
Un Saint Sébastien de Mattia Preti acquis par la Fondation Bemberg à plus de 550 000 €
Samedi 27 avril à Carcassonne, Maître Charlotte Pascal présentait aux enchères un tableau de Mattia Preti représentant Saint Sébastien et daté autour de 1650. De qualité muséale, l’œuvre mise à prix à 80 000 euros s’est envolée à plus de 550 000 euros (frais compris), acquise par la Fondation Bemberg.
La toile de Mattia Preti acquise par la Fondation Bemberg installée à Toulouse
Suiveur du Caravage, Mattia Preti (1613-1699) a enflammé les enchères samedi dernier à Carcassonne. Sous le marteau de Maître Charlotte Pascal, un tableau de dévotion privée représentant Saint Sébastien a pulvérisé son estimation, fixée entre 80 000 et 120 000 euros, pour s’envoler à 559 360 euros (frais compris), à l’issue d’une bataille acharnée entre sept enchérisseurs, originaires des Etats-Unis, de Belgique, d’Angleterre, d’Italie et de France. « C’est l’un des plus beaux résultats enregistrés pour ce peintre italien dont les œuvres se vendent généralement autour de 80 000 euros, avec un record à plus d’un million d’euros obtenu en 2008 à New York pour une toile monumentale figurant David jouant de la harpe devant Saül », détaille la commissaire-priseur. De qualité muséale, ce Saint Sébastien provenait d’une collection particulière de la région du Languedoc. Il a finalement été acheté, en salle, par la Fondation Bemberg qui l’exposera à Toulouse à partir du 26 juin.

Mattia Preti (1613-1699), Saint Sébastien, huile sur toile, 127 x 101 cm. Adjugé 559 360 euros (frais compris, soit 460 000 euros prix marteau) par Maître Charlotte Pascal le 27 avril 2019 à Carcassonne.
Mattia Preti, un émule du Caravage
Datée autour de 1650-1652, la toile réunissait tous les ingrédients qui ont fait le succès de Mattia Preti au cours du XVIIe siècle. Dans les années 1630, l’artiste, né en Calabre, se forme à Rome au contact des toiles des grands maîtres de la peinture baroque, élaborant un style hérité du caravagisme. « Au milieu des années 1640, son style évolue grâce à ses voyages à Venise où il étudie les compositions de Titien et Véronèse, et à Bologne où il voit celles des Carrache et du Guerchin. Il combine alors la lumière expressive du réalisme sombre avec les effets d’espace atmosphérique à la vénitienne, n’hésitant pas à créer des œuvres d’une théâtralité impressionnante, souvent due à un cadrage en contre-plongée. »
A son retour à Rome en 1646, Preti découvre Dominiquin et Lanfranco alors qu’il décore à fresque le chœur de San Andrea della Valle, à la demande du pape Innocent X Pamphili. « Notre toile est datée de cette période romaine et doit être mise en rapport avec les pendentifs de la coupole de l’église San Biagio à Modène, où les quatre évangélistes nus sont comparables à notre figure. Preti abandonne l’image d’un Saint Sébastien raide, immobile, subissant son sort, tels que ceux élaborés à la Renaissance par Mantegna ou Pérugin. » Au gré d’un jeu de clair-obscur, il dessine un Saint Sébastien réaliste, au corps puissant et musclé, qui tente de se débattre, alors que les flèchent criblent son dos. « Vénéré en tant que protecteur contre la peste, Saint Sébastien est le sujet de nombre de toiles de l’artiste. Il le représente à plusieurs reprises au cours de sa carrière, lors de son passage à Naples de 1653 à 1661, puis lors de son installation à Malte après 1661. L’artiste a continuellement renouvelé son iconographie, le mettant en scène tantôt debout et en pied, tantôt assis ou à mi-corps, le plus spectaculaire restant le retable de l’église San Sebastiano de Naples dans lequel Preti montre le martyr assis, le corps écartelé. »
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