Ils utilisent des abréviations parfois difficiles à comprendre, apprécient des pièces venues de périodes très anciennes ou au contraire contemporaines : les numismates sont toujours de fins connaisseurs dans leur domaine. Deux expertes décryptent ce marché de spécialistes.
Premier enseignement, la numismatique est un univers empreint de discrétion. « L’avantage des monnaies, c’est qu’elles ne prennent pas beaucoup de place, s’exclame l’experte Sabine Bourgey, et c’est souvent une passion secrète, que l’on garde au coffre… Rien à voir avec les collections de tableaux par exemple ». Trois belles collections vont cependant prendre la lumière dans les jours à venir : 225 monnaies de la collection Jean-Louis Noisiez dispersées chez Osenat le 23 novembre (c’est la première partie de cette vente, qui se poursuivra au printemps), une vente en deux parties les 6 et 7 décembre pour la collection Etienne Regnard orchestrée par la maison de vente Phidias, et les 3 500 pièces d’un amateur troyen chez Boisseau-Pomez le 2 décembre. A noter que le produit de cette dernière vente, estimé autour de 700 000 euros, sera entièrement reversé à l’Arche, organisation dévouée à l’amélioration de la qualité de vie des personnes en situation de handicap.
De Jean-Louis Noisiez à Etienne Regnard, des collections idéales
Françoise Berthelot Vinchon est l’experte des deux premières ventes : « Ces deux amateurs de longue date ont essayé de réunir une collection idéale, à la fois en termes de qualité et d’intérêt des pièces. Et ils rédigeaient tous les deux un petit texte pour chaque nouvelle acquisition, ils étaient des passionnés d’histoire ». Jean-Louis Noisiez a mené ses recherches de Crésus à Napoléon Ier, et Etienne Regnard est allé plus loin, avec des monnaies contemporaines. A retenir de ces deux ensembles, dans la vente Phidias, un décadrachme en argent de Syracuse, règne de Denys (406-367 av. J.-C.) estimé 100 000 à 120 000 euros, « en raison à la fois de sa rareté, de son état exceptionnel et de sa grande taille », détaille l’experte. Ou, de la même collection, un 100 Francs or de 1889, date de l’Exposition universelle et de la construction de la Tour Eiffel, exemplaire rare et en très bel état, estimé 9 000 à 10 000 euros. Et du côté des médailles, dans la vente du 7 décembre, une médaille deux tons dorée au mercure et illustrée du buste du Cardinal de Fleury (600 à 800 euros).
Les 3 500 pièces de l’amateur de Troyes seront dispersées en une seule vente, avec des lots. « La collection va des Carolingiens jusqu’au XXe siècle, et comporte une importante sélection d’essais, qui sont des prototypes et ont été édités à des quantités variables », présente Sabine Bourgey. Elle parle également de collection « à l’ancienne » dans laquelle la qualité n’a pas toujours primé sur l’exhaustivité de la collection, ce qui n’est plus le cas des amateurs d’aujourd’hui. Elle signale parmi l’ensemble de monnaies carolingiennes un denier frappé à Pavie époque Charlemagne en argent (800 à 1 000 euros), du côté des monnaies royales, le tout premier lot de la vente, un écu d’or à la chaise de 1303, règne de Philippe IV, en très bel état (4 000 à 5 000 euros), et pour la partie plus contemporaine un 100 Francs Génie parisien de 1887 : « il n’existe que 234 exemplaires de cette année-là, et l’édition suivante de 1894 ne comptera que 143 exemplaires ».
Un marché qui évolue au gré des effets de mode
Monnaies gauloises, grecques, romaines et royales : telles sont les recherches les plus courantes en numismatique. Mais les thèmes possibles sont infinis, y compris les plus spécialisés : les monnaies par ateliers, par symboles, par villes… Les deux expertes soulignent néanmoins qu’il existe des effets de mode sur ce marché, qui peuvent être liés au contexte international : l’ouverture du marché russe il y a quelques années a permis aux monnaies russes d’être davantage échangées, et pour l’anecdote, lorsque le film Gladiator est sorti, Sabine Bourgey a noté un engouement pour les monnaies romaines… Plus sérieusement, « c’est un marché très international, surtout pour les monnaies très anciennes, souligne l’experte, nous connaissons de grands collectionneurs de monnaies antiques américains, des amateurs de pièces Napoléon III japonais… »
Du côté de la pyramide des âges, les plus jeunes affichent une trentaine d’années, « souvent des passionnés d’histoire, avance la spécialiste, qui débutent avec de petits budgets, car il existe des pièces très intéressantes à moins de 300 euros ». De nationalité, d’âge, de pouvoir d’achat différent, ces numismates ont pourtant un point commun : ce sont pratiquement tous des hommes !
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