
Un dessin de jeunesse perdu de Cézanne vendu 31 200 euros aux enchères à Reims
Redécouvert dans le sud de la France, un dessin émouvant de Paul Cézanne a été adjugé à plus de 30 000 euros aux enchères le 13 mars à Reims. Issu d’un carnet de jeunesse du précurseur de l’art moderne, il a été acquis par un fonds de dotation pour un musée français.
A Jérusalem, le musée d’Israël, autrefois baptisé Bezalel National Museum, détient dans ses collections un témoignage émouvant des premières heures du précurseur de l’art moderne : un carnet rassemblant quelques-uns des tout premiers dessins de Paul Cézanne (1839-1906). Avec sa sœur cadette, Marie (1841-1921), le peintre aixois, alors âgé de 17 ans, exerce son coup de crayon en copiant les grands maîtres ou en croquant les scènes de vie alentours. Ces travaux de jeunesse, réalisés par Paul et Marie Cézanne entre 1856 et 1860, furent réunis en un carnet de dix-huit feuillets, dont héritèrent successivement le fils de l’artiste, Paul, et le petit-fils, Jean-Pierre qui le vend finalement aux Pearlman, un couple d’industriels et collectionneurs américains, lesquels devaient en faire don en 1962 au Bezalel National Museum. Mais au fil des transmissions, le carnet a été démembré. Aux dix-huit d’origine ne subsistaient que onze feuillets, composant le carnet dit de Jérusalem, jusqu’à la découverte dans le sud de la France d’une nouvelle page arborant une note manuscrite de Jean-Pierre Cézanne : « Le dessin ci-contre est un dessin original de mon grand-père Paul Cezanne ».

Paul Cézanne (1839-1906), Soldat et vieille femme. Plume et encre brune sur traits de crayon (verso). Circa 1856-57 22,4 x 16,9 cm (feuille). Au recto, crayon noir sur papier de Marie Cezanne (1841-1921), sœur cadette de Paul, représentant un Paysage au calvaire, 16,9 x 22,4 cm, circa 1856-1857, portant une inscription manuscrite au crayon « Le dessin ci-contre est un dessin original de mon grand-père Paul Cezanne / Jean Pierre Cezanne ». Adjugé 31 200 euros.
Un feuillet manquant du carnet de Jérusalem
Ce dessin de jeunesse a été retrouvé en 2010, à la faveur d’un inventaire successoral. « Nous l’avions confié à un premier expert qui ne croyait guère en son authenticité, détaille le commissaire-priseur Pierre-Pascal Guizzetti. Nous l’avons toutefois mis de côté. Il nous semblait peu probable qu’il s’agisse d’une copie. Quel intérêt en effet de copier un dessin académique peu représentatif du travail de Cézanne ? Nous l’avons finalement présenté à un second expert, Marc-Henri Tellier, qui a estimé qu’il pouvait s’agir d’une œuvre de jeunesse de l’artiste. » Après deux années de recherche, l’expert parvient à démontrer son authenticité, avec le concours de Walter Feilchenfeldt, Jayne Warman et David Nash de la Société Cézanne, ainsi que de Fabienne Ruppen, en charge des dessins de Paul Cézanne. La qualité et les dimensions du papier (16,9 cm de hauteur), la technique utilisée (encre brune sur traits de crayon) et la présence au recto d’un paysage au crayon de Marie Cézanne, sont autant d’éléments qui devaient mettre les spécialistes sur la voie. « Notre dessin est fait du même papier, il n’est autre que l’un des feuillets manquants du carnet de Jérusalem ».

Recto, crayon noir sur papier de Marie Cezanne (1841-1921), sœur cadette de Paul, représentant un Paysage au calvaire, 16,9 x 22,4 cm, circa 1856-1857, portant une inscription manuscrite au crayon « Le dessin ci-contre est un dessin original de mon grand-père Paul Cezanne / Jean Pierre Cezanne ».
Un dessin double-face acquis par un fonds de dotation pour un musée français
Donnant à voir une vieille femme assise, pieds nus, aux côtés d’un soldat casqué, le dessin est caractéristique des œuvres de jeunesse de Cézanne qui croque ses sujets avec vivacité, usant d’un coup de crayon rapide et de formes anguleuses. Au recto, le dessin de Marie Cézanne se distingue quant à lui par sa précision et son réalisme, la jeune femme décrivant méticuleusement un Paysage au calvaire. A noter que le dessin a d’ores et déjà été intégré au catalogue raisonné en ligne de l’œuvre de Paul Cézanne. Il a été adjugé 31 200 euros par Pierre-Pascal Guizzetti et Thierry Collet le 13 mars à Reims, acquis par un fonds de dotation pour un musée français.
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