
Une surprenante collection de 130 chouettes aux enchères à Lyon
La maison de vente De Baecque présente aux enchères le 13 février à Lyon un curieux bestiaire : un ensemble de 130 sculptures en forme de chouettes, réalisées par un artiste passionné à partir de matériaux de récupération.
A l’origine, André Clair (1934-2021) n’est pas un artiste. Il est à l’initiative du musée du Verdus, qui rassemblait les outils et objets de la vie agricole entre 1800 et 1950. « Son idée était de transmettre son savoir autour de ces outils, avant qu’ils ne disparaissent complètement, et à la fermeture du musée, il a commencé à fabriquer ses chouettes. Une puis deux, puis trois… », précise Sophie Sesmat, l’experte de la vente du 13 février organisée par De Baecque et Associés à Villeurbanne. Pourquoi se focaliser sur la chouette ? « Parce qu’elle est justement le symbole de la transmission et de la sagesse. Dans la Grèce antique, elle était la messagère d’Athéna ».
Ce curieux bestiaire est entièrement composé de matériaux de récupération : des boutons, des égouttoirs, des poignées de portes ou des marmites. Dans chacun de ces objets récupérés, André Clair voyait quel type de chouette pouvait émerger. « Il les fabriquait une par une, leur taillait des pieds dans des pièces de bois, certaines font plus d’un mètre de haut, et d’autres sont minuscules », ajoute l’experte. Elle classe volontiers ce travail dans la tradition de l’art brut ou de l’art singulier. Le parcours d’André Clair rappelle ce type de démarche : il n’a pas suivi de formation artistique, mais travaillait quotidiennement sur ses rapaces, collectant des milliers d’objets pour les assembler. Sophie Sesmat raconte volontiers une anecdote montrant l’attachement de l’artiste à ses créations : « avant de partir pour une opération, il est allé dire au revoir à ses chouettes, et a affirmé à sa fille qu’il leur avait promis de revenir… ».
Le bestiaire d’André Clair, le bonheur des hululophilistes
« Cette sélection de 130 pièces n’est qu’un début, nous avons encore de quoi organiser quelques ventes avec ses réserves », annonce Sophie Sesmat. L’experte espère qu’elles trouveront leur place dans les intérieurs des collectionneurs hululophilistes, mais aussi en décoration d’entrées d’hôtels et de restaurants pour les plus grandes… En revanche, l’extérieur paraît exclu, les matériaux étant pour la plupart sensibles à la corrosion.
Une des difficultés de l’organisation de la vente a été de fixer une estimation pour ces sculptures inconnues sur le marché de l’art. « André Clair ne les a jamais exposées, et lorsqu’il ne les offrait pas à ses amis ou sa famille, il les vendait entre 50 et 100 euros. Nous avons décidé de partir de cette même estimation », explique l’experte. Elle est également à l’origine des prénoms donnés à chacune des chouettes. « C’était un peu compliqué de les lister en détail pour le catalogue, avec l’accord de la famille je leur ai attribué un nom à chacune… Il les plaçait dans sa maison ou dans son atelier de façon à ce qu’elles regardent vers la porte, s’amuse l’experte, donc à chaque fois que l’on entrait dans une pièce, des dizaines de chouettes vous regardaient ! »