Le 27 juillet 2018 | Mis à jour le 22 août 2018

Une toile de Korovine adjugée 560 000 euros à Vernon : un record en France

par Diane Zorzi

Devant une dizaine d’enchérisseurs russes, Maître Lydie Brioult a adjugé l’œuvre la plus chère de sa carrière : une toile de Constantin Korovine. Acquise à Paris dans les années 1925, cette huile s’est envolée à 560 000 euros (frais compris) le 28 juillet 2018 à Vernon, dépassant de dix fois son estimation et enregistrant un record en France pour ce peintre. Peinte en 1922, elle témoignait des dernières années impressionnistes de l’artiste russe, la période la plus prisée des collectionneurs. 

 

Une œuvre impressionniste peinte en 1922

A la fin des années 1880, c’est à Paris que Constantin Korovine (1861-1939) se frotte à l’impressionnisme. Sous le charme de Monet, Renoir, Pissarro, il adopte la touche virgule et saisit le monde avec frénésie, illustrant les rues agitées du Paris nocturne, avant de s’imposer en chef de file de l’Ecole impressionniste russe. Dans les années 1910, Korovine acquiert une villa dans le village d’Okhotino, près de laroslav en Russie. Elle lui inspire de nombreuses scènes d’intérieur telles qu’une série de vérandas, dont l’une, datée de 1922, était mise en vente par Maître Lydie Brioult le 28 juillet à Vernon, acquise à Paris dans les années 1925. « Dans des couleurs printanières, cette toile s’inscrit dans le cycle des paysages de Crimée que Korovine commença à Gourzuf en 1910. Elle laisse apparaître la véranda dans un axe transversal, accentué par la lumière estivale qui se reflète en larges bandes de lumière blanche aux éclats oranges sur le parquet. La manière de l’artiste est proche du croquis et cache une rare connaissance du jeu des couleurs et des nuances de verts qui contrastent avec un violet d’une calme douceur. » Ce style impressionniste, Korovine le conservera jusqu’au milieu des années 1920. « Après, alors qu’il est installé à Paris, ses œuvres seront de moindre qualité, peintes bien souvent dans un but alimentaire. »

 

Korovine Constantin Alexeïevitch (1861-1939), La Véranda, huile sur toile, signée en cyrillique et datée « Const. Korovine 1922 » en bas à gauche, 87 x 64,5 cm. Adjugé 560 000 euros (frais compris).

 

La période la plus prisée des collectionneurs

Cette toile était l’une des dernières œuvres impressionnistes réalisées en Russie, la période stylistique la plus recherchée sur le marché. En témoigne le record de 2008 à Londres enregistré pour une œuvre impressionniste de Korovine : une vue de Gourzuf de 1912 adjugée plus d’1,6 million d’euros. « Le 26 novembre 2007 à Londres, une œuvre du même sujet et des mêmes dimensions s’était également envolée à plus d’un million d’euros, poursuit la commissaire-priseur. Elle dévoilait la même véranda, prise sous un angle de vue différent, mais avec un style en tout point similaire, caractéristique de la période impressionniste. En France, le précédent record pour une toile de Korovine était détenu par une vue du Paris nocturne adjugée 300 000 euros au marteau par Maître Dominique Le Coënt-de Beaulieu le 12 mars 2017 à Senlis.» Mise à prix à 40 000 euros, la toile présentée à la vente du 28 juillet a été adjugée 560 000 euros (frais compris, soit 450 000 euros prix marteau) par Maître Lydie Brioult, dépassant de dix fois son estimation et enregistrant un record en France pour le peintre.  Conservée depuis 1925 dans une collection normande, elle a été acquise par un collectionneur russe. « C’était une vente particulièrement animée avec une dizaine de téléphones. Les enchérisseurs étaient pratiquement tous originaires de Russie, et l’un d’eux avait même fait le déplacement de Kiev à Vernon pour assister aux enchères. Il s’est positionné jusqu’à 400 000 euros, avant de se retirer et c’est finalement un collectionneur russe, bien connu du marché, qui a remporté la bataille d’enchères. En Live, le vendeur a suivi avec beaucoup d’attention la vente. Il m’a appelé à l’issue de la vacation, très ému. Je l’étais aussi. Il faut dire qu’il s’agissait de ma plus belle adjudication. La première d’une longue série, je l’espère ! »

 

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