Le 28 mars 2019 | Mis à jour le 2 avril 2019

Un Rubens vendu 1,3 million d’euros aux enchères à Lille

par Diane Zorzi

Figurant sainte Marguerite, une huile sur panneau inédite de Pierre Paul Rubens s’est envolée à 1,3 million d’euros (hors frais) lors de la vente aux enchères organisée par la maison Mercier dimanche 31 mars 2019 à Lille. Acquise par un collectionneur belge, elle serait une esquisse préparatoire à une peinture que le maître baroque flamand réalisa en 1620-1621 pour la prestigieuse église des Jésuites d’Anvers.

 

Une étude préparatoire à une peinture du plafond de l’église des Jésuites d’Anvers

En 1621, Pierre Paul Rubens (1577-1640) livrait l’un de ses premiers grands chantiers : trente-neuf peintures ornant les voûtes et le plafond de l’église des Jésuites d’Anvers, connue sous le nom de Saint-Charles-Borromée et considérée comme la plus belle église baroque des anciens Pays-Bas. Admirées de tous, elles sont finalement détruites lors d’un incendie, le 8 juillet 1718. De ces vastes compositions, demeurent aujourd’hui des esquisses. « Trente-quatre sont connues à ce jour, détaille Stéphane Pinta, expert au cabinet Turquin. Elles étaient restées dans l’atelier de Rubens jusqu’à sa mort. » L’une d’elle, retrouvée récemment, a été adjugée 1,3 million d’euros (hors frais) par la maison Mercier le 31 mars à Lille « Nous avons pu l’identifier grâce aux copies et relevés que réalisèrent deux artistes avant la destruction.» Les peintures de l’église des Jésuites d’Anvers dévoilaient notamment la vie de saints des premiers temps de l’Eglise, à l’image de cette sainte Marguerite, reconnaissable grâce à la palme du martyre et au dragon qu’elle vainc à l’aide d’une croix pour lui crever l’estomac.  

 

 

Des esquisses virtuoses caractéristiques du travail de Rubens

Les esquisses occupent une place particulière dans l’œuvre de Rubens. « Il ne les vendait jamais, poursuit Stéphane Pinta. Elles étaient bien trop précieuses pour lui et il s’en servait pour montrer son travail à ses élèves. Aussi, à sa mort, des centaines d’esquisses sur panneau ont été retrouvées dans son atelier. Elles ont la particularité d’être réalisées sans dessin préparatoire. En effet, Rubens dessinait directement au pinceau. Ici, il a peint sur un fond blanc un premier glacis brun, sur lequel il plaça les lumières par quelques coups de pinceaux, avant de revenir avec de la couleur et de décider en toute fin de la forme de sa composition. » Au contraire des peintures définitives, ces esquisses virtuoses sont peintes par le maître lui-même. Les grands formats étaient réalisés ensuite par son atelier et notamment son assistant d’alors, Antoine van Dyck (1599-1641).

 

 

Une huile sur panneau estimée entre 200 000 et 300 000 euros

Des esquisses réalisées pour l’église des Jésuites d’Anvers, aucune n’était jusqu’alors passée sur le marché. « La plupart sont aujourd’hui conservées dans les musées et il en reste encore quelques-unes à trouver. » Cette sainte Marguerite inédite était ainsi estimée entre 200 000 et 300 000 euros. Elle a été acquise pour 1,3 million d’euros (hors frais) par un collectionneur belge, à l’issue d’une rude bataille menée avec des enchérisseurs du monde entier. 

 

 

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