
Renaissance florentine : un panneau de Bartolomeo di Giovanni à Clermont-Ferrand
[Mise à jour du 29 janvier 2018] : La Crucifixion du peintre florentin Bartolomeo di Giovanni a été adjugée 55 000 euros sous le marteau de Maître Philippe Jalenques samedi 27 janvier 2018 à Clermont-Ferrand.
Un rare panneau de Bartolomeo di Giovanni (actif autour de 1499), estimé à plus de 30 000 euros, sera mis aux enchères samedi 27 janvier 2018 à Clermont-Ferrand et sur le Live d’Interencheres. Il a été découvert par Maîtres Philippe Jalenques et Bernard Vassy dans la propriété d’une famille auvergnate qui conservait l’œuvre depuis plusieurs générations. Décryptage de cette Crucifixion caractéristique du style que l’artiste florentin du XVe siècle adopta à la fin de sa carrière.
Une Crucifixion
De format restreint (57 x 48 cm), cette œuvre est certainement un panneau de dévotion privée. Elle figure une scène des plus traditionnelles : la Crucifixion.
Au centre, le Christ crucifié domine la composition. Sur la croix, il se détache d’un fond de ciel azuré. A ses pieds, Sainte Marie-Madeleine pleure sa mort et enlace la croix. Elle est encadrée à droite par la Vierge qui penche la tête en signe d’affliction et à gauche par l’apôtre Saint Jean l’Evangéliste. Tous deux sont entourés de Saint François d’Assise et Saint Jérôme agenouillés qui forment un pendant. A l’arrière, un paysage montagneux se dessine et accueille à gauche une scène chronologiquement antérieure, celle de la montée au Calvaire à laquelle assiste un petit groupe de personnages.
Le suiveur de Ghirlandaio
Conservé jusqu’alors dans la propriété d’une famille auvergnate, le panneau a été authentifié par le cabinet Turquin comme étant de la main de Bartolomeo di Giovanni.
« C’est un artiste florentin du XVe siècle célèbre et dont les œuvres sont aujourd’hui conservées dans les plus grands musées, tels que le Louvre », explique Julie Ducher, experte en tableaux anciens du cabinet Turquin. Il est connu comme l’un des suiveurs du peintre Domenico Ghirlandaio (1449-1494) à qui l’on doit quelques-unes des plus belles décorations de la chapelle Sixtine au Vatican. Bartolomeo doit en effet sa renommée à sa participation au retable de l’Adoration des Mages que Ghirlandaio réalisa en 1485-1488 pour l’hôpital florentin des Saints Innocents. Bartelomeo travailla, à l’arrière-plan, la scène du Massacre des Innocents. Ce travail lui valut d’être surnommé l’« élève de Domenico » par l’historien de l’art Bernard Berenson.
Une œuvre de fin de carrière
« Ce panneau est caractéristique du style qu’adopte le peintre à la fin de sa carrière. » A l’issue d’un séjour à Rome, Bartolomeo rentre à Florence autour de 1498 où il loue un atelier au sculpteur et architecte florentin Benedetto di Maiano près du palais Pazzi. Là, il réalise une Trinité avec un Christ en croix proche de la Crucifixion mise en vente. « Peu auparavant, vers 1494-1496, Pérugin avait exécuté une Grande Crucifixion peinte à fresque dans l’église Santa Maria dei Pazzi à Florence. Il est indéniable qu’elle impressionna Bartolomeo. Il en reprend la composition aérée, équilibrée et symétrique. » Mais au contraire des grands retables qu’il réalise à cette époque, il atténue les expressions et recourt à un modelé schématique. « Cette simplification des traits s’explique sans doute par le fait qu’il devait répondre à cette époque à une forte demande qui exigeait de produire rapidement.»
Un panneau estimé entre 30 000 et 40 000 euros
« Cette Crucifixion a la particularité de présenter un très bon état général de conservation. Nous l’avons donc estimée entre 30 000 et 40 000 euros. » Les tableaux de Bartolomeo di Giovanni sont rares sur le marché. En vingt ans, une quinzaine d’œuvres seulement ont été mises aux enchères, dont une Vierge à l’Enfant d’1 m 44 sur 1 m 46 adjugée à plus de 116 000 euros à Londres en 2011. En France, deux œuvres ont ainsi été proposées en ventes publiques ces dernières années à Paris : une Vierge à L’Enfant avec Saint Jean Baptiste adjugée 30 000 euros en 2012, et une scène de la vie de Saint François d’Assise trouvant preneur à 17 000 euros en 2017. La vente sera aussi l’occasion de prendre le pouls d’un marché de l’art ancien, récemment valorisé par l’adjudication record du Savator Mundi de Léonard de Vinci…
Découvrez cette Crucifixion mise en vente par Vassy & Jalenques samedi 27 janvier à Clermont-Ferrand