Le 13 juin 2019 | Mis à jour le 19 juin 2019

Un panneau du XVIe siècle acheté 248 000 € pour le Petit Palais d’Avignon

par Diane Zorzi

Retrouvé à Limoges, un panneau du Maître des Cassoni Campana peint au XVIe siècle était mis en vente par Maître Paul Pastaud le 15 juin à Limoges. Figurant une scène de la vie de Thésée et d’Hippolyte, il a été acheté 248 000 euros pour le Petit Palais d’Avignon qui possédait les quatre autres peintures, issues de la célèbre collection Campana.

 

Découverte d’un panneau du Maître des Cassoni Campana perdu depuis le XIXe siècle

Actif à Florence au début du XVIe siècle, le Maître des Cassoni Campana doit son nom de convention à une œuvre : une série de six panneaux longtemps assimilés à des coffres de mariage, dits cassoni. De cette série, deux panneaux manquaient aux collections du Petit Palais d’Avignon. C’est l’un d’eux que Maître Paul Pastaud a retrouvé dans une collection privée de Limoges.

 

Maestro dei Cassoni Campana, (Actif à Florence au début du XVIème siècle), Scène de la vie de Thésée et d’Hippolyte. Panneau de peuplier parqueté, 69 x 161 cm. Mis en vente par Maître Paul Pastaud le 15 juin 2019 à Limoges. Estimation : 150 000 – 200 000 euros.

 

« Les propriétaires sont des descendants de Gustave Eiffel, détaille le commissaire-priseur. Ils ne connaissaient ni l’auteur ni la valeur de leur panneau qui était dans leur famille depuis plusieurs générations et avait probablement été acheté par leur aïlleul lors de la vente de la célèbre collection Campana en 1857. » En effet, les six panneaux appartenaient au marquis Campana avant que sa collection ne soit saisie suite à des malversations et vendue. Quatre d’entre eux, aujourd’hui conservés au Petit Palais d’Avignon, avaient alors été achetés par Napoléon III, tandis que la trace des deux autres avait été perdue. « Ces panneaux n’étaient pas destinés à orner des coffres de mariage comme l’ont longtemps cru les spécialistes, mais devaient être insérés dans des boiseries (spalliere), destinés alors à décorer la chambre des époux. L’historienne d’art Marilena Caciorgina propose d’ailleurs de lier cette série aux noces de Ludovic de Médicis et de Maria Salviati, célébrées en 1516. »

 

Maître des Cassoni Campana, (Actif à Florence au début du XVIème siècle), Thésée et le Minotaure. Panneau de peuplier parqueté, 69 x 155 cm. Collection du Musée du Petit Palais, Avignon. © Musée du Petit Palais, Avignon

 

L’histoire tragique du héros grec Hippolyte

L’ensemble, exécuté sur panneaux de peuplier, relate les histoires tragiques de Pasiphaé, Minos, Thésée, Ariane et Hippolyte. « Sur notre panneau, en partie gauche, Hippolyte est poursuivi par sa belle-mère Phèdre qui tente de le séduire, tandis que la nourrice de cette dernière assiste à la scène, décrit Maître Paul Pastaud. A leur gauche, Phèdre se trouve à genoux devant son époux qui n’est autre que Thésée, le Roi de Trézène et père d’Hippolyte. Elle accuse son beau-fils d’avoir tenté de la violer, conduisant le roi à exiler l’innocent. Ainsi, au centre à l’arrière-plan, Hippolyte quitte la ville sur son cheval. »

 

 

Pour illustrer ce mythe, l’artiste puise dans différentes sources textuelles et légendes. « Il se serait inspiré des écrits d’Apollodore d’Athènes ou d’Ovide, mais en les réinterprétant pour mettre à l’honneur le triomphe du christianisme face au paganisme» En effet, à la représentation de la mort d’Hippolyte telle que décrite par Apollodore d’Athènes, le peintre préfère le martyre de Saint Hippolyte, un soldat romain du IIIe siècle, supplicié à Rome pour s’être converti au christianisme. « Au premier plan à droite, Saint Hippolyte apparaît en martyr, sous les yeux de l’empereur Valérien, qui le fait écarteler à l’aide de chevaux montés. »  

 

 

Un panneau monumental acheté 248 000 euros pour le Petit Palais d’Avignon

Sur le marché, les œuvres du Maître des Cassoni Campana, dont l’identité demeure encore un mystère, sont extrêmement rares. Seules cinq peintures ont été présentées aux enchères depuis 2000. « Jamais un panneau aussi important et monumental (69 x 161 cm) n’avait été mis en vente, cette série étant la plus connue dans sa production. » Estimé entre 150 000 et 200 000 euros, il a finalement été acquis pour 248 000 euros par le Musée du Louvre au profit des collections du Petit Palais d’Avignon qui complète ainsi sa série de quatre panneaux.

 

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