
Une collection de 83 œuvres de Mathurin Méheut aux enchères à Brest
La collection d’un passionné de Mathurin Méheut sera vendue aux enchères par la maison Thierry-Lannon et Associés le 7 octobre à Brest. Plus de quatre-vingt œuvres de l’artiste breton seront dispersées lors de cette vacation organisée en hommage au commissaire-priseur Gilles Grannec pour qui Mathurin Méheut n’avait aucun secret…
« Cette vente propose l’essentiel de Mathurin Méheut », annoncent au catalogue Sandy Surmely et Philippe Lannon. Les commissaires-priseurs de la maison Thierry Lannon & Associés s’apprêtent à disperser une collection exceptionnelle de 83 œuvres qui, de 1913 à la fin de sa vie, illustrent la richesse et de la diversité de la production de cet artiste inclassable…
L’âme bretonne, pieuse et travailleuse
Le Pardon de Penhors, Le rade de Brest, Penmarc’h, le menhir… Au catalogue, une riche sélection de crayons, aquarelles et gouaches sur papier nous invite à pénétrer au cœur de l’âme bretonne, pieuse et travailleuse, illustrant la vie quotidienne, les activités rurales et maritimes, les célébrations religieuses ou encore les costumes des brodeuses bigoudènes. Né à Lamballe, Mathurin Méheut (1882-1958) demeure toute sa vie attaché à sa Bretagne natale, dont il reste l’un de ses plus illustres ambassadeurs. S’il s’installe dès 1902 à Paris, où il accède à la célébrité grâce à deux expositions au musée des Arts décoratifs en 1913 et 1921, l’artiste rejoint régulièrement sa terre de cœur. « J’arpente mes 15 à 20 km par jour sac au dos […]. Je découvre chaque jour des merveilles. […] Quel pays ahurissant, mais aussi quelles perspectives de travail et de renouveau ! ». Il effectue notamment un séjour à Roscoff, de 1910 à 1912, où il travaille auprès de chercheurs du laboratoire de biologie marine à une Etude de la Mer. Faune et Flore de la Manche et de l’Océan, illustrée de planches naturalistes célébrant le règne animal et végétal – « Appelez-moi Méheut, d’ailleurs je ne suis pas un maître, je fais du document »…. « Entre 1942 et 1946, il travaillera également pour la décoration de l’Institut de Géologie de Rennes, un décor monumental visant à instruire avant de plaire ou d’ajouter au confort de l’étude : il doit être descriptif pour inciter l’observation et initiatique pour tendre à la connaissance », ajoutent les commissaires-priseurs. Autant de travaux que la vente illustre à travers ses représentations de Trigles ou Bignones.
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Les voyages, du Japon à la Provence
Si la Bretagne reste reine, la vente éclaire des pans moins connus de la carrière de Mathurin Méheut : ses voyages en Crète (en 1932) et au Japon (d’avril à août 1914). S’il est contraint d’écourter son séjour au Pays du Soleil Levant, suite à la mobilisation générale de la Première Guerre mondiale, Méheut y livre une production résolument japonisante. « Le paradis des artistes, décidément, ce Japon. Nara !… les dernières fleurs de cerisiers tombent. Tout dans cette cité a été réuni, concentré pour la joie du peintre, de l’architecte ou du littérateur », écrit-il. Les paysages et les habitants, rencontrés au gré de son parcours à travers les provinces d’Osaka, Nara ou Kyôto, lui inspirent des croquis et aquarelles marqués par l’influence des estampes japonaises, dont il retient le tracé en arabesque et les compositions en diagonales, volontiers décentrées ou découpées par le cadre. « Les œuvres du Japon sont les plus rares du corpus de Méheut », soulignent les commissaires-priseurs qui présenteront de ce corpus deux dessins et un monotype.
Paris et la Provence, s’invitent également au catalogue. Avec Marguerite, son épouse, Mathurin Méheut fait construire en 1932 à Cassis une résidence estivale. La Provence devient dès lors sa seconde terre d’élection – « Quel décor, la Bretagne c’est autre chose, mais ce pays a quelque chose de grec et de classique indiscutable… Mon Dieu comme tout est beau, Bretagne et Provence, l’on ne sait plus où est la vérité… », écrit-il de Cassis en 1947. La ville de Cassis, située à mi-chemin entre Marseille et Toulon, offre à Méheut le loisir d’observer les artisans pêcheurs ou de se perdre dans l’arrière-pays pour se nourrir des traditions qui, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, perdurent ainsi qu’en Bretagne. Le pèlerinage à Sainte Sarah, l’élevage des taureaux et les corridas sont autant de sources d’inspiration inépuisables pour l’artiste.
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Une vacation en hommage à Gilles Grannec
Cette vacation exceptionnelle, les équipes de Thierry Lannon & Associés la dédient à celui qui l’a initiée : Gilles Grannec, leur cher confrère parti bien trop tôt en août dernier. Un hommage des plus émouvants lorsque l’on connaît la passion que le commissaire-priseur, amoureux de la Bretagne, vouait à l’art de Mathurin Méheut, dont il reste l’un des plus grands spécialistes…
« Mathurin Méheut qui a su, avec tant de talent, observer, restituer et illustrer de si belle manière tout ce qui l’entourait, de Roscoff à Hawaï, du Japon aux grands paquebots mythiques, et qui nous réunit aujourd’hui est orphelin du passionné hors normes que tu étais. Ce beau métier, à la fois si étrange et extraordinaire que tu adorais, nous l’exercions ensemble, nourris si souvent au travers des objets, des tableaux, des livres, des automobiles anciennes… tous sans exception chargés d’histoire et ouvrant la voie à nos innombrables échanges que nous n’avions de cesse de poursuivre… Il en a été décidé autrement, l’acte effroyable perpétré ce mardi matin 29 août, nous laisse tous très choqués, sidérés, envahis par une immense tristesse et un profond sentiment de solitude et d’injustice. Ton absence, le silence qui s’en est suivi instantanément, tout nous rappelle ton passage en « tornade » dans les couloirs de l’Etude… Nous pensons à toi, à ton épouse Gwen, à Mathis, à Héloïse, à toute la famille et ne t’oublions pas. Nous te dédions cette vente que tu avais initiée, à la demande d’une famille de Collectionneurs, amie de l’Etude, dont tu étais proche, et qui nous a autorisé à la citer, nous l’en remercions. Lorsque nous tiendrons le marteau, tu seras avec nous, nous en sommes sûrs. Tous les collectionneurs, tous les amateurs fidèles et amis de l’Etude nous ont démontré par leur incroyable soutien, que nous devions avec toute l’équipe, en ton honneur, en ta mémoire, faire face à cette tragédie et poursuivre cette belle aventure, que nous avons menée ensemble, des plus anciens aux plus jeunes. Kenavo Gilles. »
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