Une veilleuse aux paons de René Lalique aux enchères à Saint-Martin-Boulogne
Une veilleuse en verre blanc soufflé-moulé réalisée par René Lalique en 1920 sera la pièce maîtresse de la prochaine vente organisée par Enchères Côte d’Opale le 20 janvier à Saint-Martin-Boulogne, dans le Pas-de-Calais. Estimée de 20 000 à 30 000 euros, elle arbore en guise de bouchon-tiare deux paons déployant en corolle leur traîne majestueuse, un motif emblématique de l’époque Art nouveau.
Il est un oiseau que les artistes de l’Art nouveau chérissaient plus que tout autre : le paon, avec son port altier, son allure royale et sa longue traîne de plumes aux couleurs chatoyantes. Le maître verrier et bijoutier René Lalique (1860-1945) fit de cet animal exotique, symbole d’harmonie et de renaissance, l’un de ses motifs de prédilection pour orner ses bijoux, boîtes et objets décoratifs. Ainsi, en 1920, coiffe-t-il de deux paons affrontés une veilleuse en verre blanc soufflé-moulé, dont un modèle, doté d’une base en bakélite à décor de graines, s’invite au catalogue de la prochaine vente d’Enchères Côte d’Opale le 20 janvier à Saint-Martin-Boulogne.
Un modèle réalisé en 1920
Plus que les tonalités chamarrées de l’oiseau, c’est le graphisme de ses plumes, minutieusement détaillées et ponctuées d’ocelles scintillantes, que René Lalique sublime ici, au gré d’un travail virtuose du verre moulé-pressé. A cette époque, le maître verrier, s’il partage encore les sources d’inspiration de l’Art nouveau, emprunte peu à peu le tournant de l’Art déco, préférant l’épure de la ligne au foisonnement coloré d’hier, au gré d’expérimentations autour de la transparence et de l’opalescence du verre. Ainsi sculpte-t-il ici la lumière pour évoquer l’éventail de nuances du majestueux plumage.
René Lalique, des bijoux aux objets usuels
L’art du verre intéresse René Lalique dès les années 1890, alors qu’il expérimente la technique du cloisonné appliquée au bijou. Au lendemain de l’Exposition universelle de Paris en 1900, qui lui vaut une célébrité internationale, l’artiste débute sa collaboration avec le parfumeur Français Coty. Ce dernier, qui travaillait jusqu’alors avec la cristallerie Baccarat, trouve avec Lalique le moyen de réduire ses coûts de fabrication. Lalique livre en effet des flacons en verre moulé industriellement, sans rien perdre de leur qualité artistique. L’acquisition en 1909 d’une verrerie à Combs-la-Ville, en Seine-et-Marne, puis la construction en 1921 à Wingen-sur-Moder, en Alsace, d’une usine de verre permettront à Lalique de concrétiser ses expérimentations en toute indépendance, et de les développer à l’échelle industrielle.
Flacons de parfum, vases, coupes, plats, mascottes de radiateur… Les objets usuels se parent, avec Lalique, de leurs plus beaux atours, l’art et luxe s’invitant dès lors au cœur de la vie quotidienne. Notre veilleuse en est un exemple probant. Dotée d’une prise électrique, elle offre au foyer qui l’accueille une lumière tamisée enveloppante. Les premières veilleuses de René Lalique apparaissent en 1913, et feront, à partir de 1921, office de brûle-parfum, à l’instar du modèle Roses qui, une fois allumé, chauffe pour laisser échapper d’envoûtantes fragrances…