Le 19 octobre 2022 | Mis à jour le 20 octobre 2022

Le premier livre polyglotte de l’histoire de l’imprimerie dévoilé aux enchères à Paris

par Diane Zorzi

Provenant du fond d’une librairie ancienne, un Psautier exceptionnel estimé à plus de 12 000 euros sera vendu aux enchères par la maison Chayette & Cheval le 21 octobre à Paris. Cet ouvrage, publié en 1516 à l’initiative de l’évêque Agostino Giustiniani, est le premier livre polygotte de l’histoire de l’imprimerie et le deuxième contenant un texte imprimé en arabe.

 

Le Psalterium Hebraeum, Graecum, Arabicum et Chaldeum, cum tribus latinis interpretationibus et glossis est connu des bibliophiles et figure à l’inventaire de collections prestigieuses, à l’instar de la Morgan Library de New York. Il fut imprimé à Gênes en 1516 à l’initiative d’Agostino Giustiniani (1470-1536), un évêque érudit qui nourrit, sa vie durant, le projet ambitieux de livrer une édition multilingue des Saintes Ecritures. Le précieux exemplaire, dévoilé aux enchères avec une estimation de 12 000 à 15 000 euros, provient du fond d’une librairie ancienne de la région parisienne dont la maison de vente Chayette & Cheval organise la dispersion le 21 octobre à Paris. Il arbore un très bel état de conservation et une reliure en vélin souple ajoutée au XVIIe siècle.

 

Un psautier publié en 1516 à Gênes

Originaire de Gênes, Agostino Giustiniani fut d’abord Frère Augustin de l’ordre des Prêcheurs, avant de revêtir en 1514 l’habit épiscopale à Nebbio, dans le nord de la Corse. En 1516, cet humaniste polyglotte confie au typographe Pietro Paolo Porro l’impression de son Psalterium qu’il dédie au pape Léon X. Le texte hébreu original y est traduit en latin, grec, arabe et chaldéen. « Ce Psautier, dont il finance l’impression, est le premier livre polyglotte de l’histoire de l’imprimerie et le deuxième contenant un texte imprimé en arabe », explique l’expert Dominique Courvoisier.

 

 

Psautier d’Agostino Giustiniani, 1516. In-folio, vélin souple du XVIIe siècle. Estimé entre 12 000 et 15 000 euros. 

 

Le deuxième texte imprimé en arabe

Dans le monde arabo-musulman, l’écriture jouit depuis l’origine d’un prestige particulier, en tant qu’outil de transmission de la parole de Dieu. Sa forme manuscrite est dotée d’une dimension spirituelle et esthétique, tant et si bien que les sultans ottomans interdisent aux musulmans d’imprimer des textes en arabe dans l’Empire. Les premières impressions en caractères arabes mobiles naissent dès lors en Europe et concernent des textes chrétiens. En 1514, un premier livre imprimé en caractères arabes voit le jour à Fano, en Italie. Il s’agit d’un recueil de prières destiné aux Chrétiens d’Orient. Il est suivi deux ans plus tard de la publication de notre Psautier polyglotte. Le premier Coran imprimé, quant à lui, est publié en 1537 à Venise. En Orient, un dictionnaire arabo-turc est réalisé à Istanbul en 1728, mais ce n’est qu’au XIXe siècle que l’imprimerie concurrence véritablement la copie manuscrite.

 

Agostino Giustiniani, un évêque à la cour de François Ier

Quelques années après la publication du Psautier, Agostino Giustiniani rejoint la cour du roi François Ier, à qui il enseigne l’hébreu et l’arabe. Il publia d’autres ouvrages, tels que la Description de la Corse (Dialogo nominato Corsica) ou la Description de la Ligurie (Descrittione della Lyguria) et transcrivit à la main l’intégralité du Nouveau Testament en grec, latin, hébreu et arabe.

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