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Le modèle noir d’Horace Vernet : un rare portrait orientaliste adjugé plus de 100 000 euros dans le Finistère
Peint autour de 1836, un rare portrait d’un Africain en buste était présenté aux enchères par François et Sandrine Dupont le 7 mars à Saint-Martin-des-Champs, dans le Finistère. Adjugé plus de 100 000 euros, il témoigne de la fascination qu’entretint le peintre d’Histoire à l’égard de l’Orient, à la suite d’un voyage en Afrique du Nord.
« M. Horace Vernet est un militaire qui fait de la peinture ». Sans doute Charles Baudelaire aurait-il révisé son jugement s’il avait eu entre ses mains ce Jeune africain en buste d’une modernité étonnante. Horace Vernet (1789-1863), plus connu pour ses scènes de batailles, livre avec cette toile un portrait expressif d’une grande sensibilité qu’un fond neutre mordoré magnifie, préfigurant les œuvres romantiques qui émaillent la seconde partie de sa carrière. « C’est un tableau très moderne dans sa facture, précise l’expert Alexis Bordes. La mise en scène annonce les œuvres que l’artiste réalisera à partir des années 1840, à la suite de ses séjours en Orient. »
Un portrait peint à Alger autour de 1836
A la demande de Louis-Philippe, Horace Vernet est envoyé en Algérie en 1833, afin d’immortaliser les conquêtes françaises menées en Afrique du Nord. L’artiste a été sensibilisé plus tôt à l’Orient par l’entremise de Théodore Géricault qu’il côtoie alors qu’il se forme dans l’atelier de son père, Carle Vernet, lui aussi peintre, connu pour ses scènes militaires. Auprès du maître du Radeau de la Méduse, Horace Vernet rencontre des hommes et femmes originaires du Maghreb et du Moyen-Orient qu’il dépeint à son tour – Le Mamelouk dit Roustam Raza (1810), un Guerrier arabe (1817-1822)… Mais c’est véritablement au gré de ses voyages en Afrique du Nord, de 1833 à 1853, qu’il fait de l’Orient l’un de ses thèmes de prédilection. « Certes, Rome continue à enflammer le génie des artistes, mais quel genre d’émotion ne s’emparent d’eux lorsqu’ils sont inspirés par un peuple qui a conservé ses anciennes coutumes pendant tant de siècles », s’exclame-t-il après un premier séjour à Alger. « Lors de ce voyage, il a peint les armées françaises et dressé quelques rares portraits peints en buste des autochtones, dont notre œuvre est vraisemblablement un exemple », détaille Alexis Bordes. Pour l’expert, ce portrait d’un réalisme saisissant aurait été exécuté d’après nature entre 1836 et 1837, une décennie avant l’abolition définitive de l’esclavage le 27 avril 1848. « Il se dégage de ce portrait une telle vérité qu’il semble peu probable qu’il ait été réalisé d’après mémoire ou de retour en France. »
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Horace Vernet (1789-1863), Jeune africain en buste de trois-quarts vers la droite coiffé d’un fez. Huile sur toile, signée Horace Vernet au centre à gauche, 53,5 x 45,5 cm. Adjugée 107 500 euros (frais inclus, 86 000 euros prix marteau) le 7 mars 2022 par Dupont & Associés.
Un tableau provenant de la collection des descendants du duc de Trévise
Adjugé 107 500 euros (frais inclus) le 7 mars dernier, ce tableau avait déjà emprunté plusieurs fois le chemin des enchères (en 1993, 1999 et 2003), mais a suscité, à l’occasion de cette nouvelle vente, un intérêt renouvelé eu égard notamment à l’actualité. L’an prochain se tiendra en effet à Versailles une importante rétrospective dédiée à Horace Vernet. « L’artiste est au cœur de l’actualité et de nombreux collectionneurs, principalement européens, ont manifesté un intérêt soutenu pour notre toile », confie l’expert. Le sujet fait quant à lui écho à la récente exposition qui a fait date au musée d’Orsay en 2019, célébrant « Le modèle noir, de Géricault à Matisse ». De Géricault, la vente comptait d’ailleurs plusieurs dessins provenant de la collection du duc de Trévise. « Notre tableau avait quant à lui été acquis en 2003 par les descendants du duc de Trévise installés en Bretagne », précise le commissaire-priseur François Dupont qui avait annoncé avant la vente une estimation comprise entre 50 000 et 70 000 euros pour cette huile sur toile.
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