Une collection de numismatique en vente à Paris : les monnaies romaines ont la cote
Vendredi 17 novembre 2017 plus de 470 pièces de monnaie étaient mises aux enchères par Maîtres Bernard Oger et Adrien Blanchet à Paris. Provenant de la prestigieuse collection de Bernard Poindessault (1935-2014), un expert numismate, ces monnaies grecques, romaines, byzantines et étrangères, adjugées de 60 à 175 000 euros, offrent l’occasion de revenir sur la cote d’un marché discret mais très actif.
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« Ce sont les monnaies romaines antiques qui sont les plus recherchées, explique Maître Adrien Blanchet et plus particulièrement celles frappées à l’occasion d’un événement particulier. Dans l’Antiquité, lorsqu’une armée partait en campagne, elle faisait frapper une monnaie. Celle-ci lui permettait de payer les habitants autour de son campement pour acheter ce dont elle avait besoin. Ces monnaies qui ont un caractère conjoncturel sont rares car elles étaient produites à un moment donné, en nombre limité. Elles étaient frappées pendant un ou deux jours seulement. Ainsi, dans la vente, un aureus [monnaie romaine en or] portant le nom de Jules César a été adjugé 175 000 euros. Il a été frappé après les victoires que l’empereur romain remporta contre Pompée à Pharsale et contre le Roi du Bosphore Pharnaces II à Zela en 47 avant J.-C. » Cette pièce très rare était d’autant plus remarquable qu’elle témoigne d’un événement majeur. En effet, elle fut frappée au moment où l’illustre homme politique prononça les célèbres mots : « Veni, vidi,vici » (Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu). « A côté de cet exemplaire exceptionnel, un aureus à l’effigie de Jules César et frappé à Rome en 46 avant J.-C. a été adjugé 9 000 euros. Ce type de monnaie est beaucoup plus classique. De nombreuses pièces représentant l’empereur ont été réalisées, au même titre que celles figurant des personnalités comme Louis XIV par exemple. »
L’état de la pièce est un critère majeur
« Avec la rareté, l’état conditionne considérablement la valeur de la monnaie, poursuit le commissaire-priseur. C’est un peu comme les timbres, s’il y a une rayure sur un côté de la pièce, elle vaudra trois fois moins cher. » Aussi, en plus d’être rarissime, l’aureus célébrant les victoires de Jules César est certainement le plus bel exemplaire connu à ce jour, affichant un état exceptionnel, au contraire de nombreuses monnaies antiques qui souffrent bien souvent de manques et d’accidents. « Sur le marché, on trouve régulièrement des monnaies antiques avec un trou rebouché. Il faut savoir qu’à l’époque les romains pouvaient les porter en guise de pendentif. Mais certaines ont été restaurées et rebouchées au XIXe siècle, ce qui constitue un vrai handicap. Dans cette vente, quelques-unes l’étaient, mais la plupart étaient de très bonne qualité. Ce qui est important c’est la finesse de la frappe. Une pièce peut se vendre dix fois moins cher si elle est un peu grêlée et usée. »
Une provenance prestigieuse renforce la valeur
Sur un marché où la provenance compte parfois plus encore que la qualité même de l’objet, la numismatique ne fait pas exception. Ainsi, l’aureus célébrant les victoires de César a fait partie de la collection du prestigieux Metropolitan Museum of Art de New York. « Les musées américains ont le droit de vendre des éléments de leur collection. C’est pourquoi cette pièce s’est finalement retrouvée aux enchères en 1972. » Le 17 novembre 2017, elle était proposée à la vente, avec trois autres pièces, toutes issues de la collection de Josiane Poindessault, ex-épouse de Bernard Poidessault, un expert numismate de renom. Les autres monnaies en vente provenaient de la collection de cet homme, connu internationalement pour avoir présidé au Syndicat National des Experts Numismates et Numismates Professionnels.
Un marché actif sur les monnaies antiques et localisé sur les monnaies modernes
Les monnaies antiques intéressent les collectionneurs du monde entier. « C’est pourquoi, dans cette vente, la moindre monnaie romaine en argent était estimée entre 500 et 700 euros minimum, remarque Maître Adrien Blanchet. Sur ce marché, les collectionneurs allemands et suisses sont les plus présents. » Au contraire, les monnaies modernes intéressent davantage les acheteurs en fonction du pays concerné. « Celles que nous mettions aux enchères étaient donc estimées autour de 200-300 euros. Mais le milieu numismate, bien que petit, est très actif. Des bourses de numismatique sont régulièrement organisées un peu partout dans le monde. C’est un monde très discret mais tout à fait internationalisé. »
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