Les cercles d’influence de Geneviève Claisse
Trois toiles de Geneviève Claisse animeront les enchères les 1er et 8 juin à Paris. L’occasion d’un décryptage sur la carrière et la cote de cette peintre emblématique de l’abstraction géométrique.
La vocation picturale de Geneviève Claisse (1935-2018) serait née à la lecture de la revue Art d’aujourd’hui. Cette publication, parue entre 1949 et 1954, avait pour objectif de promouvoir l’abstraction géométrique. Une autre de ses inspirations serait sa rencontre avec Auguste Herbin, théoricien et praticien de l’abstraction. Plus simplement, elle disait d’elle-même : « Écolière, j’étais déjà abstraite ». Et ce qui est certain, c’est qu’elle expose ses premières œuvres en 1961, grâce à la galeriste parisienne Denise René, pionnière en matière d’art abstrait (elle a notamment contribué à faire connaître Victor Vasarely, Sonia Delaunay ou Piet Mondrian). Dans les années 1960, elle crée des séries autour de cercles (qui resteront sa forme de prédilection), de triangles et de carrés, explore le travail de la couleur et se démarque de l’influence d’Auguste Herbin et de Mondrian, ainsi qu’en témoignent les deux oeuvres, datées respectivement de 1960 et 1965, en vente chez Artcurial le 8 juin.
Abstraction, Op art et Art cinétique
A partir des années 1960, Geneviève Claisse se concentre sur l’épuration de ses créations, toujours géométriques, et juxtapose des formes simples en créant un contraste par des couleurs franches. Geneviève Claisse fait alors clairement partie des artistes inspirés par l’Art optique (Op Art) et l’Art cinétique. En 1967, le musée des Beaux-Arts de la Chaux-de-Fond expose ses œuvres des dix années précédentes, puis un collectionneur suisse expose à Zürich une trentaine de ses peintures acquises entre 1959 et 1967. À l’exposition de Montréal en 1967, elle réalise la décoration du bassin du pavillon français. La toile proposée aux enchères par la maison Verneuil le 1er juin appartient à cette période : titrée H nad, elle porte une étiquette de la galerie Denise René et la date de 1970.
La cote de Geneviève Claisse
L’acrylique de la vente de Verneuil est estimée 15 000 à 20 000 euros, un chiffre cohérent si l’on regarde quelques-unes de ses dernières adjudications : 22 000 euros pour une Composition de cercles en bleu chez Millon en juin 2021, 21 000 euros pour une autre composition chez Digard Auction en décembre 2022, les deux toiles étant datées de 1970. Ses dessins (gouache, papier, technique mixte) sont en général adjugés entre 400 et 3 000 euros selon leur taille et leur qualité, et ses sérigraphies et lithographies entre 300 et 500 euros. Artiste complète, Geneviève Claisse est également l’auteur de quelques sculptures géométrique en acier coloré, ou en bois peint avec un système d’éclairage mettant en valeur ses figures géométriques (autour de 4 000 euros au marteau pour ces tableaux en relief).
Dans les années 1980, Geneviève Claisse expose à Bruxelles, Milan, Paris, Rome, Zurich. Sa dernière exposition est une rétrospective accueillie en 2015 au musée Matisse du Cateau-Cambresis, pour laquelle elle conçoit une œuvre in situ. Elle préparait, juste avant son décès en 2018, une nouvelle exposition à Londres.