
Record mondial pour un dessin du Bernin adjugé à près de 2 millions d’euros
Le 20 mars à Compiègne, un dessin inédit de Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin, s’est envolé à près de deux millions d’euros, enregistrant un record mondial pour une œuvre sur papier du maître de la sculpture baroque. Découvert dans une propriété compiégnoise par la maison de ventes Actéon, le dessin a été remporté par un collectionneur new-yorkais.
Découvert il y a quelques mois par la maison Actéon, à l’occasion d’une succession à Compiègne, ce nu académique du Bernin s’est envolé à 1 937 500 euros (frais compris), pulvérisant le précédent record établi à 235 000 euros pour un dessin du sculpteur baroque. Mise à prix à 30 000 euros, la sanguine a été remportée par un collectionneur new-yorkais, à l’issue d’une âpre bataille menée au téléphone et sur le Live d’Interencheres par dix enchérisseurs majoritairement étrangers. « Ce résultat vient consacrer une œuvre majeure dans le corpus de Gian Lorenzo Bernini (1598-1680) et témoigne également de la bonne santé du marché de l’art, malgré la persistance de la crise sanitaire », remarquent les commissaires-priseurs Dominique Le Coënt-de Beaulieu et Philomène Wolf qui après avoir défrayé la chronique en 2019 avec un panneau du peintre primitif Cimabue adjugé au prix record de 24,2 millions d’euros, enregistrent pour l’heure la plus haute adjudication française de l’année pour un dessin ancien.
Un rare chef-d’œuvre du Bernin
Si la sanguine arborait à sa découverte un cartel au nom du sculpteur français Pierre Puget, l’attribution au maître italien a finalement été rapidement établie par les experts du cabinet de Bayser, avant d’être confirmée par l’historienne de l’art Ann Sutherland Harris, spécialiste de l’artiste. Le dessin rejoignait ainsi le corpus extrêmement restreint des académies du Bernin, les historiens de l’art n’en recensant que sept autres, toutes conservées dans des institutions muséales, à l’image de deux modèles de dimensions similaires figurant dans les collections du musée des Offices de Florence et du Teylers Museum d’Haarlem, aux Pays-Bas. « Je comprends que des grands amateurs de dessins anciens aient voulu ajouter ce chef-d’œuvre à leur collection, confie Dominique Le Coënt-de Beaulieu. Cette Académie révèle tout le génie du Bernin qui parvient, avec des rehauts de craie blanche, à restituer tout le relief de son modèle à partir d’une simple feuille de dessin en deux dimensions ». Evoquant les « ignudi » de Michel-Ange, ce grand nu masculin avait également été rapproché par les experts du cabinet de Bayser des allégories des dieux-Fleuves représentées au pied de la fontaine de la place Navone, l’une des œuvres les plus emblématiques du sculpteur célébré pour sa capacité à insuffler vie et mouvement au marbre et à la pierre.
En savoir plus | Un dessin inédit du Bernin découvert à Compiègne

Gian Lorenzo Bernini (1598-1680), Académie d’homme. Sanguine avec de légers rehauts de craie blanche. 56 x 42,5 cm. Adjugé à 1,937 million d’euros (frais compris) le 20 mars par Actéon Compiègne.
Un fusain d’Odilon Redon adjugé à plus de 80 000 euros
Avec ce rare dessin du Bernin, la maison Actéon enregistrait ce week-end entre Compiègne et Senlis un montant total d’adjudications de plus de 3,2 millions d’euros. La vente qui se tenait le lendemain à Senlis a notamment été marquée par une adjudication à plus de 81 000 euros remportée par un fusain d’Odilon Redon (1840-1916). Caractéristique de la série des « noirs » à laquelle s’attèle l’artiste symboliste au début des années 1880, cette œuvre sur papier avait été achetée par le peintre Emile Bernard en 1904, avant de rejoindre en 1955 la collection du Comte Arnauld Doria, célèbre historien de l’art français.

Odilon Redon (1840-1916), « Deux têtes de femmes » dit aussi « Satan et la statue ». Fusain, craie et encre sur papier teinté bleu, signé en bas à gauche « ODILON REDON ». 34,5 x 35,5 cm. Adjugé à 81 250 euros (frais compris) le 21 mars par Actéon Senlis.