
Deux dessins de Nicolas de Staël offerts à René Char vendus à Compiègne
Estimés entre 1 500 et 2 000 euros, deux feutres sur papier de Nicolas de Staël se sont envolés sur le Live d’Interencheres samedi 17 novembre 2018 à Compiègne. Figurant la ville d’Avignon et offerts par l’artiste à René Char, ils ont été adjugés respectivement à 7 000 et 9 000 euros.
L’histoire d’une amitié artistique
En 1951, René Char (1907-1988) rencontre Nicolas de Staël (1913-1955) à Paris. Une profonde amitié naît entre les deux hommes qui publient en 1952 un recueil de Poèmes agrémenté de gravures sur bois. « René Char a entretenu une importante correspondance avec de nombreux écrivains et artistes de son époque, tels que Juan Miro, Max Ernst ou Albert Camus. Souvent, il les sollicitait pour enluminer ses manuscrits », détaille la maison Compiègne Enchères qui présentait à la vente le 17 novembre à Compiègne deux dessins de Nicolas de Staël, ayant appartenu à René Char. « Ces deux dessins auraient été ensuite offerts par René Char au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à son ancien compagnon de maquis, le peintre et écrivain André Ravaute. Ils étaient restés jusqu’alors dans sa famille. »

Nicolas de Staël (1914-1955), « Avignon 1954 », feutre sur papier, 13,6 x 21 cm. Provenance : Resté dans la Famille d’André Ravaute. Adjugé 9 000 euros.
« Nicolas de Staël dessinait beaucoup. Il avait toujours sur lui des carnets dans lesquels il croquait à la hâte un motif pris sur le vif. Il était autant dessinateur que coloriste et entretenait une sorte de schizophrénie entre ces deux pratiques. »
Avignon en 1954
Datés de 1954, ces feutres sur papier dévoilent des vues de la ville d’Avignon que Nicolas de Staël découvre lors de son séjour en Provence où il se retire en solitaire, dépressif, avant de se donner la mort en 1955 à Antibes. En quelques coups de crayon, l’artiste y suggère le célèbre pont de la cité des papes. « Ces deux œuvres faisaient partie d’un même carnet dédié à Avignon, explique Maître Philomène Wolf. Nicolas de Staël dessinait beaucoup. Il avait toujours sur lui des carnets dans lesquels il croquait à la hâte un motif pris sur le vif. Il était autant dessinateur que coloriste et entretenait une sorte de schizophrénie entre ces deux pratiques. » Le comité Nicolas de Staël s’efforce aujourd’hui de collecter les dessins manquants aux carnets. « La tâche n’est pas aisée. En effet, au cours de sa vie, Nicolas de Staël a détaché de nombreux dessins pour les donner à ses amis. Aussi, le comité a pu compléter le carnet d’Avignon avec ces deux ébauches qui seront incluses au catalogue raisonné de l’artiste. »

Nicolas de Staël (1914-1955), « Avignon 1954 », feutre sur papier, 13,6 x 21 cm. Provenance : Resté dans la Famille d’André Ravaute. Adjugé 7 000 euros.
Des dessins adjugés 7 000 et 9 000 euros sur le Live d’Interencheres
La cote de Nicolas de Staël est soutenue ces dernières années. Une huile sur toile de 1953 a ainsi été adjugée à près de 9 millions d’euros en mai dernier à New York, de même qu’un feutre sur papier de 1953 figurant un paysage d’Agrigente s’est envolé à plus de deux fois son estimation en 2017 à Paris, adjugé à 9 500 euros. « Nos deux dessins ont quant à eux été adjugés à 7 000 et 9 000 euros sur le Live d’Interencheres. » Ces deux croquis au sujet provençal n’étaient pas sans évoquer la récente exposition « Nicolas de Staël en Provence » présentée l’été dernier à l’Hôtel de Caumont d’Aix-en-Provence.
Haut de page