
Tout le Moyen Âge flamboyant dans un tableau-reliquaire
[Lot du jour] Saint Louis, les croisades, les reliques et la Sainte-Chapelle, autant de termes évocateurs du faste de l’art sacré du Moyen Âge qui caractérisent un même objet : un somptueux tableau-reliquaire en argent émaillé du XIVe siècle, aussi rare que précieux. C’est à Alençon et sur le Live d’Interencheres qu’il sera mis en vente, samedi 6 février 2016, par Maître Patrice Biget, parmi plus de 250 objets du culte catholique.
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« Trop beau pour être vrai », le commissaire-priseur n’en cru pas ses yeux lorsqu’il vu ce tableau-reliquaire pour la première fois. Mais après avoir demandé l’avis de quelques confrères, d’un expert et l’analyse scientifique d’un laboratoire, il n’y a plus de doute possible : ce somptueux tableau-reliquaire en argent émaillé du XIVe siècle est un véritable trésor, authentique et unique en son genre. Acquis par héritage, parmi de nombreux objets sacrés provenant d’un couvent ayant fermé ses portes au début du XXe siècle, cet objet était estimé tout au plus à 500 euros par son propriétaire.
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À sa création, aux alentours de 1330, son rôle est exclusivement de renfermer de prestigieuses reliques ramenées des croisades par Saint Louis, au cœur de la Sainte-Chapelle (notamment des fragments de la Vraie Croix – croix sur laquelle le Christ aurait été crucifié – et la Sainte Éponge – qui aurait servi à désaltérer Jésus lors de sa crucifixion). C’est bien plus tard, au XVIe ou XVIIe siècle, qu’une poignée est ajoutée au revers de la plaque, transformant ainsi le reliquaire en baiser de paix, un instrument liturgique utilisé par les prêtres lors de l’Eucharistie.
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Façonné à Paris, à partir d’argent sculpté en très bas relief, ce tableau-reliquaire est recouvert d’émail de basse-taille (émaux translucides cuits sur une plaque de métal préalablement gravée et martelée). Cette technique siennoise, est généralement appliqué sur des plaquettes de petites tailles. Les grandes dimensions de ce tableau-reliquaire (17,5 par 12,8 cm) font donc de lui une pièce rare, à la « taille inhabituelle, un des plus grands qu’on connaisse », selon l’expert Gilles Bresset. L’émail de basse-taille étant réservé aux pièces d’orfèvrerie de grandes valeurs, l’expert affirme ainsi que c’est une « commande princière voire royale ». Thèse étayée par son style et son iconographie, un Christ en croix entouré d’instruments de la Passion, dont le dessin est attribué à Jean Pucelle, enlumineur et orfèvre à la Cour de Charles IV et Jeanne d’Evreux.
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La prisée de ce précieux lot n’a pas été aisée puisqu’il n’existe pas de précédent. Toutefois, son remarquable état de conservation ainsi que son intérêt historique et artistique ont permis au commissaire-priseur de l’estimer entre 80 000 et 100 000 euros, un prix qui pourrait bien être dépassé. Pour Maître Biget, ce tableau-reliquaire est un « lot rarissime qui va probablement intéresser de grands musées ». D’ailleurs, le Louvre aurait d’ores et déjà manifesté son intérêt et il ne serait pas impossible que le Metropolitan Museum of Art (New York) et le Musée de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg) le convoitent également.
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Lien vers l’annonce de la vente aux enchères
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