Le 18 juillet 2019 | Mis à jour le 14 mars 2024

La cote des instruments de musique mécaniques

par Diane Zorzi

La Galerie de Chartres organise régulièrement des ventes d’instruments de musique mécaniques. Boîtes à musique, phonographes, orgues Limonaire, pianos automatiques : retour sur un marché méconnu qui compte encore de nombreux amateurs.

 

Une boîte à musique à cylindres adjugée à 5 040 euros

Créées en 1796 par Antoine Favre (1768-1828), un horloger genevois, les boîtes à musique furent très populaires au XIXe siècle. La production devint une véritable industrie, avant de décliner à la faveur de l’apparition du phonographe. « Elle était principalement concentrée en Suisse, avec trois centres d’intérêt à Genève, Sainte-Croix et Berne », détaille Denis Lambotte, expert en musique mécanique. Installé à Genève, Brémond fut l’un des fabricants les plus célèbres. Aujourd’hui, ses boîtes à musique sont particulièrement recherchées du fait de leur qualité musicale. En témoigne cette boîte haut-de-gamme adjugée à 5 040 euros (frais compris). « Ces boîtes étaient fabriquées sur commande et coûtaient déjà très cher à l’époque. Elles étaient recherchées pour leur qualité acoustique. » Datée autour de 1867, cette boîte présentait un décor marqueté atypique, composé d’incrustations en nacre et laiton figurant des armoiries et des Sphinx, et une ébénisterie mouvementée sur les quatre faces. Proposant uniquement quatre airs, elle bénéficiait d’une qualité musicale remarquable du fait d’une concentration importante de lames (185 lames). « Plus il y a de lames, moins il y a d’airs sur le cylindre et meilleure sera la qualité musicale. »

 

Boîte à musique Brémond de type cartel à 4 airs. Cylindre de 33 cm, jouant sur un clavier de 180 lames en deux parties. Adjugé à 5040 euros (frais compris) par la Galerie de Chartres, le 2 juin 2019 à Chartres.

 

 

Une boîte à musique à disques métalliques adjugée à 2 520 euros

Au XIXe siècle, la concurrence était accrue entre les fabricants de boîtes à musique. « Pour se distinguer des autres, les fabricants ajoutaient tout type de choses : des timbres, des pendules, des automates… » L’objet occupait alors une place importante dans la société, intégré dans des lieux publics à des fins de distraction, avec l’apparition du disque métallique remplaçant le cylindre en 1870. « Certaines boîtes étaient équipées d’un monnayeur et intégrées à un meuble magasin, à l’image de cette boîte adjugée à 2 520 euros. Elles étaient utilisées notamment dans les cafés et étaient en quelque sorte l’ancêtre du juke-box. Les clients pouvaient ainsi voir le disque tourner à chaque fois qu’ils introduisaient une pièce de monnaie. » D’autres boîtes étaient également équipées d’une course de chevaux qui défilait au rythme de la musique. « Lorsque la musique s’arrêtait, les clients pariaient sur un numéro, et le gagnant ne payait pas sa consommation. Ces boîtes dites ‘calliope’ sont aujourd’hui particulièrement recherchées. De manière générale, c’est l’originalité de sa conception qui fait qu’une boîte est recherchée ou non aujourd’hui. »

Calliope pour bistrot, boîte à musique verticale pour disques métalliques de diamètre 45 cm. Distributeur de jetons, à monnayeur. Beau cache moteur comportant la marque Calliope. Double clavier, zither. Manque une ouïe sur la porte, manivelle non d’origine. Adjugé à 2 520 euros (frais compris) par la Galerie de Chartres, le 30 septembre 2018 à Chartres.

 

Un phonographe adjugé à 1 200 euros

A la fin du XIXe siècle, les boîtes à musique sont progressivement remplacées par les phonographes, permettant désormais la restitution simultanée de plusieurs sons. « Aujourd’hui, leurs prix varient de 50 à 30 000 euros pour les modèles les plus rares tels que les Lioret ou Bettini qui enregistrent des résultats records, poursuit l’expert. Plus accessibles, les phonographes de la marque suisse Phrynis sont eux aussi particulièrement recherchés, à l’image de ce modèle adjugé à 1 200 euros. » Daté autour de 1905, ce phonographe avait la particularité d’être équipé d’un rare pavillon asymétrique (développement en corolle de fleurs) et de décorations métalliques typiques des modèles de luxe fabriqués par Phrynis entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. En très bon état, ce type de phonographe peut atteindre plusieurs milliers d’euros aux enchères.

 

Phonographe pour disques Phrynis, à pavillon asymétrique. Adjugé à 1 200 euros (frais compris) par la Galerie de Chartres, le 2 juin 2019 à Chartres.

 

Un orgue Limonaire adjugé à 6 000 euros

Imaginés par les frères Limonaire autour de 1840, les orgues limonaires étaient généralement volumineux et bruyants, destinés aux foires et animations de manèges, et conçus sur le modèle des orgues liturgiques, avec des tuyaux métalliques. D’autres limonaires, plus petits, furent également produits. Appelés « Méloton », ils étaient facilement transportables et étaient utilisés dans la rue par les mendiants ou estropiés de guerre. « Ces Limonaires à anches très rares sont particulièrement recherchés, comme en témoigne l’adjudication à 6 000 euros pour ce modèle daté des années 1910. »

 

Orgue Limonaire à anches, 26 touches. 52x30x46 cm. Adjugé à 6 000 euros (frais compris) par la Galerie de Chartres, le 2 juin 2019 à Chartres.

 

Un piano « bastringue » adjugé à 840 euros

Ancêtres des juke-boxes, les pianos mécaniques dits « bastringues » étaient utilisés au début du XXe siècle pour animer des lieux publics, actionnés à mesure que l’on y introduisait des pièces de monnaie. Ils produisaient une musique bruyante, au contraire des pianos pneumatiques qui imitaient quant à eux le jeu de véritables musiciens. Les petits modèles, n’excédant pas un mètre de largeur, sont aujourd’hui les plus recherchés. « Il y a eu un véritable engouement il y a une dizaine d’années pour les ‘bastringues’, mais aujourd’hui les amateurs ne se tournent plus que vers les modèles facilement transportables », conclue Denis Lambotte.

 

Piano automatique « Bastringue », Brunophone 58 marteaux, 2 cylindres de 10 airs chacun. Marque A. Peracchio. 126x66x150 cm. Adjugé à 840 euros (frais compris) par la Galerie de Chartres, le 2 juin 2019 à Chartres.

 

 

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