Le 24 septembre 2024 | Mis à jour le 24 septembre 2024

Le fonds d’atelier de Béla Birkàs aux enchères à Saint-Cloud

par Diane Zorzi

Le fonds d’atelier du peintre hongrois Béla Birkàs sera dispersé aux enchères par la maison Le Floc’h le 26 septembre à Saint-Cloud. L’occasion de découvrir l’évolution artistique de ce peintre dont l’œuvre, à mi-chemin entre la figuration et l’abstraction, a traversé les frontières, de la Hongrie aux Etats-Unis en passant par la France.

 

« Nous sommes fiers de rendre hommage à Béla Birkàs. C’est une chance inédite pour les collectionneurs et amateurs d’art d’acquérir des œuvres marquantes de sa carrière », se réjouissent les commissaires-priseurs de la maison Le Floc’h qui, sollicités par la veuve de l’artiste, s’apprêtent à dévoiler aux enchères près d’une centaine d’œuvres inédites issues de son fonds d’atelier. « La vente sera l’occasion de mettre en lumière l’évolution artistique de ce peintre hongrois qui a su marier figuration et abstraction. »

 

 

Des débuts académiques

Originaire de Papa, en Hongrie, Béla Birkàs (1929-1973) abandonne une courte carrière d’enseignant en biologie, pour rejoindre l’Ecole des beaux-arts de Budapest, où il fait ses premières gammes auprès d’Endre Domanovszky et Jenö Barcsay. Alors que la ville est en proie aux révoltes, avec l’insurrection de 1956 contre le régime communiste, l’artiste se réfugie en Autriche, avant d’obtenir une bourse d’études à la Kent State University dans l’Ohio. « C’est au cours de ces années aux Etats-Unis que l’artiste révèle son talent : influencé par une approche fortement académique, ses premières œuvres sur papier dénotent une grande capacité dans le domaine figuratif. » En témoignent au catalogue ses études de portraits au fusain ou à la sanguine. « Devenu élève au Museum of Fine Arts School à Boston, il continue son parcours dans le figuratif jusqu’à la fin des années 1950. »

 

 

Sur les traces des maîtres de la Renaissance italienne

Après une courte période à Paris à l’Académie de Feu, une école dirigée par le sculpteur hongrois Laszlo Szabo, Bélà Birkàs retourne aux Etats-Unis où a lieu en 1961 sa première exposition individuelle à la Dumbarton Gallery de Boston. « D’autres expositions collectives suivent, où il expose aux côtés de Wilfredo Lam, George Grosz, Laszlo Moholy-Nagy, Paul Klee, Vassily Kandinsky, Max Ernst et Marc Chagall », détaillent les commissaires-priseurs. Avec sa femme Chela – dont la vente dévoile un portrait à l’huile – Béla Birkàs quitte définitivement les Etats-Unis en 1962 pour s’installer à Paris, où il fréquente les cafés du quartier Montparnasse, à l’instar de La Coupole et du Dôme. Là, il se lie d’amitié avec Giacometti, Prinner et Cardenas, autant de sculpteurs et peintres avec lesquels il partage la même liberté d’expression. « A cette époque, il effectue de nombreux voyages en Italie, où il est fasciné par les œuvres des grands maîtres de la Renaissance italienne tels que Giotto, Paolo Uccello et Piero della Francesca. »  La Chapelle des Scrovegni à Padoue, avec la fresque du Jugement dernier de Giotto, l’église de Santa Maria Novella à Florence, ou encore La Bataille de San Romano de Paolo Uccello lui inspirent une série d’aquarelles marquant les prémisses de sa transition vers l’abstraction figurative. « La Grande Bataille de 1962 remonte à cette époque, un tableau qu’il exposera en 1965 à l’occasion de sa première exposition individuelle à Paris à la Galerie Transposition. »

 

 

Un Nouveau Réalisme, à mi-chemin entre la figuration et l’abstraction

A mesure que les expositions se succèdent, de Paris à Milan, Bruxelles et Budapest, Béla Birkàs délaisse les taches expressionnistes qui caractérisaient sa première période abstraite, et réintègre des éléments figuratifs suggérant des personnages, objets ou animaux au gré de formes géométriques ou biomorphiques. « Les cercles colorés et les formes fluides qu’il emploie dans ses tableaux ne sont pas sans nous rappeler les éléments ludiques et oniriques que l’on retrouve dans les œuvres de Robert Matta et Joan Miró. » Partageant une même palette de couleurs vives, les peintures de Birkàs évoquent tour à tour les paysages oniriques de Matta et les pictogrammes énigmatiques de Miró. « Obsédé par un art basé sur la réflexion, Béla Birkàs n’apprécie pas l’art abstrait en tant que tel : il en prend le langage formel, mais en refuse le caractère « vide » et « inutile ». De cette recherche d’équilibre entre la liberté technique de l’abstraction et la volonté de raconter les pensées et les sentiments humains naissent les tableaux de la dernière période tels que Flying Omnies et Guernica du Vietnam. A travers des couleurs vives intensément affrontées et des images parfois cauchemardesques, l’artiste se compte parmi ceux que Jeanne Bessière définit comme les promoteurs d’un « Nouveau Réalisme », un art qui saisit le battement secret de la vie. » La Galerie Seiquer de Madrid lui consacre sa dernière exposition individuelle en juin 1973, deux mois avant sa mort à Paris où, en 2000, l’Institut hongrois lui rendra un vibrant hommage à l’occasion d’une rétrospective constituée de la collection de sa veuve. 

Enchérir | Suivez la vente du fonds d’atelier de Béla Birkàs le 26 septembre en live sur interencheres.com

Haut de page

Vous aimerez aussi