Le 24 juillet 2024 | Mis à jour le 4 septembre 2024

De Ramiro Arrue à Aurelio Arteta, une vente dédiée à l’art basque à Ciboure

par Diane Zorzi

Le 29 juillet, la maison Carrère et Laborie fera escale à Ciboure le temps d’une vente aux enchères dédiée aux arts du Pays basque. De Ramiro Arrue à Aurelio Arteta, les maîtres du Pays basque nord côtoieront des artistes du Pays basque sud, particulièrement rares sur le sol français.

 

[Mise à jour, 4 septembre] Un dimanche d’été à Ascain de Pedro Ribera a trouvé preneur à 48 672 euros (frais inclus) tandis qu’Espatadantzaris et porte-étendard, scène de romeria d’Aurelio Arteta changeait de main pour 46 176 euros. 

 

Aux arts du Pays basque, la maison Carrère et Laborie consacre chaque année, à l’été, une vacation exceptionnelle. Pour l’édition 2024, les commissaires-priseurs, installés à Pau et Bayonne, investissent un lieu mythique, considéré comme le centre névralgique de l’art basque français : Ciboure, et sa Tour de Bordagain. A un pont de Saint-Jean-de-Luz, ce village de pêcheurs est, durant l’entre-deux-guerres, une terre d’élection pour les artistes qui, en quête d’un écrin sauvage et intimiste, confrontent les couleurs du Pays basque au langage de l’art moderne. « Que ce soit à l’échelle régionale, nationale ou internationale, les lieux qui accueillent des artistes sont souvent ceux où l’on se loge à bas coût, c’est le cas de Ciboure. Ainsi, durant la grande période de production de l’art basque, au cours des années 1910, 1920 et 1930, les artistes emblématiques du Pays basque nord, Ramiro Arrue ou encore Pedro Ribera, y ont habité, rejoints par leurs amis et artistes de passage », explique Patrice Carrère. Un siècle plus tard, les voilà de nouveau réunis en ces terres, le temps d’une vente rassemblant quelques 200 tableaux et sculptures

 

Ramiro Arrue, Pedro Ribera, les maîtres du Pays basque nord

Au chapitre dédié à l’art du Pays basque nord les grandes signatures se succèdent, à commencer par Ramiro Arrue (1892-1971), le fer de lance de l’art basque moderne. « Nous présentons une gouache sublime que l’artiste réalise à l’apogée de sa carrière, autour de 1925 », s’enthousiasme Patrice Carrère. La gouache est l’une des techniques de prédilection de l’artiste qui emprunte un langage résolument moderne pour dépeindre les paysages alentours et ses habitants, au quotidien ou à la fête – ici, l’étreinte pudique d’un Couple basque brossé au gré de formes simplifiées et d’aplats de couleurs (12 000 – 15 000 euros). « Toutes les stars de la spécialité seront présentes, annoncent les commissaires-priseurs, de Ramiro Arrue à Louis Floutier, François-Maurice Roganeau, Georges Masson, René Choquet, Henri Achille Zo et Pedro Ribera. » Ce dernier fait la couverture du catalogue avec Un dimanche d’été à Ascain (15 000 – 20 000 euros) de 1927 donnant à voir les emblématiques maisons labourdines. « Ribera est particulièrement connu pour avoir réalisé plusieurs versions d’un Fandango, le plus célèbre étant conservé au Musée Basque et de l’histoire de Bayonne, rappelle Patrice Carrère, attirant notre attention sur un Fandango à Saint Jean de Luz de 1909 (1 500 – 2 000 euros). « Nous n’avons pas osé l’attribuer à Pedro Ribera, mais on ne peut penser qu’à lui ! Le tableau n’est pas signé mais il est construit exactement de la même manière que les grandes versions des Fandango de Ribera ».

 

 

Un rare tableau d’Aurelio Arteta

Plusieurs œuvres de la vacation ont d’ores et déjà été dévoilées au public, à l’occasion d’une exposition en avant-première le 12 juillet dernier dans les salons de l’Hôtel Carlton à Bilbao. « C’est la première fois qu’une maison de ventes françaises y organisait une exposition », détaillent les commissaires-priseurs. Il faut dire que le volet basque espagnol est particulièrement riche cette année, représenté notamment par José Maria Ucelay, Juan de Aranoa, Valentin de Zubiaurre, avec une œuvre de qualité muséale (Le pain béni, deux femmes près d’un autel marial, estimé de 20 000 à 30 000 euros) et Aurelio Arteta. « Arteta est un artiste très rare en France, précise Patrice Carrère. C’est un peintre qui a réalisé beaucoup de fresques et programmes décoratifs, et surtout il n’a pas produit au Pays basque nord. Or, les deux marchés, espagnol et français, sont très cloisonnés. Très peu d’amateurs de l’art du Pays basque nord s’intéressent aux artistes restés au sud. Les œuvres du Pays basque sud sont dès lors rares sur le sol français. L’essentiel des transactions, et elles sont peu nombreuses, s’effectuent en Espagne qui n’est pas un pays de tradition de ventes aux enchères publiques. » Sur les dix dernières années, seules sept peintures d’Aurelio Arteta se sont ainsi frottées au marteau d’un commissaire-priseur. L’arrivée sur le marché français de cet imposant tableau (53,5 x 186,3 cm) constitue dès lors une rare occasion pour les amateurs de s’offrir une œuvre d’Arteta, l’un des plus importants peintres de l’école basque. « Arteta fut aussi le premier directeur du Musée d’art moderne de Bilbao, créé en 1924 pour gérer de manière autonome les œuvres d’art récentes du Musée des Beaux-Arts », détaillent les commissaires-priseurs. Notre tableau (18 000 – 20 000 euros), représentant une scène du pèlerinage catholique romeria, affiche en outre une provenance prestigieuse. Il a en effet appartenu à Martín García-Urtiaga, avant d’être acquis par l’actuel propriétaire, sans doute par l’entremise de son gendre, Placido Arango Arias, un autre grand mécène et célèbre collectionneur.

 

L’art basque, un marché dynamique mais encore accessible

Le marché de l’art basque intéresse principalement les collectionneurs locaux, ou les amateurs qui ont un lien privilégié avec la région, mais il s’ouvre depuis plusieurs années à mesure que le Pays accueille de nouveaux habitants. « Le Pays basque est très à la mode, beaucoup de gens s’y installent. On voit ainsi arriver dans nos ventes des personnes qui recherchent, pour meubler leurs demeures, des tableaux régionaux », explique Patrice Carrère. Si les chefs de file de l’école basque, à l’instar de Ramiro Arrue ou Pedro Ribera, ont vu leur cote grimper considérablement, ce marché regorge encore de nombreux artistes talentueux, dont les œuvres restent très accessibles. A Ciboure, les amateurs pourront ainsi s’offrir une vue de la vieille rue du Midi à Saint-Jean-de-Luz estimée 30 euros, un portrait de Bouvier basque à 100 euros ou encore une représentation d’un défilé bayonnais haut en couleurs à 150 euros. « Nous tenons à ce que nos ventes restent des événements populaires avec un fort ancrage local, conclut Patrice Carrère. Ce sont des ventes qui nous ressemblent.»

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