L’artiste J. Schoumann choisit les enchères pour rencontrer le grand public
Le fonds d’atelier de l’artiste Jean Schoumann (né en 1934) sera dispersé aux enchères par Maîtres Isabelle Goxe et Laurent Belaïsch dimanche 8 octobre 2017 dans sa ville de résidence à  Enghien-les-Bains. Rencontre avec un artiste hors des courants, qui a su, durant près de soixante années de carrière, inventer son propre monde fait d’humour, d’amour et de poésie…
Femmes-fleurs, puzzle-man, charabias… Jean Schoumann (né en 1934) a façonné durant toute sa carrière un univers bien à lui, frais et enfantin, aux compositions atypiques. Mais le temps est venu pour lui de se séparer de son fonds d’atelier. « J’ai choisi les enchères pour que mes Å“uvres soient vues par le plus grand nombre. J’ai rencontré Maître Laurent Belaïsch lors d’une exposition en région parisienne où je présentais plusieurs de mes Å“uvres, confie Jean Schoumann. A ma demande, il est venu voir mon atelier à Enghien-les-Bains et je crois qu’il a été emballé ! » « Son travail m’a tout de suite plu, confirme le commissaire-priseur. Il s’en dégage une présence très forte. »
Soucieux de rendre compte de la diversité de l’œuvre, Maître Belaïsch sélectionne alors pour la vente près de 150 pièces qui retracent le parcours de cet artiste né en 1934, fils d’un agent boursier et d’une modiste. « Il y a des pièces très colorées, d’autres plus sombres avec une recherche sur le noir et la lumière. Il y a donc un pan très gai, agréable à regarder, ludique et un autre qui invite davantage à la méditation ».
Un artiste encore enfant
Jean Schoumann démarre une carrière d’illustrateur dans les années 1950, travaillant pour des agences publicitaires telles que Publicis. « J’ai conçu cinq ou six affiches pour la campagne Santé-Sobriété. Elles se sont retrouvées sur les bus et dans le métro », se souvient l’artiste, amusé. Au même moment, il expose des dessins naïfs à la galerie Séraphine, rue de l’Odéon à Paris. Peuplées de chiens et de fleurs, ces encres (estimées entre 100 et 150 euros) dévoilent déjà l’univers haut en couleurs de cet autodidacte, qui se plaît à trouver refuge dans le monde rassurant de l’enfance. Un goût qui le conduira quelques années plus tard à illustrer des livres pour enfants.
Des illustrations mêlant humour et érotisme
Fort de ce succès, Jean Schoumann reçoit des commandes pour des affiches de film tels que Le petit bougnat de Bernard Toublanc-Michel sorti en 1970 et qui révéla au public la jeune Isabelle Adjani, alors âgée de 15 ans. Il est également sollicité par les magazines Lui, Adam, ou encore Ici Paris pour lesquels il croque des dessins humoristiques. Petit-fils d’une plumassière aux Folies-Bergères, les femmes et les milieux libertins inspirent nombre de ses œuvres. « Le Chien voyeur témoigne bien de son grand sens de l’humour, explique le commissaire-priseur. On y aperçoit un aveugle avec son chien, faisant la manche dans la rue. Une femme se présente à lui et lève sa jupe, tandis que son chien lui rapporte la scène qu’il ne peut voir ! »
De la figuration à l’abstraction
D’abord illustrateur, il troque rapidement le crayon pour le pinceau, et entame une carrière de peintre de chevalet, où l’écriture occupe d’abord une place majeure. « Il écrit des sortes de romans sans aucun autre sens que la graphie elle-même ». Dans sa Série des correspondances de 1986 (estimée entre 1 500 et 2 000 euros), les lettres surgissent à la manière du pinceau qui laisse derrière lui des traînées de couleurs.
A la fin des années 1990, il invente une nouvelle technique. « Il déchire ses dessins en confettis, en petits carrés ou en lanières, et les recolle ensuite pour leur donner une nouvelle dimension. » Une façon pour l’artiste de s’extraire du sujet, d’abandonner la figuration au profit d’une création totalement abstraite, faite d’associations aléatoires. « Ces toiles, estimées entre 100 et 4 000 euros, s’imposent à vous par leur relief, explique Maître Laurent Belaïsch. Ce sont des sortes de tableaux-sculptures. » Plus tard, à partir de 2005, Jean Schoumann maroufle ces compositions sur de petits châssis assemblés un à un pour former des personnages – des graffitis humains qu’il appelle « Puzzle-man » (estimés entre 1 500 et 2 500 euros).
De la galerie aux enchères
« Jean Schoumann a eu une carrière en galerie qui lui a permis de gagner sa vie sans difficulté. » Dans les années 1980, il est remarqué par le galeriste de Francony qui le prend sous son aile et expose ses œuvres dans les plus grands salons à Paris, à Miami, à New York ou encore en Belgique et au Japon. « Il a connu un certain succès dans le monde entier et certaines de ses œuvres ont même intégré la Fondation Florence et Daniel Guerlain, ainsi la Collection Matmut. Mais il est encore peu passé sur le marché. » Cette vente est particulièrement excitante pour Jean Schoumann, qui sera certainement présent dans la salle. Une occasion unique de découvrir cet artiste à l’univers si particulier et de se faire plaisir en repartant avec une de ses œuvres estimées de 80 à 4 000 euros.