Le 27 juin 2019 | Mis à jour le 16 juillet 2019

Une lettre de la guerre de 1870 adjugée à 23 400 €… après avoir passé plus de 90 ans dans la Seine

par Vincent Beghin

Tous les deux mois, la Chambre syndicale française des Négociants et Experts en Philatélie (C.N.E.P.), décrypte pour nous le résultat atteint par une pièce philatélique dans une vente aux enchères. Ce mois-ci, gros plan sur une lettre exceptionnelle : une correspondance de la guerre de 1870 ayant séjourné plus de 90 ans dans la Seine.

 

Du 19 septembre au 28 janvier 1871, Paris est encerclé par les troupes prussiennes et coupé du reste du pays. La population subit les bombardements et la rigueur d’un hiver exceptionnel (jusqu’à -12°C). La famine sévit : la population en est réduite à manger chiens, chats, rats et jusqu’aux éléphants et chameaux du Jardin des Plantes. Côté communications, on fait preuve d’inventivité. Dans le sens Paris-Province, on recourt à des ballons à gaz pour transporter le courrier. Dans le sens Province-Paris, on imagine d’enfermer des lettres dans des boules en zinc munies d’ailettes (appelées “boules de Moulins”), de les jeter dans la Seine et d’attendre que le courant les porte jusqu’à la capitale. Malheureusement, sur 55 boules larguées dans le fleuve, pas une seule ne parvient à destination : certaines s’envasent, d’autres passent au travers du filet tendu à Paris pour les récupérer… Celui-ci, comble de malchance, finit même par être emporté par des blocs de glace charriés par le courant.

 

Une Boule de Moulins exposée au musée de l’Armée (prêtée par le Musée Postal), lors de l’exposition « France-Allemagne(s), 1870-1871, La guerre, la Commune, les mémoires » (13 avril-30 juillet 2017).

 

Pour autant, l’histoire des “boules de Moulins” ne s’arrête pas là. Certaines lettres, en effet, sont retrouvées par la suite. C’est le cas de celle proposée aux enchères le 5 avril dernier par la maison Aguttes [photo en Une] et contenue dans une boule ayant été repêchée à Saint-Wandrille (Seine-Maritime) le 6 août 1968… soit très exactement 97 ans et 7 mois après avoir été immergée. Quasiment intacte, notre lettre est remise en octobre 1870 aux descendants du destinataire, l’administration postale ayant eu à coeur de mener de véritables recherches généalogiques pour les retrouver. Une histoire exceptionnelle qui justifie amplement le prix atteint à l’issue de l’adjudication : 23 400 euros frais inclus.

 

Verso de la lettre, avec les différents cachets et mentions manuscrites témoignant de son histoire tourmentée. Crédit photo © Aguttes

 

 


En partenariat avec la C.N.E.P.

La C.N.E.P. est, en France, l’unique syndicat de dimension nationale regroupant les négociants en philatélie, les experts reconnus et les fabricants et détaillants de matériel. Pour plus d’informations : www.cnep.fr

 

 

Crédit photo en Une © Aguttes

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