
Pierre-Anthony Agnès aux enchères à Vannes, redécouverte d’un peintre oublié
La vente du 7 juin prochain chez Ruellan Auction affiche un but précis : mettre sous le feu des projecteurs Pierre-Anthony Agnès, peintre délicat de portraits et de paysages.
Pour sortir un peintre de l’oubli, il faut unir les forces ! Dans le cas de Pierre-Anthony Agnès (1898-1964), se sont mobilisés un collectionneur, Yves Pignède, un biographe, Claude Boivin, deux experts et antiquaires, Florence et Didier Gouin, et une commissaire-priseur Hélène Heurtault de la maison Ruellan. Et le résultat est une vente aux enchères entièrement consacrée à l’artiste.
Pierre-Anthony Agnès, une redécouverte en 370 lots
« Pierre-Anthony Agnès a été passé sous silence pendant tout le XXe siècle, déplore Hélène Heurtault. C’est notre vendeur qui est à l’origine de cette redécouverte. Il a acquis des œuvres auprès des ayants-droits, et par d’autres biais pour constituer ce fonds ». Avec un catalogue de plus de 370 lots, la maison de vente espère contribuer à l’élaboration de la cote de cet artiste. La vente est organisée en chapitres correspondant à ses différentes sources d’inspiration.
Débutons avec la période avant 1914. Pierre Agnès est alors à Paris, et il a intégré les Arts décoratifs. Il réalise des études d’ateliers, botaniques et ornithologiques, ainsi que quelques autoportraits. Ses dessins à la mine de plomb, gouaches ou aquarelles sont estimés entre 20 et 120 euros dans le catalogue. Il s’engage ensuite volontairement dans l’armée, et ne sera démobilisé qu’en 1919.
Les âmes bretonnes
Le second chapitre est dévolu à ses inspirations bretonnes : « Fasciné par les âmes bretonnes, il peint et dessine les visages des gens de la mer, ceux dont le quotidien est forgé par vents et marées. Sous son pinceau, la Bretagne devient un théâtre de vie où les pêcheurs, ramendeurs de filets et de voiles, goémoniers et goémonières courbés sous le poids des laminaires, affichent une fierté farouche », décrit Claude Boivin dans le catalogue. C’est dans cette section que se trouvent les estimations les plus élevées : 3 000 à 5 000 euros pour La Voile Rouge, huile sur toile datée de 1929, ou 2 000 à 3 000 euros pour un Retour de pêche.
À suivre ensuite, ses représentations de la vie de famille : au Jardin, les enfants du peintre, une huile sur toile datée de 1930 (800 à 1 000 euros) ou Jean, fils de l’artiste à son mécano, huile sur carton de 1936 (400 à 600 euros). Les dernières sections sont consacrées à l’Ile-de-France et autres régions (notamment la Corrèze, le Jura et la Normandie), à ses études animalières et à ses reportages de guerre. Car le peintre est une nouvelle fois mobilisé en 1939 dans la défense passive, et ne reprend son parcours artistique qu’à la fin des années 1940.
« Pierre Agnès laisse derrière lui un héritage artistique riche de plus de 600 œuvres : huiles, aquarelles, pastels et gravures », indique le biographe Claude Boivin. Malgré une participation à quelques salons, sa cote en tant qu’artiste reste inexistante sur le marché. La commissaire-priseur Hélène Heurtault indique que les estimations pour cette sélection « sont raisonnables compte tenu de la qualité de cette peinture et du format de certaines pièces. Notre idée est de défendre cet artiste, de contribuer à lui créer une cote car son œuvre le mérite ».