Le 21 janvier 2025 | Mis à jour le 24 janvier 2025

Louise Bouteiller, découverte d’une grande artiste

par Clémentine Pomeau-Peyre

Après Louise Moillon et ses natures mortes, c’est peut être au tour de Louise Bouteiller de connaître la célébrité, presque 200 ans après sa mort. La vente organisée par la maison Goxe & Belaïsch le 26 janvier à Enghien-les-Bains devrait apporter une première réponse.

 

C’est une artiste connue pour ses portraits, ou plus exactement une petite poignée de portraits connus qui lui sont attribués. Deux seulement ont été vus sur le marché de l’art au cours des 10 dernières années : un tableau représentant Césarine d’Houdetot, baronne de Barante, lisant Paul et Virginie acquis en 2017 par la National Gallery of Victoria (NGV) à Melbourne, et le Portrait d’homme en veste brune et écharpe blanche figurant dans la vente du 26 janvier à Enghien-les-Bains.  

Stéphane Pinta du cabinet Turquin s’est chargé de l’expertise du tableau : « Louise Bouteiller (1783-1828) est la fille d’un riche planteur de Saint-Dominique. Elle a appris la peinture auprès de Pierre Bouillon, lui-même élève de David ». A l’époque révolutionnaire et impériale française, l’éducation des filles progresse, et Louise Bouteiller fait partie des artistes bénéficiant de cette fenêtre. « Ses œuvres témoignent de la reconnaissance sociale qu’ont obtenue les femmes artistes entre la fin du XVIIIe siècle et le premier tiers du XIXe siècle, telle que l’a décrite récemment Severine Sofio dans son essai La parenthèse enchantée (2015) », détaille l’expert.

 

Louise Bouteiller (1783-1828), Portrait d’homme en veste brune et écharpe blanche. Huile sur toile toile d’origine de Belot, signée à gauche. 62 x 51 cm. Estimation : 10 000 – 12 000 euros.

 

Du style troubadour aux portraits politiques

Louise Bouteiller expose ensuite au Salon entre 1810 et 1827, d’abord des peintures à sujets historiques troubadour, puis des portraits. Car après la restauration de la monarchie, elle montre volontiers ses sympathies royalistes en travaillant sur des portraits grandeur nature de héros militaires royalistes contemporains. Prosper de Barante, mari de Césarine d’Houdetot, lui commande un portrait du général vendéen Louis de Frotté (le tableau est au musée d’Art et d’Histoire de Cholet). Et elle réalise également un portrait de la fille de Louis XVI et duchesse d’Angoulême Marie Thérèse (en mains privées). En 1824, Louise Bouteiller est nommée directrice de la peinture et du dessin à la maison de Saint-Denis qui accueille les filles d’officiers décorés de la Légion d’Honneur.

« Notre toile montre une proximité de style avec le baron Gérard, le portraitiste le plus apprécié sous l’Empire et la Restauration », analyse Stéphane Pinta. Le style est néoclassique, avec des couleurs subtiles, une pose naturelle et un regard plein d’émotion. L’expert avance prudemment que ce portrait a été jusqu’à aujourd’hui identifié comme étant celui de Jean-Antoine Claude, comte Chaptal de Chanteloup, chimiste et médecin français.

Ce n’est que depuis une petite dizaine d’années que le marché de l’art semble redécouvrir cette artiste. Confiant quant à la valeur du tableau estimé 10 000 à 12 000 euros, l’expert souligne qu’il s’agit d’une œuvre pouvant rivaliser avec les portraits des peintres hommes reconnus de la même époque, et qu’il est en excellent état.

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