Une bretonne peinte par la Canadienne Margaret Campbell Mac Pherson aux enchères à Rennes
Margaret Campbell Mac Pherson est l’auteur de la très belle Bretonne devant la baie présentée aux enchères le 5 février à Rennes. Un tableau clair et lumineux qui a séduit son expert.
Artiste peu documentée, dont seulement une poignée d’œuvres sont passées aux enchères, Canadienne ayant beaucoup représenté la Bretagne… Margaret Campbell Mac Pherson (1860-1931) suscite la curiosité. Un très beau tableau de Bretonne devant la Baie de sa main est présenté dans la vente du 5 février prochain chez Rennes Enchères Bretagne, avec une estimation de 8 000 à 10 000 euros. L’expert Michel Maket est conquis : « La composition semble un peu japonisante, avec un personnage au premier plan en contre-plongée devant un paysage en arrière plan, le clair-obscur laisse la bretonne un peu à contre-jour, et les couleurs très lumineuses rendent une atmosphère paisible… C’est assez proche de l’impressionnisme et cadré un peu comme une photographie ! »
Margaret Campbell Mac Pherson, une Canadienne à l’académie Colarossi à Paris
Margaret Campbell Mac Pherson est née en 1860 à Saint-John Terre Neuve, au Nord du Canada, et a étudié la peinture à Edimbourg. Entre 1880 et 1884, elle est en Suisse aux côtés de l’artiste Auguste Henri Berthoud. C’est en 1889 qu’elle s’installe à Paris. « Elle va fréquenter l’académie Colarossi, qui était plutôt libre et moderne du point de vue de l’enseignement, détaille l’expert, d’ailleurs les femmes y avaient le droit d’étudier les modèles nus, ce qui était assez rare à cette époque ». L’académie Colarossi a compté beaucoup d’étudiants étrangers, dont l’impressionniste canadienne Emily Carr, le Tchèque Alfons Mucha et l’Italien Amedeo Modigilani.
Un tour de Bretagne très formateur
« A la fin du XIXe siècle, beaucoup d’artistes en particulier Nord Américains intéressés par la peinture de paysage et l’impressionnisme accomplissent un tour de Bretagne, et passent notamment par Concarneau », explique Michel Maket. Dans le cas de Margaret Campbell Mac Pherson, le séjour maints fois répété lui a permis de se spécialiser dans les portraits de jeunes filles en costume traditionnels bretons, tels que celui de la vente. Elle rejoint chaque été les artistes de l’école de Pont-Aven ou de Concarneau, partageant son temps entre la France et l’Ecosse, où elle exerce ses talents de portraitiste pour la haute société. A Edimbourg, elle travaille avec Josephine Hoxie Bartlett, artiste américaine avec qui elle partage également une exposition commune en 1895. Elles s’installent ensemble à Paris en 1899.
Le tableau de la vente peut être daté des années 1900 environ, estime l’expert. Il représente une vision un peu idéale de la Bretagne, avec un ciel bleu, un petit bateau de plaisance… Déjà présenté en vente par la même étude en 2005, et adjugé 9 400 euros, il est estimé dans la même fourchette de prix : « La cote est stable, mais elle ne se développe pas vraiment car trop peu d’œuvres passent en vente et cette artiste reste méconnue. C’est un peu mystérieux car elle a certainement produit pas mal de tableaux, peut être que ses toiles sont conservées dans des familles françaises ou écossaises », s’interroge Michel Maket.