
Pierre Chapo, un designer à redécouvrir
Pour son travail unique sur le bois, ses assemblages innovants et son esthétique entre artisanat et modernité, Pierre Chapo a marqué son époque. Il reste très accessible aujourd’hui dans les ventes aux enchères.
[Mise à jour, 12 juin] Le buffet modèle R28 a trouvé preneur à 15 600 euros (frais inclus) tandis que la banquette modèle L09 changeait de main pour 4 810 euros.
Dans la vente du 16 mai organisée par la maison De Baecque à Lyon figurent quatre meubles signés de Pierre Chapo (1927-1987). L’expert en design Thibaut de Longcamp estime qu’il s’agit de « meubles typiques de son travail, avec des matériaux nobles, un design épuré, construits comme s’ils avaient été imaginés par un charpentier ». Ce n’est pas un hasard puisque c’est la rencontre avec un charpentier de marine qui initie le futur designer au travail du bois à la fin des années 1940…

Pierre Chapo (1927 – 1987), Édition des années 1980. Modèle L09. Banquette, structure sur quatre pieds de section ronde supportant un large cadre monté en tenon mortaise, l’ensemble garni de coussins et d’une tablette Orme. H. 30 cm – L. 250 cm – P. 76 cm. Estimée 1 800 – 2 000 euros.
1980, l’âge d’or de Pierre Chapo
Après des études en architecture aux Beaux-Arts de Paris et plusieurs voyages, notamment en Amérique centrale et dans les pays scandinaves, Pierre Chapo ouvre sa galerie boulevard de l’Hôpital à Paris dans les années 1960. « C’est sa meilleure période, entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, affirme l’expert. Il édite lui même ses créations ». Il expose également d’autres créateurs, dont Isamu Noguchi avec qui il partage ce goût des meubles organiques et architecturaux, mais également Serge Mouille ou Charlotte Perriand.
Côté édition, il installe d’abord son atelier à Clamart, puis ouvre une usine à Gordes, et d’autres sites de production dans les Vosges. En 1968, il a fait la connaissance au salon du meuble de la famille Seltz, entreprise d’ébénisterie alsacienne avec laquelle il collaborera durant une dizaine d’années pour la fabrication de ses meubles.
Au catalogue de la vente De Baecque, un buffet R28 en orme (11 000 à 12 000 euros) et la banquette modèle L09 (1 800 à 2 000 euros) font partie de ses dernières créations, dans les années 1980 : « les deux sont assez complexes à réaliser, ils n’ont donc pas été produits en grand nombre, et restent assez rares sur le marché », constate Thibaut de Longcamp.

Pierre Chapo (1927 – 1987), Travail des années 1980. Modèle R28 Buffet Structure sur un double piètement au profil de T ouvrant par des portes sur des étagères et quatre tiroirs. Construction en enfourchement avec l’ensemble des montants biseautés. Orme, verre fumé. H. 107 cm – L. 228 cm – P. 61 cm. Estimé 11 000 – 12 000 euros.
Différencier les pièces vintage des rééditions
Pierre Chapo a gardé tout au long de sa carrière la volonté de proposer des meubles financièrement accessibles à ses clients, notamment en améliorant leur assemblage par différents procédés. Cela va lui permettre de produire des tables simples et élégantes à l’image du modèle T01B proposé dans la vente de la maison De Baecque (1 5000 à 2 000 euros) ou des sièges comme le banc étroit sur pieds compas (400 à 500 euros).

Pierre Chapo (1927 – 1987), Édition des années 1980. Banc Structure sur quatre pieds compas de section carrée supportant une assise. Orme. H. 45 cm – L. 112 cm – P. 28 cm. Estimé 400 – 500 euros.
« Sa cote est un peu fragile aujourd’hui car ses héritiers rééditent ses créations, ce qui apporte un peu de confusion sur le marché de la seconde main, analyse l’expert. L’atout principal des pièces vintage est l’orme français qui n’est plus exploité, les rééditions sont fabriquées avec du bois étranger qui est assez différent, plus sombre ». L’orme a toujours été son bois de prédilection, même s’il a également utilisé le chêne et le frêne. Thibaut de Longcamp remarque également que les meubles de Pierre Chapo intéressent essentiellement des amateurs français et américains, séduit par leur aspect un peu brut, architectural, proche de l’esprit de Charlotte Perriand.