Une Chasse aux lions chez les Indiens de Jean-Léon Gérôme s’envole à plus de 30 000 euros sur internet
Une Chasse aux lions chez les Indiens peinte en 1845 par Jean-Léon Gérôme a été adjugée à plus de 30 000 euros sur le Live d’Interencheres, lors d’une vente aux enchères organisée par Agnès Carlier, Dominique Imbert et Edouard Morel le 9 décembre à Saint-Etienne. Cette œuvre orientaliste fut offerte par l’artiste au peintre-verrier Jean-Baptiste Barrelon.
En guise de signature, en bas à droite : « A mon ami Barrelon, Gérôme, 1845 ». Cette huile sur papier, marouflée sur toile, fut offerte par Jean-Léon Gérôme (1824-1904) à son ami, le peintre-verrier Jean-Baptiste Barrelon et demeurait jusqu’alors dans la collection de ses descendants. Les deux artistes se sont rencontrés un peu plus tôt au sein de l’atelier du peintre Charles Gleyre à Paris. « A la suite d’un séjour en Italie, Gérôme intègre l’atelier de Gleyre en tant qu’élève, mais ne s’entend guère avec lui et n’y reste que trois mois », détaille l’experte Pauline Chanoit. Le peintre, désormais assistant au sein de l’atelier de Paul Delaroche, n’a que vingt-et-un ans mais livre déjà une œuvre savamment composée, préfigurant ses fresques historiques, dont la théâtralisation devait inspirer un siècle plus tard les réalisateurs des péplums hollywoodiens.
Une œuvre orientaliste adjugée à plus de 30 000 euros
Avec cette œuvre de jeunesse, Gérôme reprend un thème cher aux artistes romantiques. En 1834-1839, le sculpteur Antoine-Louis Barye mettait en scène une même chasse impétueuse, opposant des lions et des cavaliers bédouins, autour d’un buffle blessé (Un lion et une lionne qui disputent un buffle blessé à des cavaliers bédouins, musée du Louvre). En 1836, Horace Vernet usait de la même verve en peinture, avec sa Chasse aux lions dans le désert, avant que Charles Gleyre ne s’y attèle à son tour, en 1838-1839, représentant un combat de Cavaliers turc et arabe. Gérôme s’inspire de ces tableaux orientalistes, adoptant une même composition pyramidale, rythmée d’une succession de diagonales propres à traduire la bestialité du corps-à-corps entre hommes et animaux. Si ses rêves d’évasion le conduiront davantage vers l’Orient – la Turquie en 1854, l’Egypte en 1857 – l’artiste dépeint une Amérique fantasmée, où des Indiens chassent des félins à coup de flèches et lances. « Cette œuvre préfigure Le Passage des Alpes que Gérôme réalise en 1847 en collaboration avec son maître Delaroche, remarque Pauline Chanoit. La singularité dans le choix du sujet et la virtuosité du métier pictural annoncent déjà le grand Gérôme orientaliste des années futures. »
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