Le 23 mars 2022 | Mis à jour le 23 mars 2022

Numismatique : une collection de 510 pièces d’or retraçant l’histoire du monde en vente à Montluçon

par Diane Zorzi

Les 31 mars et 1er avril à Montluçon, Sylvie Dagot organisera une vente aux enchères de numismatique exceptionnelle. Une collection de 510 pièces d’or émises à travers le monde, du Ve siècle avant J.-C. aux années 1970, sera dispersée, comptant des témoignages historiques rarissimes, dont une monnaie carrée commémorant le traité de Rijswijk de 1698 qui mit fin à la guerre entre la ligue d’Augsbourg et Louis XIV et une médaille célébrant la conquête de Sicile par Charles VI d’Autriche.

 

Réunir en un même écrin les témoins de près de 2 400 ans de l’histoire du monde. C’est le dessein qu’a poursuivi une passionnée de numismatique à l’origine d’une collection exceptionnelle de 510 pièces d’or, originaires des quatre coins du globe et datées du Ve siècle avant J.-C. aux années 1970. Ce trésor, demeuré intact depuis son décès en 1984, empruntera à la fin du mois le chemin des enchères. « Cette collectionneuse a véritablement reconstitué l’histoire du monde avec ses monnaies qui se distinguent tant par leur qualité que par leur rareté », annonce avec enthousiasme l’expert Jean-Paul Pinon.

 

510 monnaies retraçant 2 400 ans d’histoire

La monnaie la plus ancienne est une darique du Ve siècle avant J.-C. (1 200 – 1 500 euros), donnant à voir un souverain de l’Empire perse achéménide agenouillé et muni d’un arc, d’une lance et d’un carquois rempli de flèches. A ses côtés, des pièces de l’Antiquité grecque arborent les profils de dieux et déesses – Tanit, déesse de la fécondité reconnaissable à son épi de blé, Apollon, accompagné au revers d’un bige galopant, ou encore Athéna, coiffée du casque corinthien à aigrette orné d’un serpent. Autant de figures auxquelles les souverains s’identifient, à l’instar d’Alexandre le Grand représenté sous les traits de Zeus. « Cette collection est passionnante car elle permet également d’apprécier l’évolution des cultures au fil du temps, poursuit l’expert. On y découvre par exemple le portrait de Ptolémée accolé à celui de sa sœur Bérénice qui devint son épouse dans le but de stabiliser le pouvoir, à l’image de l’union sacrée d’Osiris et sa sœur Isis ».  

 

[A gauche] Empire Perse, Lydie, Royaume Achéménide. Darique de Xerxès Ier (465-425 av. J.-C.). Or, 15 mm, 8,39 gr. Estimée entre 1 200 et 1 500 euros. [A droite] Antiquité grecque, Egypte, Octodrachme, Royaume de Ptolémée II Philadelphie, 283 à 246 av. J.-C. Portraits accolés de Ptolémée et Bérénice. Or, 26 mm, 27,87 gr. Estimée entre 3 800 et 4 500 euros.

L’étude des monnaies constitue pour les historiens une source de savoir inépuisable, révélant ou attestant de l’existence d’un monarque, d’un monument, d’une cité ou d’un événement historique. Cette collection de numismatique, retraçant plus de 2 400 ans d’histoire, en un témoignage éclatant. Ainsi, une rare monnaie carrée [photo en Une] entérine le traité de Rijswijk de 1698 qui mit fin à la guerre entre la ligue d’Augsbourg et Louis XIV (8 000 – 10 000 euros), une autre commémore le couronnement en 1922 du roi Ferdinand Ier de Roumanie (2 000 – 3 000 euros), tandis qu’une spectaculaire médaille célèbre la conquête de Sicile, donnant à voir l’entrée à Palerme de l’Empereur du Saint-Empire, Charles VI d’Autriche (10 000 – 20 000 euros). « Au revers, on reconnaît le grand voilier amiral entrant dans la baie toutes voiles au vent. Cette médaille de plus de 49 grammes a été frappée par le Sénat de Sicile pour accueillir avec grâce le nouveau roi. Je n’ai trouvé aucun autre équivalent en or, uniquement en bronze ou en argent, dans un musée sicilien. A l’époque, seules trois ou quatre médailles en or ont dû être réalisées, dont un exemplaire remis aux Habsbourg. Notre médaille est un témoignage rarissime. »

 

Médaille commémorative de la conquête de Sicile. Or, 44 mm, 49,21 gr. Estimée entre 10 000 et 20 000 euros.

 

Un tour du monde des monnaies et médailles

De l’Angleterre au Cambodge, du Brésil au Portugal, des Etats-Unis au Mexique, la collection invite à un voyage dans le temps autant que dans l’espace, rassemblant des monnaies émises à travers le monde sur plus de deux millénaires. « On retrouve au moins une monnaie par pays et même parfois par régime politique, avec notamment les différents états allemands avant 1914, à l’instar de la Prusse ou de la Bavière. » De la Russie impériale, un rare double ducat (5 000 – 8 000 euros) témoigne de la période transitoire, de 1682 à 1689, durant laquelle Sophia Alexeievna exerça le pouvoir au nom de son frère Ivan V et de son demi-frère Pierre 1er le Grand. « Sur une face, on reconnaît le portrait de la régente en buste, couronnée et tenant son sceptre. C’est tout à fait exceptionnel. Elle a fait émettre cette monnaie à son effigie en son nom propre, en tant que reine régente. » Au revers répond un émouvant portrait des tsars Pierre 1er le Grand et Ivan V qui partagèrent le trône jusqu’à la mort de ce dernier. Ils sont représentés enfants, coiffés de la tiare au globe crucigère, que l’aigle bicéphale de la Russie impériale surplombe. « Une pièce similaire est conservée dans un musée à Saint-Pétersbourg mais je n’ai rencontré aucun équivalent sur le marché. »

 

Double ducat de Pierre 1er le Grand et Ivan V, et de la régente Sophia Alexievna Romanova (1682-1689). Or, 18,10 mm, 6,66 gr. Estimée entre 5 000 et 8 000 euros.

 

 

Une vente aux enchères événement pour les numismates

Les pièces de la collection ont été acquises patiemment par leur propriétaire, durant plus de quarante ans, chez des marchands ou au gré des ventes aux enchères. Celle-ci apposait parfois de petits carrés de papier sur lesquels elle notait la date de vente, les noms des commissaires-priseurs et experts, et même le montant du pourboire qu’elle offrait aux déménageurs manutentionnaires. « Quel puits d’histoire devait-elle être ! J’aurais adoré la rencontrer. La plupart des pièces sont d’une qualité exceptionnelle, avec de nombreuses monnaies qui n’ont pas été vues depuis plusieurs décennies sur le marché. Cette vente est de celles qui font rêver et marquent une carrière », confie l’expert. Pour disperser cette collection exceptionnelle, deux jours de vente seront nécessaires. Les enchères, orchestrées par la commissaire-priseur Sylvie Dagot, débuteront le 31 mars à 14h à Montluçon et seront retransmises en direct sur le site Interencheres.

Enchérir | Suivez la vente de numismatique les 31 mars et 1er avril en live sur interencheres.com

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