 20 000 euros.

 

Les plus belles pièces d’orfèvrerie du XVIIIe siècle

Les 167 lots issus de la collection du Docteur Paul des Marez, bien identifiés et en très bel état, montrent un panorama des plus belles pièces fabriquées au XVIIIe siècle. Notons par exemple la paire de flambeaux en argent par le maître orfèvre Alexis Loir (reçu en 1733), estimée 15 000 à 20 000 euros. Alexis Loir, qui exerçait comme orfèvre du roi aux Gobelins, et a entre autres réalisé des pièces du fameux mobilier d’argent, « fait partie des noms les plus recherchés par les collectionneurs », souligne Sandrine Dupont. Un autre flambeau du même auteur est également présenté dans la vente, avec une estimation de 3 000 à 5 000 euros. Toujours parmi les pièces phares, une écuelle couverte et son présentoir en argent, réalisation conjointe de deux maîtres orfèvres, Antoine Plot (reçu en 1729) pour l’écuelle et Jean-Louis Morel (reçu en 1748) pour le présentoir. Les deux éléments sont gravés d’armoiries d’alliance et d’une couronne ducale.

Sandrine Dupont avoue un petit faible pour un autre lot, un pichet à vin de Béziers par le maître orfèvre Pierre Granal (reçu en 1742) : « très élégant, avec un répertoire décoratif typique de la seconde moitié du XVIIIe siècle, et notamment un mascaron de Bacchus tel qu’on peut le retrouver sur des pierres d’architecture dans le Languedoc ». De forme balustre, avec un couvercle décoré d’une large coquille, ce pichet est estimé entre 10 000 et 12 000 euros. D’autres orfèvres connus des amateurs figurent dans cette vente : François Joubert (reçu en 1749) avec une aiguière à côtes torses (10 000 à 12 000 euros), Nicolas Lefèvre (reçu en 1759) par une autre aiguière, mais cette fois à décor ciselé de volutes et guirlandes (12 000 à 15 000 euros), ou encore Claude Héricourt (reçu en 1763), auteur d’un pot à crème à bouton en colimaçon (4 000 à 5 000 euros).

 

Un panorama de l’argenterie, du XVIIe au XIXe siècle

« Le Docteur Paul des Marez a collectionné durant plus de 50 ans, avec des périodes différentes. À un moment, il s’intéressait aux aiguières, et à un autre, il s’est davantage tourné vers les jattes », explique Sandrine Dupont. De cette « période jattes », retenons dans la vente une paire de jattes rondes soulignées d’une frise de godrons par Joseph Cailleau (reçu en 1699), estimée 3 000 à 4 000 euros, ou une paire de jattes carrées par Jean-Antoine Bourguet (reçu en 1758), sobrement décorée de filets (3 000 à 3 500 euros). Quelques pièces étrangères complètent la sélection de l’étude Dupont : des saupoudroirs en argent d’Augsbourg par le maître orfèvre Christian Lütkens (4 000 à 6 000 euros) ou un étonnant haut de masse madrilène daté XVIIe-XVIIIe siècle (4 000 à 6 000 euros), décoré de figures d’apôtres avec les attributs de leurs martyrs. Comme une petite incursion religieuse dans une collection majoritairement tournée vers l’orfèvrerie civile.

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Crédits photos © Isabelle Guegan

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