Le 10 mai 2023 | Mis à jour le 10 mai 2023

Radimský, dans le sillage de Claude Monet à Giverny

par Diane Zorzi

Aux côtés d’une Adoration des mages de Sébastien Bourdon, le commissaire-priseur Philippe Thonier dévoilera aux enchères le 13 mai aux Andélys une toile de Václav Radimský, un peintre originaire de Bohème qui, installé près de Giverny, s’appropria avec virtuosité la leçon impressionniste. Un chef-d’œuvre rare sur le marché français estimé à plus de 30 000 euros.

 

Roseaux, joncs et nénuphars au bord de la Seine ; le motif aurait sans aucun doute séduit l’auteur des Nymphéas. Il fut exécuté autour de 1898-1902 aux abords de Giverny par Václav Radimský (1867-1946), un peintre originaire de Bohème qui établit son atelier à quelques kilomètres de celui de son ami et maître à penser, Claude Monet. Le fleuve, avec ses reflets miroitants, accueille la danse des roseaux et des joncs balayés par les vents – la nature, ses parfums, couleurs et bruissements, est le terrain de jeu privilégié de l’artiste qui, au gré d’une touche virevoltante, saisit l’impression fugace devant un motif en proie aux variations atmosphériques. « Sa touche est plus virevoltante que celle de ses confrères français impressionnistes », souligne l’expert Marc-Henri Tellier. Radimský s’est approprié avec virtuosité la leçon impressionniste pour livrer ici l’un de ses chefs-d’œuvre.

 

Radimský, de la Bohème à Giverny

Issu d’une famille d’avocats de Kolín, Radimský a rejoint Paris en 1890, après des études à Vienne et Munich auprès d’Eduard Peithner von Lichtenfels et Eduard Schleich. Il y est accueilli par la peintre tchèque Zdenka Braunerová qui lui présente les maîtres de l’école de Barbizon et de l’impressionnisme, à l’instar de Cézanne, avec qui il partage un atelier et qui le recommande en 1894 auprès de Claude Monet. Dès lors, Radimský fréquente assidument l’hôtel Baudy, une épicerie-buvette où fleurit une colonie d’artistes venus des quatre coins de l’Europe et des Etats-Unis dans l’espoir de rencontrer le chef de file de l’impressionnisme. « Comme pianiste, Radimský compte au nombre des animateurs des soirées avec les artistes présents, détaille l’expert. C’est là qu’il fait connaissance de sa future épouse, Louise Fromont, une Vernonnaise, modèle pour les peintres de Giverny, qu’il épouse en 1907, avec laquelle il a une fille unique qui meurt de la scarlatine quelques mois après sa naissance. »

 

Vaclav Radimsky (1867-1946), Roseaux, joncs et nénuphars au bord de la Seine près de Giverny, circa 1898-1902. Huile sur toile (d’origine) signée en bas à droite, 65 x 92 cm. Estimée entre 30 000 et 40 000 euros.

 

Le bateau-atelier de Radimský

Près de Giverny, Radimský acquiert « La Bergamotte », un vieux moulin dans le hameau du Goulet où il installe sa maison et un atelier flottant sur la Seine. Ainsi que Monet et son bateau-atelier, Radimský peut dès lors observer au plus près le fleuve majestueux qui lui est cher et en dépeindre les nuances. Mais le déclenchement de la Première Guerre mondiale met bientôt fin à l’idylle. En tant que citoyen d’un pays ennemi, Radimský est emprisonné. S’il est libéré grâce à l’intervention d’amis influents, dont Georges Clemenceau qui possède l’une de ses œuvres, il quitte finalement, non sans amertume, la France en 1918 avec sa compagne pour retrouver sa Bohème natale où il dépeindra, jusqu’à la fin de sa vie, la vallée de l’Elbe.

 

Un artiste rare sur le marché français

De son vivant, Radimský a exposé à maintes reprises au Salon des Artistes Français, de 1893 à 1900, date à laquelle il obtient la médaille de bronze à l’Exposition universelle de Paris. Ses œuvres sont également présentées à Londres, Vienne, Varsovie ou encore Prague où 88 tableaux sont exposés en 1899. Si en France le Musée Alphonse-Georges-Poulain à Vernon compte deux tableaux dans ses collections, ses œuvres sont conservées aujourd’hui essentiellement dans des collections privées en République Tchèque. La vente aux enchères orchestrée par Philippe Thonier le 13 mai aux Andélys constitue dès lors une rare occasion pour les enchérisseurs français d’acquérir une toile du maître impressionniste qui s’illustra, dans le sillage de Claude Monet, par sa virtuosité à saisir le monde flottant – « concentré sur les reflets sur l’eau, sur la surface d’eau en tant que telle, sur le temps qui s’écoule… C’est, soulignait l’historien de l’art Karel Srp, le trait principal de son œuvre : les reflets, l’effet de miroir, tous ces sujets qui expriment l’unité et l’intégralité de l’univers. »

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