
Un paysage enneigé de Jongkind aux enchères près d’Orléans
Le 26 septembre à Saint-Jean-de-la-Ruelle, près d’Orléans, Matthieu Semont présentera aux enchères une vue de Paris peinte à l’hiver 1979 par Jongkind. Estimée à plus de 30 000 euros, la toile témoigne du style avec lequel le peintre hollandais devait ouvrir dès les années 1840 la voie à l’impressionnisme.
« Cet amour profond du Paris moderne, je l’ai trouvé chez Jongkind, je n’ose dire avec quelle joie ». En 1872, Emile Zola découvre dans l’atelier parisien de Johan Barthold Jongkind (1819-1891) des vues de la capitale que le maître, plus connu pour ses marines, livre dès son arrivée en France dans les années 1840. Le pont Marie, le quai des Célestins, la cathédrale Notre-Dame sont autant de sites devant lesquels le peintre néerlandais plante son chevalet pour saisir, au fil des saisons, l’ambiance du Paris haussmannien. A l’hiver 1979, l’artiste dépeint ainsi le boulevard de l’Hôpital, un jour de neige, usant d’un cadrage audacieux en étirant la perspective jusqu’à la coupole de la Salpêtrière. Sous un ciel couvert de nuages cotonneux, quelques badauds évoluent le long des trottoirs tandis qu’au loin une calèche s’engage prudemment sur la route enneigée. Le paysage hivernal offre à Jongkind l’occasion d’expérimenter, au gré d’une touche fragmentée, les variations de lumière, jouant sur des nuances de blancs crémeux et de gris.
Aux origines de l’impressionnisme
Pièce phare de la vente « Le beau du monde » organisée le 26 septembre prochain à Saint-Jean-de-la-Ruelle, près d’Orléans, Neige sur le boulevard de l’Hôpital témoigne du style impressionniste qu’emprunte Jongkind, en précurseur, dès les années 1840, à rebours du réalisme et du romantisme qui s’épanouissent alors – « C’est à lui que je dois l’éducation définitive de mon œil », dira Claude Monet. Après des études à La Haye auprès d’Andreas Schelfhout, le peintre rejoint Eugène Isabey en France en 1846. Au contact du maître des marines, il s’initie à la peinture de plein air et installe son chevalet sur les côtes normandes. Jongkind y côtoie Eugène Boudin ou Claude Monet et se détache peu à peu de la tradition hollandaise pour adopter une touche fragmentée au gré des variations de lumière.

Johan Barthold JONGKIND (1819-1891), Neige sur le boulevard de l’Hôpital, Paris, 1879. Huile sur toile. Signé et daté en bas à gauche. 41 x 65 cm. Estimation : 30 000 – 40 000 euros.
Un paysage hivernal estimé à plus de 30 000 euros
Si son œuvre devait ouvrir la voie à l’impressionnisme, le public ne la découvre véritablement qu’en 1899 à la faveur d’une exposition organisée, après son décès, par Paul Durand-Ruel. Aujourd’hui, ses huiles et aquarelles alimentent les collections de musées prestigieux, à l’instar du musée d’Orsay qui conserve deux tableaux peints à Paris en 1864 et 1872. Sur le marché, ces vues parisiennes comptent parmi les tableaux les plus plébiscités des collectionneurs. En témoigne l’adjudication portée à près de 570 000 euros en 2006 à New York pour une vue de la Rue Notre-Dame, peinte en 1866. Le 26 septembre prochain, notre toile sera quant à elle proposée aux enchérisseurs avec une estimation comprise entre 30 000 et 40 000 euros. Une évaluation raisonnable pour ce tableau, parfaitement documenté, qui passa entre les mains de Bernheim-Jeune et du collectionneur Alfred Bergaud, et qui rejoignit, en 1921, 1969 et 1976, les cimaises des galeries Georges Petit et Schmit, avant d’être présentée en 1982 lors de l’exposition itinérante de Dordrecht à Tokyo.