
Une aiguière rescapée des grandes fontes de Louis XIV aux enchères à Paris
Une aiguière en argent ayant échappé aux grandes fontes ordonnées par Louis XIV sera dévoilée aux enchères le 13 octobre à Paris, lors d’une vente dédiée à l’orfèvrerie. Estimée entre 50 000 et 60 000 euros, elle fut la propriété d’un lieutenant-général des armées, estimé par le Roi-Soleil pour son dévouement et sa droiture.
« C’est un enchantement… ce n’est point une illusion comme je le pensais. Tout est grand, tout est magnifique… » De retour d’une réception à Versailles, la marquise de Sévigné ne tarit pas d’éloges à l’égard du fastueux mobilier d’argent qui pare le Grand Appartement du Roi et la galerie des Glaces, mentionnant les milliers de bougies qui, alors qu’elles se reflètent sur les gigantesques vases, plats ou bancelles, rendent « la nuit plus belle que le jour et l’hiver plus agréable que le printemps. » Dès 1664, Louis XIV sollicite les plus éminents orfèvres pour façonner des pièces en argent somptueuses, d’après les dessins du premier peintre du roi Charles Le Brun. Le mobilier, installé à Versailles en 1682, éblouit les princes et ambassadeurs européens qui, de passage, s’empressent de se doter à leur tour de riches collections d’orfèvrerie.
Un rare rescapé des grandes fontes de Louis XIV
De ces heures glorieuses qui virent fleurir plus de 200 pièces d’argent ne demeurent aujourd’hui que de brèves descriptions portées à l’inventaire et les mémoires des témoins de l’époque. Un matin de décembre 1689, le Roi-Soleil décide de sacrifier sa Grande argenterie pour financer la guerre contre la ligue d’Augsbourg, et ordonne à l’aristocratie d’envoyer ses pièces à la fonte. Pour le bonheur des historiens, de fidèles serviteurs devaient néanmoins se départir de l’ordre royal, ainsi qu’en témoigne la vente d’une aiguière, estimée entre 50 000 et 60 000 euros, ayant échappé miraculeusement à cette destruction massive de l’orfèvrerie française du XVIIe siècle.
L’aiguière du lieutenant-général des armées du Roi-Soleil
Reposant sur un piédouche à doucine, notre aiguière a appartenu au lieutenant-général des armées de Louis XIV, Albert Grillet de Brissac (1627-1713), ainsi que les révèlent les armes familiales gravées sur le couvercle. S’il fut apprécié du monarque pour son dévouement et sa droiture, ce dernier n’honora pas son appel aux « grandes fontes » et conserva secrètement cette pièce en argent finement ciselé, façonnée en 1686-1687 par le maître orfèvre Charles Petit. Une entorse à l’ordre royal dont se réjouiront les enchérisseurs le 13 octobre prochain à l’occasion de la vente de la maison parisienne Ader qui compte d’autres trésors d’orfèvrerie, à l’instar d’un pot à eau du Rémois Gérard Le Tourneur, daté de 1662 (60 000 – 80 00 euros) et d’une seconde aiguière datée de 1728-1729 et arborant le poinçon d’Etienne-Hème Maisonrouge (50 000 – 60 000 euros).
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Aiguière en argent fondu ciselé. Paris, 1686 – 1687. Maître orfèvre : Charles Petit, reçu en 1658. Poids : 1079 g – hauteur : 20,5 cm – diamètre du pied : 9,5 cm et du col : 11 cm. Estimée entre 50 000 et 60 000 euros.