Le 24 mai 2022 | Mis à jour le 24 mai 2022

Une esquisse historique de Jean-Baptiste Van Loo aux enchères en Mayenne

par Diane Zorzi

Une esquisse exécutée par Jean-Baptiste Van Loo à partir d’un tableau détruit lors de la Révolution sera vendue aux enchères le 1er juin à Mayenne. Réalisée en 1729, elle célèbre la naissance du Dauphin Louis, premier fils de Louis XV et Marie Leszczyńska.

 

Si le Dauphin Louis (1729-1765) n’a jamais goûté au trône, décédé neuf ans avant son père Louis XV, sa naissance en 1729 à Versailles est célébrée en grande pompe. Après avoir mis au monde trois filles (Louise-Elisabeth, Anne-Henriette et Marie-Louise), Louis XV et Marie Leszczyńska accueillaient leur premier garçon, assurant ainsi, selon la règle monarchique, la succession à la tête du Royaume de France. Pour immortaliser l’heureux événement, maints artistes sont sollicités, à l’instar de Jean-Baptiste Van Loo (1684-1745), l’un des peintres favoris de la famille royale, qui se voit confier par le Bureau de la Ville de Paris la réalisation d’un tableau figurant Louis XV recevant le corps des échevins de Paris, destiné à rejoindre l’Hôtel de Ville, siège du prévôt des marchands. De ce portrait collectif, détruit durant la Révolution, demeureraient deux esquisses – la première est conservée au musée Carnavalet à Paris, la seconde, plus aboutie, est l’une des pièces maîtresses de la vente aux enchères organisée par Pascal Blouet le 1er juin à Mayenne.

 

Jean-Baptiste Van Loo (1684-1745), « Louis XV recevant le corps des échevins de Paris, à l’occasion de la naissance du Dauphin en 1729 ». Peinture sur toile, 46,5 x 73,5 cm. Estimée entre 30 000 et 40 000 euros. Expertisée par le cabinet Turquin.

 

Louis XV recevant le corps des échevins de Paris à l’occasion de la naissance du Dauphin

Jean-Baptiste Van Loo livre ici un brillant témoignage de la peinture rocaille du XVIIIe siècle. La composition, théâtralisée par un lourd rideau, donne à voir Louis XV qui, accompagné d’un groupe de nobles, reçoit une lettre du prévôt des marchands de Paris, vêtu d’un habit de cérémonie rouge chatoyant. Avant qu’il ne soit remplacé par le maire, au lendemain de la Révolution, le prévôt des marchands est à Paris l’un des acteurs les plus influents de la vie commerciale et politique, responsable, dès le XIVe siècle, de l’approvisionnement de la capitale par voie fluviale. Les deux protagonistes prennent place au pied d’une grande toile allégorique figurant un ange qui dépose un enfant dans les bras de la Royauté. Autour, les festivités battent leur plein – un banquet anime l’arrière-plan tandis qu’un feu d’artifice jaillit à gauche. Une large place est accordée aux côtés du prévôt aux échevins de la ville auxquels l’artiste confère des gestes et expressions variés.

 

Jean-Baptiste Van Loo, portraitiste de la famille royale

En 1729, l’artiste, issu d’une dynastie de peintres d’origine néerlandaise, est à l’apogée de sa carrière. Arrivé en 1720 à Paris, où il est logé avec sa famille à l’hôtel de Soissons, propriété de son mécène le prince de Carignan, Jean-Baptiste Van Loo s’attire les faveurs du Régent, Philippe d’Orléans, qui lui commande un décor pour parer le plafond de la salle des machines du Palais Royal et qui l’introduit à la cour et auprès de Louis XV, pour qui il exécute deux portraits officiels en pied en 1724 et 1727. S’il est reçu en 1731 à l’Académie royale de peinture et de sculpture avec Diane et Endymion, sa popularité se tarira au fil des années, au profit de la célébrité grandissante de son frère cadet, Carle Van Loo, et d’artistes tels François Boucher et Quentin de La Tour qui auront les faveurs de la nouvelle favorite de Louis XV, la marquise de Pompadour.

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