Vente de l’atelier d’Yvonne Mottet, une pionnière de la peinture figurative d’après-guerre
À l’occasion de sa neuvième édition, la vente aux enchères Arts + Design, organisée par la maison Rouillac à Tours, mettra en lumière plus d’une quarantaine de toiles et dessins d’Yvonne Mottet (1906-1968) : « une bonne nouvelle pour les amateurs du style de Picasso ». L’événement se déroulera le 16 novembre au Centre de Création Contemporaine Olivier Debré.
« La grande peinture n’est plus figurative ». Piqué au vif par ces mots d’André Malraux, prononcés à Cannes en 1959, le peintre Bernard Lorjou (1908-1986) réaffirme en 1962, à travers le troisième « Manifeste de l’Homme Témoin », ses principes contre l’abstraction ; art qui s’est à ce moment imposé auprès des collectionneurs et institutions, notamment aux États-Unis avec des artistes comme Jackson Pollock, Willem de Kooning ou encore Mark Rothko. Cet ami de Bernard Buffet et Paul Rebeyrolle présente au même moment ses nouvelles toiles au Bal du Moulin Rouge, aux côtés de celles d’Yvonne Mottet (1906-1968), sa compagne, restée injustement dans son ombre jusqu’à aujourd’hui.
La peinture figurative à l’ère de l’abstraction
Après s’être rencontrés à Paris dans les années 1920, au sein de l’atelier de création de dessins de la Soierie Ducharne, les deux artistes sont introduits par la collectionneuse Domenica Walter auprès du galeriste Georges Wildenstein, ou encore la duchesse de Windsor, dont ils intègrent les collections. En parallèle, ils exposent leurs toiles dans le monde entier, notamment à Bruxelles et New York. Ils font alors partie du groupe « Jeune Peinture » de l’École de Paris, rassemblant les peintres nés juste avant ou après la Grande Guerre. Consécration, Yvonne Mottet remporte le Grand Prix de la Critique en 1953. Elle meurt à l’âge de 62 ans, emportée par une leucémie foudroyante en 1968. « Cette mort prématurée a malheureusement mis fin à son début de reconnaissance », explique le commissaire-priseur Aymeric Rouillac qui s’apprête à porter un coup de projecteur à l’œuvre de cette artiste méconnue, à travers la dispersion de son fonds d’atelier le 16 novembre à Tours.
Une peinture influencée par les postimpressionnistes et le cubisme
L’œuvre d’Yvonne Mottet puise son inspiration chez les figures postimpressionnistes, à commencer par Paul Cézanne ainsi qu’en témoigne sa nature morte Le Poisson (vers 1950), ou encore Vincent Van Gogh dans Femme assise fond jaune. Mais c’est bien par les formes, rappelant celles du cubisme, que se ressent l’influence la plus forte d’un artiste : celle de Pablo Picasso. Les peintures et dessins mis en vente mettent aussi en évidence une prédilection pour les portraits, et plus particulièrement les portraits d’enfants comme L’orpheline, Fillette à l’épuisette, ou encore Trompettiste, dont l’innocence sied à une palette de couleurs qui se caractérise par une « fraîcheur parfois acide », selon le critique d’art Jean-Paul Crespelle.
« Yvonne Mottet a la même patte, et s’inscrit dans la même veine que celle de Bernard Lorjou », précise Aymeric Rouillac. Les futurs acheteurs pourront le constater en observant les quatre grands formats de l’artiste présentés lors de la vente : Le Cirque (1935), Le Métro (1940), L’été, tête rouge, fleur et Femme et enfants (vers 1980). Les œuvres d’Yvonne Mottet mises à la vente le 16 novembre à Tours sont estimées à 500 euros et celles de Bernard Lorjou à partir de 1 000 euros. « Un bon moyen pour les amateurs de l’œuvre de Picasso d’acquérir des peintures de qualité s’inscrivant dans la démarche du maître cubiste.» La vente présentera par ailleurs d’autres lots prestigieux comme des meubles signés par les designers Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret ainsi que l’unique exemplaire d’une maquette pour soufflerie de l’emblématique avion Concorde.