
5 raisons d’acheter une affiche de mai 68
Des institutions muséales aux salles des ventes, le marché de l’art prend activement part aux célébrations du cinquantième anniversaire des événements de mai 1968. A l’occasion de la dispersion aux enchères de près de 400 affiches de l’époque mercredi 28 février 2018 à Paris et sur le Live d’Interencheres par la maison Artprecium, décryptage d’un marché actif propulsé par une actualité foisonnante.
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Mai 68 s’affiche au cœur de l’actualité
Le Centre Pompidou, l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, le Mucem à Marseille et la Bibliothèque nationale de France, les institutions françaises sont nombreuses à consacrer une exposition sur mai 68, en souvenir des 50 ans des événements. Les salles des ventes organisent elles aussi des vacations hommages, au cours desquelles les affiches de l’époque sont mises à l’honneur. A la fois support d’expression, de création et de diffusion du mouvement contestataire, ces placards étaient édités massivement, notamment par les imprimeries en grève. « Nous présenterons près de 400 affiches issues de plusieurs collections, dont un ensemble de 145 modèles affichés pendant les événements de 68, et récupérés par le vendeur », détaille Maître Cécile Dupuis de la maison Artprecium.
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Le cachet des anciens étudiants des Beaux-Arts
Si elles n’ont pas été directement arrachées des murs, les affiches proposées aux enchères proviennent souvent des anciens étudiants chargés de les réaliser, qui les ont ensuite conservées ou revendues à des collectionneurs. Rebaptisée alors l’« Atelier populaire », l’École des Beaux-Arts produisait chaque jour de nouvelles affiches. Et partout en France, de nouveaux « ateliers populaires » rejoignirent rapidement le mouvement. « Chaque création était soumise à un comité d’action qui validait ou non sa diffusion, explique Frédéric Lozada, expert en affiches anciennes. Plusieurs lots de la vente portent le cachet “Atelier populaire Ex-École des Beaux-Arts” et sont estimés entre 200 et 1 600 euros. »
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Rancillac et Cohn-Bendit acteurs des enchères
« Si les affiches n’étaient pas signées, pour respecter le pacte du pouvoir populaire, nous savons aujourd’hui que de célèbres artistes en ont réalisées. Ainsi Bernard Rancillac, l’un des chefs de file de la Figuration narrative, est l’auteur de celle portant le slogan “Nous sommes tous indésirables” à l’effigie de Daniel Cohn-Bendit, principal leader du mouvement », poursuit le spécialiste avant de préciser que celui qui était surnommé « Dany le Rouge » s’avère être une figure particulièrement recherchée par les collectionneurs d’affiches de mai 68. Le modèle présenté à la vente est estimé de 200 à 250 euros.
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Des adjudications jusqu’à 2 000 euros
« Nous organisons régulièrement des ventes aux enchères d’affiches dans lesquelles figurent toujours au moins une dizaine datant de mai 68 », détaille Maître Cécile Dupuis. « C’est un marché qui se tient, et qui suscite encore plus d’intérêt en ce moment, avec les commémorations. Depuis un an environ, nous voyons certaines affiches de mai 68 atteindre jusqu’à 2 000 euros, un palier qui n’a pas été atteint depuis bien longtemps », explique Frédéric Lozada. Le spécialiste précise que si les estimations de la vente s’élèvent jusqu’à 1 600 voire 3 000 euros pour les modèles les plus rares, les acheteurs pourront se faire plaisir à partir de 50 euros et trouver de vibrants témoignages entre 200 et 400 euros.
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Collectionner sans pour autant avoir participé aux événements
Étonnamment, ce ne sont pas forcément ceux qui ont participé aux événements de mai 68 qui collectionnent ces affiches. « Les amateurs sont souvent nés juste après cette période, ou alors ils l’ont vécu dans leur prime jeunesse mais n’en ont aucun souvenir, complète l’expert. Peut-être par regret de ne pas y avoir participé ? » De plus en plus d’acheteurs s’y intéressent, motivés par l’aspect historique de ces souvenirs, mais aussi par leur potentiel graphique et artistique. « Parmi les plus esthétiques, il y a selon moi le célèbre “Votez librement”, inscrit sous le canon d’un char (estimation de 300 à 600 euros), ou “Laissons la peur du rouge aux bêtes à cornes » derrière lequel se dresse un troupeau de vaches (estimation de 100 à 200 euros) ».
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