
L’Equipe vend ses photos sportives les plus mythiques
Vendredi à Paris et pour la première fois de son histoire, le journal « L’Équipe » met en vente de nombreux tirages issus de son fonds d’archives. Tennis, foot, cyclisme, automobile… Près de deux cents clichés seront proposés sous le marteau, de 600 euros jusqu’à 2 000 euros.
Balayer un siècle d’histoire du sport par le biais de la photographie. Telle a été l’ambition des équipes de la rédaction du quotidien sportif et de la maison Boisgirard-Antonini, qui se chargera de taper la vente le 9 octobre à Paris. Des mois et des heures de travaux ont été nécessaires afin de constituer le catalogue qui compte deux cents clichés. « Des tirages uniques, édités 1/1 et réalisés exclusivement pour la vacation à partir de négatifs jamais tirés par le passé », pointe le commissaire-priseur Pierre-Dominique Antonini. Un travail titanesque : suite à un déménagement des locaux de L’Équipe, un grand nombre d’archives photos ne pouvaient faire le déplacement et il a fallu numériser de nombreux tirages oubliés. Un patrimoine photo historique qui ne devait pas tomber dans l’oubli et que le journal a donc décidé de vendre. « Nous avons effectué un tri parmi plus de douze millions de photos. Cela représente le fonds de photographies de sport le plus important au monde », souligne de son côté François Gilles, rédacteur en chef photo du groupe L’Équipe.
Un siècle de photographies sportives
L’objectif de cette vente – la première qui rassemble autant de clichés de sport – est de mettre en avant la photographie sportive et plus largement le photojournalisme sportif. Car, s’il est vrai que la photographie, notamment moderne et contemporaine, est devenue un médium très plébiscité tant sous le marteau que dans des foires comme Paris Photo, elle laisse cependant très peu de place au sport. « Un état de fait regrettable », souligne François Gilles pour qui « les beaux clichés de sport méritent d’être valorisés, le sport ayant de tout temps fait partie de la photographie ». La preuve avec divers noms illustres du domaine tels que Doisneau, Cartier-Bresson ou Depardon. Tous, se sont prêtés au jeu du photojournalisme sportif en saisissant des instants, des visages émaciés, des mouvements et des émotions. Un avis partagé par Pierre-Dominique Antonini. Pour celui-ci, « le fonds d’archives du journal a une valeur patrimoniale importante. Ce n’est pas simplement une trace de l’actualité de l’époque mais un témoin de l’histoire du sport et de l’humanité avec des photographies à la fois esthétiques et historiques puissantes, des années 1920 jusqu’à aujourd’hui. Nous espérons que le photojournalisme soit vu comme un art à part entière », enchérit le commissaire-priseur.

Rafael Nadal, finale de Roland-Garros – 2005 © Richard Martin/L’Équipe 5 juin 2005. Estimation : 8 000-1 200 euros.
Tennis, foot, cyclisme, boxe… des clichés estimés de 600 à 2 000 euros
Qu’en est-il de la sélection ? « Nous avons évidemment sélectionné des sports qui plaisent aux français et qui sont chers à la mémoire collective de ces derniers comme le foot, le tennis ou le cyclisme », ajoute François Gilles. À retrouver donc, une quarantaine de tirages dédiés au tennis dont un cliché fort capté le 5 juin 1983 à Roland-Garros [image en Une]. Sur le court central, après avoir raté une première balle de match, Yannick Noah – les bras en l’air devant 15 000 spectateurs – remporte le tournoi parisien sur terre battue face à Mats Wilander (estimé 800-1 200 euros). Également des images de finales historiques : Borg-Connors à Wimbledon en 1978, remportée par « Iceborg » (800-1 200 euros), Borg-McEnroe toujours à Londres en 1980 (800-1 200 euros) ou la première victoire de Rafael Nadal – alors âgé de 19 ans – à Roland-Garros en juin 2005 (800-1 200 euros).
Du côté du foot, la vacation débutera par des photos de l’épopée française en Russie en 2018, dont celle du superbe arrêt décisif d’Hugo Lloris lors du quart de finale Uruguay-France (0-2) le 6 juillet 2018 (800-1 200 euros). Nombre de clichés feront la part belle au ballon rond avec des portraits de Cruyff, Maradona, Platini, Pelé ou Zidane et sa reprise de volée anthologique qui offrit le titre européen au Real Madrid en 2002 (1 200-1 500 euros).

Hugo Lloris, Uruguay-France – Coupe du monde 2018 © Franck Faugère/L’Équipe 6 juillet 2018. Estimation : 800 – 1 200 euros.
Le troisième gros volet de la vente concernera le cyclisme avec des photos de Raymond Poulidor, Jacques Anquetil, Louison Bobet sur le Tour de France, sur le Giro ou sur le Tour d’Espagne à travers les pentes et les cols montagneux. À noter par ailleurs le lot 141, un moment dramatique du Tour de France 2016 resté dans les esprits et capté par le photoreporter Bernard Papon où Christopher Froome – le maillot jaune de l’époque – court à pied, son vélo à la main à 1,5 kilomètre de l’arrivée après une chute (800-1 200 euros).

Christopher Froome au mont Ventoux – Tour de France 2016 © Bernard Papon/L’Equipe 14 juillet 2016. Estimation : 800 – 1 200 euros.
Enfin, d’autres disciplines seront mises à l’honneur dont la boxe avec un tirage de 1948 affichant Marcel Cerdan, le boxeur qui redonne le moral à la France d’après-guerre (800-1 200 euros), l’automobile avec un gros plan sur le mythe Ayrton Senna lors des essais du Grand Prix de Monaco en 1989 (600-800 euros), la voile avec un portrait saisissant de Florence Arthaud sur le départ de la Route du Rhum en 1986 (600-800 euros) et l’apnée avec le cliché surréaliste de Franck Seguin immortalisant Guillaume Néry et Arnaud Jérald dans les profondeurs, en apesanteur aux côtés d’une baleine (2 000-2 500 euros). Le Golf, l’athlétisme, le ski, la natation ou le rugby seront également de la partie.
En savoir plus | Voir toutes les photos de la vente du 9 octobre

Natation synchronisée, stage de l’équipe de France – 2014 © Franck Seguin/L’Équipe 13 juillet 2014. Estimation : 1 200 – 1 500 euros.
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