Le 9 novembre 2023 | Mis à jour le 14 novembre 2023

Une peinture de Maurice Denis ayant appartenu à Ambroise Vollard découverte dans un garage

par Diane Zorzi

Une peinture de Maurice Denis, estimée à plus de 20 000 euros, a été retrouvée dans un garage lors d’un inventaire de succession. Les historiens de l’art avaient perdu sa trace depuis 1989. Des recherches ont révélé que l’œuvre avait été acquise par Ambroise Vollard en 1906. Elle sera vendue aux enchères le 12 novembre à Lille, aux côtés d’une paire de Cariatides de Jean-Guillaume Moitte, découverte lors d’une journée d’estimations gratuites.

 

[Mise à jour, 14 novembre 2023] La peinture de Maurice Denis a été adjugée 56 250 euros (frais inclus), tandis que la paire de Cariatides de Jean-Guillaume Moitte a trouvé preneur pour 81 250 euros.

 

C’est au hasard d’un inventaire de succession dans une propriété à Nancy que Lara Schweitzer a découvert cette huile sur carton monumentale du maître nabi Maurice Denis (1870-1943), estimée à plus de 20 000 euros. « La propriété regorgeait d’œuvres très intéressantes. Des vases d’Emile Gallé dans la cave, un bronze de Barye… J’allais de découvertes en découvertes, jusqu’à ce que je retrouve, dans le garage, caché derrière une pile de tableaux, cet immense carton de 80 x 109 cm marouflé sur panneau, saisissant », raconte, non sans enthousiasme, la commissaire-priseur d’Actéon Lille. De cette œuvre, les historiens de l’art avaient perdu la trace au lendemain de sa vente aux enchères à Brest, en 1989. Les recherches menées par Lara Schweitzer, de concert avec les ayants-droits, ont établi qu’elle séduisit, au début du XXe siècle, un illustre collectionneur : le marchand d’art Ambroise Vollard qui, par son audace, révéla, entre autres génies de l’art moderne, Cézanne, Gauguin, Matisse et Picasso.

 

Une procession de 1902 ayant appartenu à Ambroise Vollard

La peinture représente une Procession du soir, au porteur de cierges. Elle fut réalisée à partir d’un dessin, encore entre les mains des ayants-droits, qui fut croqué en 1902 à Perros-Guirec où Maurice Denis séjournait l’été, avant d’y acquérir la villa Silencio en 1908. « La Bretagne joue un rôle capital dans l’œuvre de Maurice Denis, détaille Lara Schweitzer. Il y retranscrit sa fascination pour la lumière changeante et les traditions religieuses et populaires nourrissent son esthétique nabie ». Ces terres sauvages, où perdure un folklore authentique à rebours de la modernité, sont favorables au recueillement spirituel auquel aspirent, à l’aube du XXe siècle, les Nabis. Maurice Denis a découvert la région enfant, et il y revient chaque été, ou presque, pour y puiser l’inspiration, ses motifs et ses couleurs. La Bretagne est, pour le « Nabi aux belles icônes », un formidable laboratoire artistique. L’artiste, fidèle à la leçon picturale de Pont-Aven, y simplifie les formes et radicalise sa palette – en témoignent ici la hardiesse des couleurs du ciel et la simplicité du traitement des figures au premier plan. « La composition en frise, le cadrage à mi-corps, la luminosité des couleurs pures du ciel confèrent à cette procession une force expressive saisissante », ajoute la commissaire-priseur. Autant d’éléments qui retinrent l’attention d’Ambroise Vollard qui fit l’acquisition du tableau en 1906.

 

Maurice Denis (1870-1943). « Procession du soir, au porteur de cierges ». 1902. Huile sur carton marouflée sur panneau parqueté signée ‘MAV-D’ et datée 1902 en haut à droite. 80 x 109 cm. Estimation : 20 000 – 30 000 euros.

 

Des cariatides de Jean-Guillaume Moitte découvertes lors d’une journée d’estimations gratuites

Au catalogue de la vente lilloise, une seconde découverte, résultant cette fois d’une journée d’estimations gratuites, retiendra également l’attention : une paire de Cariatides donnée, à la faveur de recherches, au sculpteur néoclassique Jean-Guillaume Moitte (1746-1810). « Les propriétaires de cette paire d’esquisses en terre cuite ignoraient qu’il s’agissait d’une œuvre authentique de ce Premier Prix de sculpture en 1768, raconte Lara Schweitzer. Ils hésitaient d’ailleurs à en faire don. C’est avec le concours du cabinet d’experts Sculpture et collection qu’elle a été authentifiée. » Une découverte des plus heureuses lorsque l’on sait que cet élève de Jean-Baptiste Pigalle et de Jean-Baptiste II Lemoyne, reçut de nombreuses commandes prestigieuses, à l’instar d’une commande d’un des Grands Hommes de la France pour la Grande Galerie du Louvre, Jean Dominique Cassini. « On retrouve dans ces deux charmantes esquisses de cariatides en terre cuite sa technique fluide et précise, représentative du néoclassicisme à la Française », notent les experts. Cette paire de cariatides de qualité muséale est estimée entre 15 000 et 20 000 euros.

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Jean-Guillaume Moitte (1746-1810). « Cariatides ». Paire d’esquisses en terre cuite. Hauteur : 33 cm. Estimation : 15 000 – 20 000 euros.

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