
Une bibliothèque Art nouveau inédite d’Hector Michaut aux enchères à Rennes
Une bibliothèque exceptionnelle réalisée en 1911 par Hector Michaut sera dévoilée pour la première fois aux enchères par Carole Jézéquel le 17 février à Rennes. Provenant de la collection de Saint-Just Péquart, un archéologue et mécène de l’Ecole Nancy, elle permet de mettre en lumière un ébéniste injustement oublié de l’Art nouveau.
« Hector Michaut réalise là un véritable tour de force. C’est une pièce de maîtrise, tant dans les dimensions, que dans la sculpture des détails et des arrondis », s’enthousiasme l’experte Amélie Marcilhac, du cabinet éponyme, à l’approche de la vente d’une bibliothèque aux Ombelles d’Hector Michaut (1874-1923), un maître méconnu de l’Art nouveau. « Ce meuble est très représentatif de sa production, avec une marqueterie délicate et richement détaillée ou encore des serrures et poignées de tirage parfaitement réalisées, poursuit l’experte. Il a été créé en 1911 pour l’un de ses plus importants commanditaires, Saint-Just Péquart ». Il n’a depuis jamais quitté la famille de cet archéologue, mécène et collectionneur de l’Ecole de Nancy. « Dans sa biographie consacrée à Saint-Just Péquart, Etienne Martin précise que cette bibliothèque constituait vraisemblablement un élément du cabinet de travail de Marthe Péquart, son épouse. »
Hector Michaut, un ébéniste oublié de l’Art nouveau
Hector Michaut arrive à Nancy au début des années 1900 pour y réaliser son service militaire. Il y découvre bientôt les créations de l’Ecole de Nancy. Fort d’une formation en menuiserie, il se fait embaucher comme ébéniste dans les ateliers de Louis Majorelle. Très rapidement, il s’établit comme ébéniste indépendant quai de la Bataille à Nancy, où affluent de nombreux collectionneurs, à comme Saint-Just Péquart, séduits par ses meubles aux influences multiples, de Jacques Gruber à Majorelle et Eugène Vallin.
« Michaut a eu une production beaucoup plus confidentielle que celle de Majorelle ou Gallé. Il ne s’agissait pas pour lui de faire de la série illimitée mais d’accompagner chaque client dans le désir d’un nouvel intérieur, répondant à la tendance des lignes « coup de fouet » aux inspirations naturalistes », précise Amélie Marcilhac, avant d’annoncer une estimation comprise entre 2 000 et 4 000 euros pour cette bibliothèque d’une qualité et d’une provenance exceptionnelles.
« Nous attendons pour ce type de meubles des acheteurs principalement français, originaires certainement de Nancy, mais quelques galeristes londoniens, particulièrement amateurs de Michaut, pourraient se joindre aux festivités. Cela me réjouirait de voir enfin la cote d’Hector Michaut grimper, afin que cet artiste, malheureusement tombé dans l’oubli, rejoigne le panthéon des grands ébénistes de l’Art nouveau. Mais c’est en bonne voie, notamment depuis l’exposition Hector Michaut, ébéniste oublié de l’Art nouveau, qui a donné lieu en 2023 à la publication d’un catalogue signé de Frédéric Descouturelle et Anne Billant. »