La première vue photographique de Lyon dévoilée aux enchères à Paris
Un daguerréotype considéré comme la première vue photographique de l’histoire de Lyon était dévoilé aux enchères le 8 novembre à Paris. Ce cliché, réalisé autour de 1840, était conservé depuis l’origine dans la famille de son auteur, l’ingénieur lyonnais Félix Richard. Il a été acquis par la Ville de Lyon pour 16 744 euros.
[Mise à jour, 10 novembre] La première vue photographique de Lyon a été acquise aux enchères par la Ville de Lyon pour un montant de 16 744 euros.
Dans le catalogue de la vente d’autographes et photographies, organisée par la maison Oger et Blanchet le 8 novembre à Paris, un lot se distingue : un daguerréotype qui, à lire la notice écrite au dos, aurait été « exécuté vers 1845 par Félix Richard ingénieur, physicien, opticien né à Lyon en 1809, mort à Paris 1876. » Ce daguerréotype, conservé depuis l’origine dans la famille de son auteur, serait la première vue photographique de l’histoire de Lyon.
Un daguerréotype réalisé autour de 1840
Plusieurs indices ont permis aux experts de proposer une datation plus précise de ce daguerréotype. Le premier étant le format du daguerréotype dit « pleine plaque ». « Les daguerréotypes dits « pleine plaque », réalisés à partir de grandes plaques de verre, ont été abandonnés après 1845, explique Adrien Blanchet. Cet indice restait néanmoins insuffisant pour déterminer avec certitude la date de réalisation de notre daguerréotype qui aurait tout à fait pu être réalisé plus tard dans ce format, même s’il n’était alors plus usité. » C’est davantage le sujet qui a mis les experts sur la voie. Le daguerréotype révèle en effet de la ville de Lyon un pan qu’il ne serait plus permis d’observer aujourd’hui. Enjambant la Saône, le pont célébré ici n’est autre que le pont du Change qui, construit en 1070, fut remplacé en 1842 par un nouveau pont, érigé à quelques mètres en aval afin de faciliter la navigation fluviale. L’invention du daguerréotype datant, quant à lui, de 1839, notre vue doit donc être datée entre 1839 et 1842. « Peut-être l’auteur de ce daguerréotype a-t-il capturé cette vue parce qu’il savait que le pont allait être détruit. Toujours est-il qu’en recherchant des exemples comparables dans les archives, nous nous sommes rendu compte que notre daguerréotype était très certainement la première vue photographique de l’histoire de Lyon. »
Une vue du pont du Change avant sa destruction
Le pont du Change, baptisé tour à tour pont de Pierre, pont de Saône et pont de Nemours, est le premier ouvrage qui enjamba, à Lyon, la Saône, avant que ne soit érigé le pont de l’Archevêché en 1642. Consacré en 1070 par l’archevêque Humbert, il fut construit à partir de matériaux de l’époque romaine, et comportait sept arches, dont une arche surnommée « l’Arche merveilleuse » qui accueillait un groupe de maisons, de trois ou quatre étages, habitées par des orfèvres. A sa destruction en 1842, seuls quelques gradins subsistent face à l’église Saint-Nizier. « Il existe deux vues similaires de ce pont conservées aux archives municipales de Lyon qui, quant à elles, montrent trois arches du pont, sans laisser voir la rive opposée du fleuve », précise le commissaire-priseur.
Un daguerréotype de qualité muséale
Breveté en 1839, ce procédé photographique, dit « daguerréotype », mis au point par Nicéphore Niépce et Louis Daguerre, a d’abord séduit les scientifiques avant de pénétrer le monde de l’art, des chimistes, ingénieurs ou encore opticiens l’utilisant ainsi à des fins documentaires. « Félix Richard joue avec cette nouvelle invention, mais il semble déjà vouloir créer une jolie image, note Adrien Blanchet. Ce soucis esthétique apparaît dans le redressement des lettres des enseignes qui normalement devraient être inversées du fait du procédé. » Ce daguerréotype, de qualité muséale, est estimé entre 8 000 et 12 000 euros et a bénéficié d’un nettoyage opéré par un restaurateur spécialisé.
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