Le 22 juillet 2020 | Mis à jour le 23 juillet 2020

Comment reconnaître une chaise de style Louis XIII du Languedoc ?

par Jacques Dubarry de Lassale

Le style Louis XIII se caractérise dans le mobilier par l’utilisation de bois massif, travaillé au tour à la manière des Flamands, ainsi que de larges moulures et un décor géométrique. La production du Languedoc se distingue quant à elle par la présence d’une ornementation plus riche, comme l’explique Jacques Dubarry de Lassale.

 

Ces sièges de style Louis XIII sont caractéristiques des productions de la région du Languedoc. Ils sont très recherchés des collectionneurs pour la présence de sculptures en bout de bras d’accotoirs, telles ces chiens à demi-dressés (Photos 1 et 2). Le tournage des pieds, travers et entretoises, en une torsade suffisamment serrée, conforte la qualité de ces modèles.

 

Le bois utilisé

Le bois utilisé est exclusivement du noyer, à l’exception des quatre traverses d’assise qui sont en hêtre. Les sections de bois de noyer mesurent 45 sur 45 millimètres.

 

[Photo 1 à gauche] Chaise à bras modèle « aux chiens » de style Louis XIII vue de face.
[Photo 2 à droite] Chaise à bras modèle « aux chiens » de style Louis XIII vue de profil.

 

La structure du siège

Les quatre pieds, les deux entretoises et les deux accotoirs sont torsadés. Il est intéressant de noter que les deux entretoises présentent des torsades inversées (photo 3), ce qui est un signe supplémentaire de qualité. Les torsades inversées ne correspondent pas à une période précise d’exécution, mais constituent un élément de raffinement.

Le raccordement des éléments torsadés sur les masses carrées s’effectue par des extrémités cubiques, ce qui est très courant dans le montage des chaises à bras (photo 4).

Les extrémités des accotoirs de ces sièges, contrairement aux modèles plus classiques à tête de lion, sont ornées de chiens couchés, la tête dressée, la bouche ouverte montrant les dents. Ils sont couchés sur un support en forme de planchette avec les pattes avant allongées. Les oreilles sont en forme de marguerite et la structure du poil est fort bien traitée. (photo 5)

 

[Photo 3] Entretoises à torsades inversées.
[Photo 4] Le raccordement sur les masses carrées s’effectue par des extrémités cubiques.
[Photo 5] Les chiens sculptés des extrémités d’accotoirs sont couchés, la tête dressée, la bouche ouverte montrant les dents.
[Photo 6] Malgré la fabrication tardive des sièges, les bois laissent apparaître des trous de vrillettes.

 

L’époque de fabrication de ces sièges

Ces fauteuils sont des copies exécutées au milieu du XIXe siècle, dans le but de compléter une série de sièges authentiques.

Sur les bois, aucune trace d’outil n’est apparente. De même qu’aucune trace de coup, aucune usure sur les bouts de pieds (photo 4), ou sur les sculptures et les parties tournées, ne sont à signaler. On peut supposer qu’ils sont « trop beaux pour être honnêtes ». La seule marque du temps que l’on peut remarquer est la présence de trous de vrillettes sur le piétement (photos 4 et 6).

Cependant, même s’ils peuvent être considérés comme du mobilier décoratif, ces sièges sont d’une qualité d’exécution remarquable. A titre comparatif, nous vous présentons un fauteuil authentique du même modèle (photo 7) en très mauvais état, recouvert de son cuir de Cordoue polychrome d’origine, dont on peut admirer la qualité du décor.

 

[Photo 7] Un fauteuil de même type, mais d’époque Louis XIII, en fort mauvais état est également recouvert d’un cuir de Cordoue dont on peut admirer la polychromie.

Leur couverture

Ils ont été recouverts récemment, comme les modèles d’époque de cuir gaufré dit « de Cordoue ». Les motifs à décor d’oiseaux, de feuilles et de fruits sont les répliques exactes des tapisseries de cuir qui ornent la chambre du peintre Rubens à Anvers. Ces cuirs gaufrés ont été exécutés par un artisan spécialisé, M. Poppe de Préchac sur Adour (photo 8).

Il est important de remarquer, autant sur l’assise que sur le dossier, la couture du raccord des feuilles de cuir, réalisée pour économiser une matière excessivement onéreuse.

 

[Photo 8] Les couvertures de cuir de Cordoue, d’une fabrication contemporaine, posées sur ces sièges, sont à décor d’oiseaux, de feuillages et de fruits.

 

Photos : © Jacques Dubarry de Lassale.

 

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