
Une peinture inédite attribuée à Theodoor Rombouts découverte en Auvergne
Estimée à plus de 80 000 euros, une toile inédite attribuée à Theodoor Rombouts sera mise aux enchères par Maîtres Bernard Vassy et Philippe Jalenques le 4 juillet à Clermont-Ferrand. Caractéristique du Caravagisme septentrional, elle a été découverte dans une propriété en Auvergne.
Alors qu’à Toulouse, la Judith et Holopherne du Caravage vient d’être cédée de gré à gré deux jours avant sa mise aux enchères, un tableau de l’un de ses émules sera mis en vente par Maîtres Bernard Vassy et Philippe Jalenques le 4 juillet à Clermont-Ferrand. Découvert au sein d’une propriété en Auvergne, il est attribué à Theodoor Rombouts (1597-1637), un peintre baroque flamand connu pour son œuvre d’inspiration caravagesque. « La réapparition de cette peinture inédite constitue une découverte enthousiasmante dans le domaine du Caravagisme septentrional, détaille Julie Ducher, expert en peinture ancienne au cabinet Turquin. Sa composition témoigne du regard ironique de la peinture caravagesque sur la tradition italienne. »

Attribué à Theodoor Rombouts (1597-1637), Mars, Vénus, Bacchus et Mercure, toile, 156 x 247 cm. Restaurations anciennes. Mis en vente par Maîtres Bernard Vassy et Philippe Jalenques le 4 juillet 2019 à Clermont-Ferrand. Expert : Cabinet Turquin. Estimation : 80 000 – 100 000 euros.
Un regard ironique de la peinture caravagesque sur la tradition italienne
La toile représente Mars, dieu de la guerre, enlaçant son amante Vénus, déesse de l’amour, sous le regard de Cupidon, avec à leurs côtés Bacchus, dieu du vin et des pulsions, et Mercure, messager des dieux. « Coiffé d’une couronne de feuilles de vigne et portant d’autres pampres à la main, Bacchus regarde le spectateur et nous prend à témoin de cette relation adultérine. Pour Mercure, un modèle populaire a pris la pose, déguisé pour l’occasion de l’attribut de ce dieu, un casque portant ici des ailes de pigeons. Il interpelle le couple et les invite à jouer aux dés. » A l’amour, le peintre oppose ainsi le vice et joue de personnages non idéalisés et de détails triviaux pour détourner le sujet mythologique classique. « Sa composition présente un mélange inhabituel, presque extravagant. On y reconnaît un collier de perles, un jeu de tric-trac, des cartes à jouer pour miser de l’argent, autant de détails que l’on retrouve plus volontiers dans les tripots flamands qu’au sommet de l’Olympe. »
Des influences flamandes et hollandaises
Apprenti du peintre caravagesque Abraham Janssen à Anvers entre 1608 et 1616, Theodoor Rombouts rejoignit l’Italie pour parfaire sa formation, séjournant notamment à Florence auprès de Cosme II de Médicis. A son retour, il s’installa dans sa ville natale à Anvers où il s’inscrivit à la Guilde de Saint-Luc. « Il est principalement connu pour ses scènes de banquets, de tavernes et de musiciens, mais on lui doit également plusieurs réussites dans le domaine de la peinture d’histoire, poursuit l’expert. Ainsi, nous pouvons rapprocher notre tableau de sa grande Allégorie de la Cour de la Justice, conservée aujourd’hui au musée des beaux-arts de Gand) qui lui fut commandée par la mairie de Gand pour le tribunal ‘Van Gedele’ en 1627. Le rapport au nu, les articulations et les mains sont des types caractéristiques de notre artiste. Les jeux de la nature morte se retrouvent aussi, peintes de façon similaire, dans ses scènes de genre telles que les Joueurs de backgammon de 1634 (Raleigh, Museum of Art) et dans plusieurs versions de ses Joueurs de cartes. Cette toile, que nous datons plutôt du début de sa carrière, se situe dans une période charnière, au cours de laquelle il mêle influences flamandes et hollandaises. Elle relève du domaine du caravagisme clair. La lumière est y d’une grande limpidité. Elle unit les quatre protagonistes et révèle les détails réalistes. »
Une toile estimée à plus de 80 000 euros
Au XVIIe siècle, Theodoor Rombouts connut un important succès qui lui valut d’être portraituré par Antoine van Dyck en 1632, avant que sa carrière ne soit interrompue par une mort précoce en 1637. Aujourd’hui, il exposé dans les institutions les plus prestigieuses, du musée du Louvre au musée de l’Ermitage. « C’est un artiste assez rare sur le marché. Aussi, nous avons estimé la toile entre 80 000 et 100 000 euros. Ce tableau, jusqu’alors inconnu, est très élégant et tout à fait dans le goût du jour. Avec son format spectaculaire et son sujet séduisant, il devrait intéresser les collectionneurs comme les institutions.»
Haut de page