Napoléon triomphe toujours aux enchères : retour sur le personnage historique préféré des collectionneurs
par Arnaud de Gouvion Saint-Cyr
Plus de deux siècles après sa mort sur l’île de Sainte-Hélène, Napoléon suscite toujours la convoitise en salles des ventes. Retour sur un phénomène historique avec l’expert Arnaud de Gouvion Saint-Cyr.
Chapeau, mèche de cheveux, bottes, chemise et chaussettes, les effets personnels de Napoléon Bonaparte se disputent toujours aux enchères en France. Fétichisme pour certains, témoignages historiques de l’intimité de l’homme qui fit trembler l’Europe pour d’autres, ces souvenirs ne laissent personne indifférent. Encore moins les médias qui ont bien conscience de la notoriété mondiale du personnage et qui relaient régulièrement la vente de ses souvenirs.
Si un objet devait résumer cette ferveur, il s’agirait du chapeau de l’Empereur. Indissociables de la silhouette du petit caporal, les chapeaux lui ayant appartenu sont très rares en mains privées. Les deux ayant atteint des records d’enchères sont celui provenant des collections du Musée napoléonien de Monaco, adjugé 1 884 000 euros par Binoche-Giquello-Osenat en 2014, et celui de la collection Noisiez (ancienne collection Brunon) adjugé 1 932 000 euros chez Osenat en 2023.
Adjugé 1 932 000 euros Par la maison OSENAT le 19 nombre 2023 à FONTAINEBLEAU : LEGENDAIRE CHAPEAU DE L'EMPEREUR NAPOLEON IER,
DE FORME TRADITIONNELLE DITE A LA FRANÇAISE.
En feutre taupé dit en castor noir, orné de la cocarde tricolore, blanche au centre, puis bleue, puis rouge à l’extérieur.
Double ganse de soie noire maintenue par un bouton en bois brodé de fils de soie noir (usures)
La partie supérieure de l'aile de devant est renforcée à l'intérieur par une pièce cousue de feutre noir de 16,5 cm de long sur 3 cm de large, comme le sont tous les chapeaux de l'Empereur. Cette pièce de renfort permettant la prise en main ainsi que la bonne tenue.
Ce chapeau n’a plus de coiffe intérieure mais a conservé son bandeau de basane.
Epoque Premier Empire, vers 1810.
Aile arrière : 230 mm.
Aigle avant : 165 mm.
Largeur : 475 mm.
Mesure intérieure : 190 x 170 mm.
Diamètre de la cocarde : 50 mm. Largeur de la ganse : 10 mm.
Adjugé 1 884 000 euros Par les maisons OSENAT/GIQUELLO/BINOCHE le 16 nombre 2014 à FONTAINEBLEAU : Légendaire chapeau de l’empereur Napoléon Ier, de forme traditionnelle dite à la française, en feutre dit en castor noir, orné :
- d’une cocarde blanche, bleue et rouge au centre, (refaite postérieurement),
- d’une simple ganse de soie noire
- et d’un reste de bouton en bois dont la garniture n’est plus.
Ce bouton était d’origine recouvert de soie ou de crins noirs.
La partie supérieure de l’aile de devant est renforcée à l’intérieur par une pièce cousue de feutre noir de 16,5 cm de long sur 3 cm de large, comme le sont tous les chapeaux de l’Empereur.
Cette pièce de renfort permettant la prise en main ainsi que la bonne tenue.
Ce chapeau a conservé sa coiffe intérieure (ce qui est particulièrement rare).
Elle est en soie matelassée gris-vert, à trois piqûres concentriques dans le fond et des piqûres longitudinales sur les côtés. Sans cuir sur le pourtour (l’Empereur ne le supportait pas).
Longueur : 49 cm. Hauteur aile arrière : 20,7 cm. Hauteur aile avant : 15 cm. Diamètre intérieur : 56 cm.
Au plus près de l’Empereur : le marché des reliques
Le linge usuel de l’Empereur n’est pas en reste, et c’est toute la garde-robe rapportée par les compagnons d’infortune qui réapparait au gré des ventes. L es chemises sont les plus recherchées, plusieurs ont été adjugées en salles des ventes entre 50 000 et 100 000 euros. Ses bas ou ses mouchoirs oscillent quant à eux entre 5 000 et 15 000 euros.
Les mèches de cheveux qui, rappelons-le, ne sont pas touchées par le principe d’indisponibilité du corps humain (et donc l’interdiction de vente), se retrouvent également assez régulièrement en ventes publiques. Si de son vivant, l’Empereur n’aimait pas que l’on puisse récupérer des reliques, ses cheveux furent rasés à sa mort pour faire son masque mortuaire et furent partagés entre les compagnons de son exil. Aux enchères, on retrouve néanmoins certaines mèches prélevées du vivant de Napoléon et donc beaucoup plus rares, comme celle prise en 1815 à bord du Northumberland et adjugée 9 240 euros par Samuel Boscher en 2022, ou encore celle offerte au coiffeur Michalon par le valet Constant et vendue 18 750 euros par Osenat en 2019. Cette dernière mèche était accompagnée d’une lettre signée du valet de l’Empereur, expliquant la rareté de ces souvenirs : « Regardez ce cadeau pour très précieux, car je n’ai jamais voulu en donner malgré les demandes réitérées que l’on m’a faites. »
Il est à noter que les uniformes de l’Empereur et sa célèbre redingote n’ont pas été confrontés au feu des enchères : les seuls exemplaires connus sont conservés dans les musées nationaux ou dans les collections impériales.
Adjugé 88 200 euros Par la maison OSENAT le 16 novembre 2014 à FONTAINEBLEAU : PRECIEUSE CHEMISE DE L’EMPEREUR NAPOLEON IER, PORTEE A SAINTE-HELENE.
Modèle s’enfilant par la tête, en batiste, à encolure en V renforcée à la pointe à large col en pointe fermant par un petit bouton (manquant).
Longues manches à manchettes doublées en diagonale, fermant par deux boutonnières. Pans à deux longues ouvertures se terminant par deux triangles d’aisance. Pans arrière légèrement plus long.
En haut de l’ouverture du côté droit est brodé au fil de soie rouge le célèbre chiffre « N » sous couronne impériale.
Elle est authentifiée par un billet en carton à bordure dorée, manuscrit, collé sur le côté droit de la chemise, sur le devant :
« Chemise que l’Empereur Napoléon a porté à Ste Hélène. Elle a été donnée à Henry Bertrand par un article du testament de son père le Général Bertrand. (Signé)
Henry Bertrand (Daté) 2 9bre 1844.
Souvenir de bonne amitié à Feisthamel. »
Avec cachet de cire noire.
B.E. (quelques rousseurs)
Adjugé 18 750 euros Par la maison OSENAT le 7 juillet 2019 à FONTAINEBLEAU : Importante mèche de cheveux de l’Empereur Napoléon Ier, coupée de son vivant, provenant de son valet Constant. Présentée sous verre (devenu opaque), dans un médaillon cerclé de laiton, dans un important cadre en bois doré à décor d’aigles impériaux sur branches de feuilles de chêne et de laurier tenant par des rubans une couronne de feuilles de laurier présentant le médaillon. Le cadre dans sa partie basse présente la lettre de provenance de la mèche, à entête de la Garde Robe de S.M. L’EMPEREUR ET ROI, adressée « A Monsieur Michalon Rue Faideau (sic) En face du théâtre à Paris. » avec annotation « Constant ». « Vous trouverez ci/inclus, mon cher ami, des cheveux de S.M. l’Empereur comme je vous l’ai promis. Regardez ce cadeau pour très précieux, car je n’ai jamais voulu en donner malgré les demandes réitérées que l’on m’a faites. Agréez l’amitié la plus sincère de votre dévoué ami. Constant. Paris le 21 janvier 1811» 66 x 63 cm A.B.E. (accidents et manques au cadre, verres accidentés). Biographies : Louis Constant Wairy dit « Constant » naquit à Péruwelz (Belgique) en 1778. Il entra au service de Joséphine Bonaparte le 21 avril 1799.Plus qu’un valet, il était un collaborateur fidèle très apprécié de l’Empereur. Constant l’accompagna dans ses campagnes de 1805 à 1813, il était alors son premier serviteur. Il disparut lors de la 1ère abdication, et fut remplacé par Marchand.
Adjugé 9 240 euros Par ALLIANCE ENCHERES le 4 décembre 2022 à Cherbourg : Souvenir historique impérial du 1er Empire. Cheveux de l'Empereur Napoléon Ier, présentés dans un médaillon en or poinçonné à tête de bélier, à l'intérieur duquel est conservée une note manuscrite du Comte de Las Cases indiquant la provenance des cheveux : "Cheveux de Napoléon coupés à bord du Northumberland en 1815. A mon cher collègue et bon voisin Mangin d'Oins comme gage d'amitié et de bon souvenir, Passy 12 mai 1834 Cte de Las Cases". Bel état. Ep. 1er Empire. Provenance : Comte de Las Cases. 2,8 x 4 cm. Expert : M. FINCK Lionel - 0611945947.
Quand le personnage historique rencontre l’objet d’art
A côté de ces souvenirs personnels collectés par les proches de l’Empereur, les objets offerts par le souverain ou ceux utilisés pour son usage personnel sont particulièrement recherchés. Ils sont les symboles d’un artisanat français admiré dans toute l’Europe sous l’Empire. Ainsi en est-il des assiettes de Sèvres du service à dessert de l’Empereur dites « des quartiers généraux » qui sont des objets transversaux par excellence. Transversaux, parce qu’ils mêlent la céramique, la peinture et le souvenir historique. Ces assiettes ont été produites durant l’Empire par la Manufacture de Sèvres, alors à son apogée. Les centres étaient peints par les artistes de la Manufacture, sur des sujets définis par l’Empereur lui-même qui souhaitait « que parmi ces dessins, il n’y ait point de bataille ni de noms d’hommes mais qu’au contraire, les sujets n’offrent que des allusions très indirectes qui réveillent des souvenirs agréables ». Les thèmes évoqués sont dès lors napoléoniens et historiques. Parmi les dernières assiettes vendues aux enchères, on retrouvait pêlemêle la tente de l’Empereur en 1809, une vue de la rotonde d’Apollon au Louvre, la Manufacture de Sèvres ou encore l’entrevue avec le Tsar Alexandre Ier sur le radeau de Tilsitt. Le service connut une histoire agitée : il fut conservé par Louis XVIII qui fit ajouter son chiffre au dos des assiettes, puis emmené par l’Empereur à Sainte Hélène, qui en fit don à ses compagnons.
Les exemples de ce type d’objets impériaux et transversaux sont multiples. Un insigne de chevalier de la Couronne de Rue, le plus important ordre saxon, ayant appartenu à l’Empereur Napoléon Ier sera ainsi présenté aux enchères le 1er avril chez Artcurial . Il s’agit d’un ordre de chevalerie, mais surtout d’un souvenir historique. Ce bijou en or et émail fut pris dans l’une des berlines de l’Empereur Napoléon Ier par les prussiens, puis acheté par le Prince Louis II de Monaco, avant de rejoindre une collection privée après la dispersion des collections en 2014. A noter que l’orfèvrerie de l’Empereur par Biennais ou les boîtes de présent à son chiffre se retrouvent également régulièrement en salle des ventes, mêlant orfèvrerie et histoire.
Adjugé 512 500 euros Par la maison OSENAT le 16 novembre 2014 à FONTAINEBLEAU : Rare assiette du service dit « des quartiers généraux »
« Tente de l’empereur dans l’Ile de Lobau en 1809 » Rarissime assiette de Sèvres du service particulier de l’Empereur dit « des Quartiers généraux » , emmenée par l’empereur Napoléon Ier lors de son exil à Sainte-Hélène.
Marli orné d’une frise de glaives reliés par une suite de feuilles de laurier et enrichie d’étoiles, sur fond vert de chrome.
Centre peint par SWEBACH représentant le bivouac avec les tentes de l’Empereur, entourées de nombreux personnages à pied et à cheval. Au dos, au chiffre « LL » entrelacés et numéroté « N°14 ».
Diam. : 23,6 cm. B.E. Travail de la Manufacture impériale de Sèvres. Vers Mars 1810.
Adjugé 306 250 euros Par la maison OSENAT le 2 juillet 2017 à FONTAINEBLEAU : Rare assiette à dessert du service particulier dit «des quartiers généraux». «La Frégate La Muiron débarquant à Ajaccio avec le Général Bonaparte en octobre 1799» Rarissime assiette de Sèvres du service particulier de l'Empereur dit «des Quartiers généraux», emmenée par l'empereur Napoléon Ier lors de son exil à Sainte-Hélène. Marli orné d'une frise de glaives reliés par une suite de feuilles de laurier et enrichie d'étoiles, sur fond vert de chrome. Centre peint et signé de Jean François ROBERT représentant larrivée de la Frégate La Muiron dans la ville natale de lEmpereur, lors du retour de la Campagne dEgypte. Dos au chiffre «LL» entrelacés et numéroté «N°45», en creux. Restes de marquages de Sèvres «30-32». Diam.: 23,6 cm. B.E. Travail de la Manufacture impériale de Sèvres. Peint entre Avril et juillet 1808.
Adjugé 243 750 euros Par la maison OSENAT le 5 mai 2021 à FONTAINEBLEAU : RARE ASSIETTE A DESSERT DU SERVICE PARTICULIER DIT «DES QUARTIERS GENERAUX».
«Le Grand Frédéric et ses lévriers dans les jardins du Palais de Sans-Souci à Potsdam. » Rarissime assiette de Sèvres du service particulier de l'Empereur dit «des Quartiers généraux», emmenée par l'empereur Napoléon Ier lors de son exil à Sainte-Hélène. Marli orné d'une frise de glaives reliés par une suite de feuilles de laurier et enrichie d'étoiles, sur fond vert de chrome.
Le fond est peint par Swebach d’une vue de la façade du Palais de Sans-Souci côté jardin. Le Roi Frédéric II est assis sur la terrasse, jouant avec trois chiens. Au fond, on peut apercevoir le moulin à vent du Parc.
Gravé au dos du chiffre «LL» entrelacé et numéroté «N°68», marque en creux « LD 7 ». Diam.: 23,3 cm.
B.E. Travail de la Manufacture impériale de Sèvres. Mars 1808.
Estimé 30 000 € - 50 000 € Par Artcurial à Paris le 01/04/2025 : ROYAUME DE SAXE ORDRE DE LA COURONNE DE RUE, institué en 1807
Bijou de chevalier ayant appartenu à l’Empereur Napoléon Ier et pris dans sa berline après la bataille de Waterloo
En or émaillé.
Croix à quatre branches à doubles pointes émaillées vertes pales, bordées d’un filet blanc.
Chaque branche est reliée à l’autre par des fleurons en or ciselé. Avers du centre marqué à l’or du chiffre du roi fondateur « FA » sous couronne et entourée d’une frise de trèfles émaillés verts.
Revers marqué à l’or de la devise de l’ordre « PROVIDENTIAE MEMOR » entourée d’une frise de trèfles émaillés verts.
Anneau de suspente transversal.
Écharpe en moire verte, froncée, avec attache en soie verte.
Diam. (bijou) : 7,5 cm - Poids brut : 32 g
T.B. (Éclats sur trois branches à l’avers et revers) Époque Premier Empire
Provenance :
- Appartenait à l’empereur Napoléon Ier.
- Prise dans la berline de l’Empereur à Waterloo.
- Donnée après la bataille de Waterloo, par le maréchal Blücher au Major-général Wilhem Benjamin van Panhuys, représentant les Pays Bas à l’État-major de Blücher, puis descendance.
- Acquis par le prince Louis II de Monaco.
- Vente de la collection napoléonienne du Palais Princier de Monaco (2e vente, lot 123)
Était mentionnée dans les archives du Musée napoléonien de Monaco la traduction du certificat donné par G.E.A. van Panhuys, fils du général :
« Je soussigné G.E.A. van Panhuys, Lieutenant-général, en retraite, Aide de camp en service extraordinaire de S.M. le Roi des Pays Bas déclare que : Fils unique du major général W.B. van Panhuys, de son vivant gouverneur du Surinam (actuelle Guyane hollandaise), décédé en 1816, possède en tant qu’héritier une partie des décorations qui ont été trouvées après la bataille de Waterloo dans la voiture de voyage de l’Empereur Napoléon I, et qui ont été données par le Maréchal Prince Blücher au susdit Major Général. Celui-ci avait pris part aux batailles de Ligny et de Waterloo auprès du Maréchal en qualité de Commissaire de S.M. me Roi des Pays-Bas. Ce don a été remis au Général-major van Panhuys ainsi que le prouve la copie de l’ordonnance du Roi de Prusse datée du 3 mai 1815 et la lettre du même datée de Paris le 28 août 1815. Les six décorations suivantes qui avaient appartenu autrefois à l’empereur Napoléon I qui sont venues en possession du Général Van Panhuys.
1- Plaque de la Légion d’honneur.
2- Plaque de l’ordre danois de l’Oliphant (sic)
3- Bijou de l’Ordre saxon de la Couronne de la Rue avec le grand ruban vert.
4- Plaque de l’ordre wurtembergeois de l’Aigle d’Or dit « Jagdorden »
5- Bijou de cet ordre.
6- Plaque de l’ordre badois « Pour le Mérite ».
A knight decoration of the Street Crown, given by the King of Saxony to the Emperor Napoleon I, in gold and enamel
Commentaire :
Seulement onze français furent décorés de l’ordre qui sera le plus prestigieux ordre saxon jusqu’à sa disparition en 1918.
Napoléon Ier fut nommé chevalier le 20 juillet 1807 par le Roi Frédéric Auguste de Saxe et décoré par le Roi à Dresde. Ce dernier fut fait grand aigle de la Légion d’honneur.
Le lieutenant général von Funck notera dans ses mémoires :
« L’effet produit était assez bizarre : le long cordon vert du roi allait presque aux genoux de l’Empereur, tandis que Frédéric Auguste portait le cordon rouge de Napoléon très court, à la manière d’une cartouchière. »
Œuvre en rapport :
- La plaque de l’ordre, fabriquée par Biennais, fut donnée par Blücher au lieutenant von Wussow (1792-1887). Conservée dans une collection particulière et exposée au musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie
Exposition et bibliographie :
- Jean Tulard (sous la direction de), La Berline de Napoléon – Le mystère du Butin de Waterloo, reproduit au catalogue, p.216-219, Albin Michel, 2012.
Contexte :
Le soir du 18 juin 1815, l’Empire s’écroule.
C’est la fin d’une aventure hors du commun qui se termine avec la retraite généralisée de l’armée française sur le champ de Waterloo, parfois en bon ordre, parfois dans le chaos, face aux anglo-prussiens victorieux.
L’obsession des vainqueurs est de capturer l’Empereur des français sur le champ de bataille, mais Napoléon leur échappe.
Toutefois, sur la chaussée de Genappe, dans le chaos ambiant, les prussiens s’emparent d’un grand nombre de voitures.
Les équipages de l’Empereur sont constitués de deux voitures, plus trois autres appartenant à la Maison de l’Empereur.
En tout quatorze voitures sont mobilisées pour la campagne de Belgique, certaines appartenant au Trésor impérial, d’autres à des officiers supérieurs. Seulement neuf rentrèrent de la campagne.
Parmi les cinq voitures prises, deux appartiennent à l’Empereur Napoléon Ier, une dormeuse et un landau : le mythe de la « Berline de Waterloo » est né.
Dans ces voitures furent pris un grand nombre d’objets personnels de l’Empereur : des armes, des pièces de son orfèvrerie de campagne et sans doute la partie la plus symbolique du butin : ses ordres de chevalerie. Ces derniers objets représentaient tout ce que les Alliés haïssaient en Napoléon : l’histoire d’un jeune officier corse ayant su s’élever par le mérite et parlant d’égal à égal aux souverains européens de vieilles lignées.
Le destin de ce butin est un livre d’histoire à lui seul : les objets furent pour certains offerts au général Blucher dont l’épée, le chapeau et l’uniforme de l’Empereur selon les témoignages du temps. Certaines pièces furent conservées par les officiers ayant participé au pillage.
La majeure partie des ordres de chevalerie furent conservées à Berlin au Zeughaus jusqu'à la deuxième guerre mondiale (l’ordre de la Couronne de Rue ne faisait pas partie des pièces présentes puisque offert par le général Blucher au Major général van Panhuys) Le butin de la berline continua son histoire tortueuse puisque la majeure partie des pièces furent convoyées depuis l’Allemagne jusqu’à Moscou en mai 1946 où ces ordres sont conservés de nos jours au musée historique de Moscou : « Vae Victis » !
Quelques rares pièces, exceptionnelles, restent de nos jours en mains privées, dont notre bijou de chevalier de la Couronne de Rue (également nommé Couronne de Saxe) .
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Les armes personnelles du souverain atteignent elles aussi des sommets en vente publique, à l’instar du sabre de l’Empereur Napoléon Ier à Marengo qui a établi un record en 2007 chez Osenat. Réalisé par Boutet à la Manufacture de Versailles et provenant des descendants de son frère Jérôme Bonaparte, à qui l’Empereur l’avait offert vers 1805, ce sabre a été vendu pour 4,8 millions d’euros aux enchères. Là encore, l’objet d’art d’exception rencontre l’illustre provenance. Il en est de même pour le coffret nécessaire de deux pistolets réalisés par Gosset et ayant appartenu à l’Empereur Napoléon Ier qui a trouvé preneur à 1,69 million d’euros en 2024 lors d’une vente organisée par Rossini et Osenat. Il avait été offert par Napoléon au général Armand de Caulaincourt, duc de Vicence, dans la nuit du 12 au 13 avril 1814. La raison d’un tel résultat ? Une belle qualité d’exécution, mais surtout une histoire exceptionnelle racontée par le général de Caulaincourt lui-même : l’Empereur aurait voulu mettre fin à ses jours avec ces armes avant d’opter pour le poison. La tentative n’aboutira pas et Napoléon fera don de ses pistolets à son ami.
France, époque Premier Empire (vers 1810-1812). Coffret de pistolets réalisé par Gosset, plaqué en ronce de noyer, intérieur en velours brodé. Contenant deux pistolets richement décorés. Adjugé 1 690 000 euros par la maison Osenat, à Fontainebleau, le 7 juillet 2024.
La provenance, clé de voûte d’un marché exigeant
La provenance et la traçabilité dans le temps de ces objets personnels de l’Empereur Napoléon Ier sont extrêmement importantes, à l’image des autres secteurs du marché de l’art. Ainsi, le linge intime et nombre de souvenirs personnels viennent des compagnons de l’exil de Sainte Hélène qui se partagèrent les derniers effets de l’exilé. Ce sont leurs noms que l’on retrouve pour la provenance de ces souvenirs : les généraux Bertrand, Gourgaud, Montholon, le valet Marchand ou les serviteurs plus modestes comme Ali ou les frères Archambault.
Les souvenirs plus importants furent quant à eux inventoriés par Napoléon durant son exil et légués par son testament à sa mère, ses frères et sœurs d’une part ; et à son fils le Roi de Rome d’autre part. Ce dernier leg ne put être honoré – le jeune homme meurt prématurément en 1832, et les objets sont donnés en partie à la famille Bonaparte.
Maints souvenirs importants de l’Empereur Napoléon Ier se trouvent aujourd’hui dans la descendance des familles des dignitaires et artisans du Premier Empire. Ainsi en est-il d’une modeste feuille de lauriers de la couronne du Sacre de quelques grammes qui, provenant des descendants de l’orfèvre Biennais, fut adjugée pour près de 650 000 euros par Osenat en 2017. L’Empereur n’a pas fini de faire parler de lui…
Exceptionnelle feuille de laurier provenant de la Couronne qui sera portée lors du sacre de l’empereur Napoléon Ier (1804). En or, à bords mouvementés, et fines nervures ciselées. Long : 9,2 cm. Largeur maximale : 2,5 cm. Poids net : 10 gr. 1804. Adjugé 625 000 euros par la maison Osenat le 19 novembre 2017 à Fontainebleau.
Tour d’horizon de la prochaine vente Artcurial dédiée à Napoléon…
Estimé 30 000 € - 40 000 € Par Artcurial à Paris le 01/04/2025 : RARE DRAPEAU MODÈLE 1804 DU PREMIER BATAILLON DU 111e RÉGIMENT D’INFANTERIE DE LIGNE
Fabrication de Challiot
Biface, en soie peinte, à décor de coins bleus et rouges en opposition, peints à l’or d’une couronne de lauriers au numéro du régiment (III).
Le centre est losangique, blanc, peint à l’or dans un entourage de lauriers, à l’avers :
« L’EMPEREUR DES FRANÇAIS AU IIIME REGIMENT D’INFANTERIE DE LIGNE »
Et au revers :
« VALEUR ET DISCIPLINE IER BATAILLON ».
Présenté dans un cadre biface pivotant en bois et stuc doré à décor d’étoiles et de fleurettes surmonté d’un médaillon au chiffre « N » de l’Empereur.
Monté sur socle à pans de style Empire, peint façon marbre vert et décoré de motifs et frises de palmettes en stuc doré.
Dimensions (drapeau) : 79 x 79 cm
Hauteur totale avec présentoir : 2m33
A.B.E. (Usures et restaurations principalement au revers) Utilisé de 1804 à 1812.
Bibliographie :
- Pierre Charrie, Drapeaux et étendards de la Révolution et de l’Empire, Copernic, 1982, p.126 et s. .
Le drapeau du 111e de ligne des collections du Musée napoléonien de Monaco est bien référencé p. 213.
Nota l’aigle du régiment est dans les collections du musée de l’Armée.
- Sur l’historique du régiment, E.FIEFFE « Histoire des troupes étrangères au service de France », volume 2, 1854.
Provenance :
Ancienne collection napoléonienne du Palais Princier de Monaco (1ère vente, lot 202)
A rare 1804 model flag from the First Bataillon of the 111th regiment of infantry. In painted silk, manufactured by Challiot
Commentaire :
L’Empire proclamé, le Conseil d'État présente les nouveaux symboles le 12 juin 1804 à l'Empereur. Les piques des drapeaux sont remplacés par des aigles impériales, et le 8 août 1804, l'administration de guerre fait adopter un nouveau modèle de drapeaux hérité des drapeaux de la République.
Ce modèle 1804 sera fabriqué par les maisons Challiot et Picot avec quelques petites différences entre les deux fabrications.
Fondé sur les débris de l’armée du Roi de Sardaigne d’après son historique, et à fort recrutement piémontais, le 111e de ligne va se distinguer durant les grandes batailles, notamment à Austerlitz où, au sein de la brigade Lochet, il repousse Langeron sur Sokolnitz. À Iéna, où commandé par le colonel Gay, il se met en valeur au sein de la division Friant. Le 111e est toujours présent à Pultusk et Golymin (1807). A Friedland le régiment subit des pertes importantes. Il est présent et combat à Eckmühl et Wagram.À la Moskowa, le régiment attaque la redoute de Semenowskoi.
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Estimé 30 000 € - 40 000 € Par Artcurial à Paris le 01/04/2025 : L’EMPEREUR NAPOLEON Ier Tabatière de présent au chiffre de l’Empereur Napoléon Ier d’époque Premier Empire
En or à angles coupés, décoré sur le couvercle et les flancs de cartouches décorés à fond de treillages bordés de filets de feuillages et de frises sur fond d’émail bleu. Les pans ornés de palmettes à fond émaillé bleu.
Le couvercle orné du chiffre impérial « N » feuillagé dans un encadrement de feuilles de lauriers.
Gravée sur le bord du couvercle à l’intérieur « Marguerite Joaillier de la Couronne de leurs Majestés Impériales et Royales ».
Poinçon d’or de petite garantie et numéro 462
Poinçon à tête de bébé de 2e titre, poinçon d’essai apposé sur la production de luxe.
Poinçon d’orfèvre d’Étienne Lucien BLERZY
Poids : 153 g
H. : 1,5 cm – l. : 9 cm – P. : 5,5 cm
B.E. (Petits éclats d’émail)
Bibliographie :
A. MAZESENCIER, Les fournisseurs de Napoléon Ier et des deux impératrices, Laurens, Paris, 1893.
Provenance :
- Collection du colonel Duval, petit- fils de l’intendant Duval, et aide
de camp de l’empereur Napoléon III
- Ancienne collection napoléonienne du Palais Princier de Monaco (1ère vente, lot 185)
- D’après les inventaires des collections du Musée napoléonien de Monaco, cette boite aurait été offerte par l’Impératrice Joséphine à Napoléon Ier.
A gold snuffbox, decorated on the lid with an “N”
Commentaire :
Napoléon reprend la tradition des tabatières de présent offertes en cadeau diplomatiques, en récompense ou en signe de reconnaissance. À cet égard, il commande des tabatières en or aux grands orfèvres de l'époque Nicolas Marguerite, Etienne Nitot ou Etienne Lucien Blerzy. On notera que pour notre tabatière, Marguerite sous traite sa production à Blerzy, surement pour répondre à la commande de 100 tabatières passées par l’Empereur en 1806. Cette dernière lui permet d'assurer une diffusion dans l'Europe entière.
Ce type de boîte en or chiffrée (avec ou sans couronne), est donné sous le Consulat (avec le chiffre "RF") et sous l'Empire, principalement aux ministres et souverains étrangers. On retrouve différents types, ornées de portraits ou du chiffre impérial et parfois agrémentées de diamants pour les plus luxueuses.
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Estimé 20 000 € - 30 000 € Par Artcurial à Paris le 01/04/2025 : DRAGEOIR EN VERMEIL AUX ARMES DE NAPOLÉON Ier, ROI D'ITALIE
Par Martin-Guillaume BIENNAIS, Paris (1805-1809)
Reposant sur un piédouche orné d’une frise de feuilles de lauriers. Le bas du corps plaqué de frises de feuilles entre une frise cordée et une frise perlée. Le haut du corps appliqué de quatre têtes d’Empereur et d’Impératrice à l'Antique et des grandes armes de Napoléon roi d’Italie, ceintes du collier de la Légion d’honneur.
Les anses attachées au corps par deux médaillons à têtes de femme dans un cadre rayonnant. Le couvercle uni, la prise en ébène en forme de gland reposant sur une terrasse de feuilles de laurier amaties.
H. : 15 cm – l. : 17 cm
Poids brut : 466 g
B.E.
Poinçons :
Sous la base : Poinçon de l'orfèvre Martin-Guillaume BIENNAIS et poinçon tête de femme grecque.
Sur le bord du pied : deux poinçons d’orfèvres dont un peu lisible.
Sur la bâte du pied : poinçon de garantie Paris 1798-1809.
Poinçon de contrôle (charançon).
Au col : poinçon de titre Paris 1798-1809 et poinçon de contrôle (charançon).
A l’intérieur du couvercle : poinçon tête de femme grecque.
Sur la bâte du couvercle : poinçon de contrôle (charançon) et la garantie.
Poinçons d’orfèvre manquant sur le couvercle et petit manque d’ébène à la base de la prise.
Provenance :
Ancienne collection napoléonienne du Palais Princier de Monaco (1ère vente, lot 167)
A silver-gilt drageoir applied with the arms of Napoleon King of Italy
Œuvre en rapport :
Une verseuse transformée en chocolatière aux armes de Napoléon Roi d’Italie, avec un décor proche, conservée au Musée du Louvre, inv. OA 10270.
Commentaire :
Martin-Guillaume Biennais
Deux orfèvres émergent nettement sous l’Empire à Paris, deux orfèvres que tout sépare : Jean-Baptiste-Claude Odiot et Martin-Guillaume Biennais.
Si le premier est issu d’une dynastie remontant à la fin du XVIIe siècle qui se poursuivra après lui jusqu’au début du XXe siècle, le second est un phénomène à part. Fils d’un laboureur de l’Orne, il naît le 29 avril 1764. Sa vie et son œuvre sont beaucoup mieux connues depuis l’étude approfondie que lui a consacrée Anne Dion-Tenenbaum, conservateur des Objets d’Art au musée du Louvre. Après avoir été qualifié domestique puis tourneur à Argentan (en 1785), on le voit réapparaitre en 1788 à la tête d’un commerce de tabletterie situé 510 rue Saint-Honoré, près du Pavillon de Marsan du Louvre. Son atelier ne variera pas d’adresse, seule la numérotation de la rue sera modifiée : 119-121 puis 281-283 et enfin 171-173. Cet atelier est toujours visible et est occupé de nos jours par un magasin de faïences.
Dès 1791, l’atelier qui porte le nom étrange « Au Singe Violet » montre une étonnante prospérité. L’année 1799 va consacrer son heure de gloire : le jeune général Bonaparte (28 ans) franchit la porte de l’atelier et prie le tabletier de lui fournir divers objets pour ses campagnes. Alors que tous se concurrents avaient refusé, Biennais avec un sens aigu du commerce qui ne le quittera jamais, accepte cette commande, tout en sachant qu’elle ne sera honorée que plus tard. Le résultat, spectaculaire, est que, dès 1804, Biennais est nommé officiellement « orfèvre de Sa Majesté l’Empereur ». Ce n’est qu’en 1801 ou 1802 que Biennais insculpe son poinçon d’orfèvre. Là encore, nouvelle singularité : il est le seul orfèvre parisien de tous les temps à n’utiliser qu’une seule lettre dans son poinçon de maître, un B pour Biennais. Et son différent (symbole inhérent à chaque orfèvre, placé entre les initiales de l’l’orfèvre) est naturellement un singe, assis, tourné vers la gauche.
Biennais saura s’appuyer sur les dessins des grands architectes de son temps, en particulier Percier mais aussi Fontaine. Son atelier emploie près de 200 collaborateurs (certains avancent même le chiffre de 600).
Naturellement, après Waterloo, les commandes de la Cour cessent brusquement et ce sont les cours européennes qui vont les pallier : Russie, Wurtemberg…
A la fin de l’année 1821, n’ayant ni fils ni gendre, il cède son atelier à Jean-Charles Cahier et va dorénavant gérer son patrimoine immobilier considérable, se partageant entre son château de la Verrière au Mesnil St Denis et Paris. Après sa mort, en 1843, sa veuve acquerra une maison à Yerres, aujourd’hui musée, qui sera reprise pendant près de 20 ans par le peintre Caillebotte.
Sous l’Empire, à l’instar de l’Empereur, tous les membres de la famille impériale vont confier leurs commandes à Biennais, et Odiot aura bien de la peine à faire entendre sa voix aux Tuileries. Seule Madame Mère succombera à ses sirènes. Tous les autres membres vont confier à Biennais leurs commandes, en prenant soin, pour chacun, de mettre en avant l’animal « fétiche » choisi par eux : le cygne pour l’Impératrice, l’abeille et l’aigle pour l’Empereur, le papillon pour Pauline Borghèse, sœur de l’Empereur etc…
Lorsque, en mai 1805, Napoléon s’arroge le nouveau royaume d’Italie, Biennais profite à nouveau de ses largesses. Cependant, seul un très petit nombre de pièces portent encore les armes de Napoléon comme roi d’Italie. En effet, la majorité ayant été expédiée à Vienne lors de la chute de l’empire, l’empereur d’Autriche décide de faire enlever es armes impériales et de les remplacer par les siennes. Ce service est aujourd’hui encore visible à la Hofburg.
Parmi les quelques pièces ayant résisté à ce retour de destinée, une cafetière transformée en chocolatière figure parmi les collections du Louvre (Inv. OA 10270). Anne Dion signale aussi dans son ouvrage un plateau et une cafetière à ces mêmes armes, illustrés dans Connaissance des Arts, novembre 1966, p. 84. Ledit plateau, provenant de la collection Albert Frère, a été vendu le 16 novembre 2005 (lot 97) par Sotheby's Genève (Collection Diane).
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Estimé 30 000 € - 50 000 € Par Artcurial à Paris le 01/04/2025 : ROYAUME DE SAXE ORDRE DE LA COURONNE DE RUE, institué en 1807
Bijou de chevalier ayant appartenu à l’Empereur Napoléon Ier et pris dans sa berline après la bataille de Waterloo
En or émaillé.
Croix à quatre branches à doubles pointes émaillées vertes pales, bordées d’un filet blanc.
Chaque branche est reliée à l’autre par des fleurons en or ciselé. Avers du centre marqué à l’or du chiffre du roi fondateur « FA » sous couronne et entourée d’une frise de trèfles émaillés verts.
Revers marqué à l’or de la devise de l’ordre « PROVIDENTIAE MEMOR » entourée d’une frise de trèfles émaillés verts.
Anneau de suspente transversal.
Écharpe en moire verte, froncée, avec attache en soie verte.
Diam. (bijou) : 7,5 cm - Poids brut : 32 g
T.B. (Éclats sur trois branches à l’avers et revers) Époque Premier Empire
Provenance :
- Appartenait à l’empereur Napoléon Ier.
- Prise dans la berline de l’Empereur à Waterloo.
- Donnée après la bataille de Waterloo, par le maréchal Blücher au Major-général Wilhem Benjamin van Panhuys, représentant les Pays Bas à l’État-major de Blücher, puis descendance.
- Acquis par le prince Louis II de Monaco.
- Vente de la collection napoléonienne du Palais Princier de Monaco (2e vente, lot 123)
Était mentionnée dans les archives du Musée napoléonien de Monaco la traduction du certificat donné par G.E.A. van Panhuys, fils du général :
« Je soussigné G.E.A. van Panhuys, Lieutenant-général, en retraite, Aide de camp en service extraordinaire de S.M. le Roi des Pays Bas déclare que : Fils unique du major général W.B. van Panhuys, de son vivant gouverneur du Surinam (actuelle Guyane hollandaise), décédé en 1816, possède en tant qu’héritier une partie des décorations qui ont été trouvées après la bataille de Waterloo dans la voiture de voyage de l’Empereur Napoléon I, et qui ont été données par le Maréchal Prince Blücher au susdit Major Général. Celui-ci avait pris part aux batailles de Ligny et de Waterloo auprès du Maréchal en qualité de Commissaire de S.M. me Roi des Pays-Bas. Ce don a été remis au Général-major van Panhuys ainsi que le prouve la copie de l’ordonnance du Roi de Prusse datée du 3 mai 1815 et la lettre du même datée de Paris le 28 août 1815. Les six décorations suivantes qui avaient appartenu autrefois à l’empereur Napoléon I qui sont venues en possession du Général Van Panhuys.
1- Plaque de la Légion d’honneur.
2- Plaque de l’ordre danois de l’Oliphant (sic)
3- Bijou de l’Ordre saxon de la Couronne de la Rue avec le grand ruban vert.
4- Plaque de l’ordre wurtembergeois de l’Aigle d’Or dit « Jagdorden »
5- Bijou de cet ordre.
6- Plaque de l’ordre badois « Pour le Mérite ».
A knight decoration of the Street Crown, given by the King of Saxony to the Emperor Napoleon I, in gold and enamel
Commentaire :
Seulement onze français furent décorés de l’ordre qui sera le plus prestigieux ordre saxon jusqu’à sa disparition en 1918.
Napoléon Ier fut nommé chevalier le 20 juillet 1807 par le Roi Frédéric Auguste de Saxe et décoré par le Roi à Dresde. Ce dernier fut fait grand aigle de la Légion d’honneur.
Le lieutenant général von Funck notera dans ses mémoires :
« L’effet produit était assez bizarre : le long cordon vert du roi allait presque aux genoux de l’Empereur, tandis que Frédéric Auguste portait le cordon rouge de Napoléon très court, à la manière d’une cartouchière. »
Œuvre en rapport :
- La plaque de l’ordre, fabriquée par Biennais, fut donnée par Blücher au lieutenant von Wussow (1792-1887). Conservée dans une collection particulière et exposée au musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie
Exposition et bibliographie :
- Jean Tulard (sous la direction de), La Berline de Napoléon – Le mystère du Butin de Waterloo, reproduit au catalogue, p.216-219, Albin Michel, 2012.
Contexte :
Le soir du 18 juin 1815, l’Empire s’écroule.
C’est la fin d’une aventure hors du commun qui se termine avec la retraite généralisée de l’armée française sur le champ de Waterloo, parfois en bon ordre, parfois dans le chaos, face aux anglo-prussiens victorieux.
L’obsession des vainqueurs est de capturer l’Empereur des français sur le champ de bataille, mais Napoléon leur échappe.
Toutefois, sur la chaussée de Genappe, dans le chaos ambiant, les prussiens s’emparent d’un grand nombre de voitures.
Les équipages de l’Empereur sont constitués de deux voitures, plus trois autres appartenant à la Maison de l’Empereur.
En tout quatorze voitures sont mobilisées pour la campagne de Belgique, certaines appartenant au Trésor impérial, d’autres à des officiers supérieurs. Seulement neuf rentrèrent de la campagne.
Parmi les cinq voitures prises, deux appartiennent à l’Empereur Napoléon Ier, une dormeuse et un landau : le mythe de la « Berline de Waterloo » est né.
Dans ces voitures furent pris un grand nombre d’objets personnels de l’Empereur : des armes, des pièces de son orfèvrerie de campagne et sans doute la partie la plus symbolique du butin : ses ordres de chevalerie. Ces derniers objets représentaient tout ce que les Alliés haïssaient en Napoléon : l’histoire d’un jeune officier corse ayant su s’élever par le mérite et parlant d’égal à égal aux souverains européens de vieilles lignées.
Le destin de ce butin est un livre d’histoire à lui seul : les objets furent pour certains offerts au général Blucher dont l’épée, le chapeau et l’uniforme de l’Empereur selon les témoignages du temps. Certaines pièces furent conservées par les officiers ayant participé au pillage.
La majeure partie des ordres de chevalerie furent conservées à Berlin au Zeughaus jusqu'à la deuxième guerre mondiale (l’ordre de la Couronne de Rue ne faisait pas partie des pièces présentes puisque offert par le général Blucher au Major général van Panhuys) Le butin de la berline continua son histoire tortueuse puisque la majeure partie des pièces furent convoyées depuis l’Allemagne jusqu’à Moscou en mai 1946 où ces ordres sont conservés de nos jours au musée historique de Moscou : « Vae Victis » !
Quelques rares pièces, exceptionnelles, restent de nos jours en mains privées, dont notre bijou de chevalier de la Couronne de Rue (également nommé Couronne de Saxe) .
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Estimé 30 000 € - 40 000 € Par Artcurial à Paris le 01/04/2025 : EMPIRE FRANÇAIS
Clé de chambellan de l’Empereur Napoléon Ier, par Martin Guillaume Biennais
Anneau ciselé de feuilles de chêne et de feuilles de laurier, à centre à jours, orné de l’aigle impériale sous couronne (manque la croix) reposant sur un écu au chiffre « N ».
Tige ronde, ornée à la moitié d’un chapelet de feuilles d’eau sur olive gravée de deux abeilles. Bouterolle poinçonnée et boule ronde.
Fixée sur un nœud en moire verte à galon en passementerie doré.
Poinçon de titre Coq 1 Paris 950. Poinçon de grosse garantie Paris. Poinçon d’orfèvre Biennais.
Crochet coupé.
L. : 17,5 cm - Poids net : 130 g
B.E. Époque Premier Empire (1805-1809).
Bibliographie :
Élodie LEFORT, « Les clés de chambellan », in Napoléon.org. En ligne.
Provenance :
Ancienne collection napoléonienne du Palais Princier de Monaco (1ère vente, lot 119)
An Emperor Napoleon’s I chamberlain’s key
Commentaire :
« Figures parmi les plus marquantes de la cour impériale, ils portent tous un habit en velours écarlate et aux borderies d’argent, acheté à leurs frais. En revanche, ils reçoivent, au moment de leur nomination, l’insigne de leur fonction : une clef en vermeil ou en bronze doré. Véritable présent de la part de Napoléon, les clefs sont payées sur sa propre cassette. Grâce à l’agrafe qui se trouve à l’arrière de la clef, les chambellans la portent accrochée à la poche droite de leur habit ». Napoléon, dans une lettre écrite le 26 mars 1812, précise au général Duroc, que « tous [ses] chambellans qui seraient officiers d’ordonnance ou qui auraient à l’armée des grades inférieurs au grade de général ne pourront porter la clef de chambellan qu’avec l’habit de chambellan ou l’habit bourgeois, mais non avec l’habit militaire. »
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Estimé 8 000 € - 12 000 € Par Artcurial à Paris le 01/04/2025 : ORDRE DE LA LÉGION D’HONNEUR, institué en 1802
Bijou de commandeur porté en grand-croix d’époque Second Empire provenant de l’Empereur Napoléon III
Or et émail. Avec l’écharpe de grand-croix en moire rouge.
Poinçon tête d’aigle et d’orfèvre Ouizille Lemoine.
H. (bijou) : 85 x 59 mm - Poids brut : 40 g
T.T.B. (Éclat à l’émail rouge à la suspente et légers cheveux à l’émail blanc).
L’écharpe est accompagnée d’une étiquette en carton avec cachet à l’encre « R.DESVARREUX 26 rue de FLEURUS PARIS V » avec annotation manuscrite « Dernière décoration portée par Napoléon III »
Provenance :
- Muller, valet de chambre de l’Empereur Napoléon III ;
- Collection historique du peintre Raymond Desvarreux ;
- Vente du 26 mars 2017 (Fontainebleau, Maître Osenat), lot 273 (Expert Jc Dey), il était accompagné d’un billet manuscrit sous verre (absent) : « Je certifie que les objets en dessous désignés : - une croix d’officier de la Légion d’honneur. - une décoration de la médaille militaire. - le Grand Cordon de la Légion d’honneur. proviennent de la succession de M.MULLER, valet de chambre de l’Empereur Napoléon III qui les lui avait donnés. Paris le 16 juin 1943. (Signature non déchiffrée). »
Order of Legion of Honour. A commander's jewel worn as a Grand Cross from the Second Empire period, from Emperor Napoleon III
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Estimé 6 000 € - 8 000 € Par Artcurial à Paris le 01/04/2025 : RARE AIGLE DE DRAPEAU MODÈLE 1860 DU 7e RÉGIMENT DE HUSSARD
En aluminium cuivré et doré.
Aigle à bec ouvert aux ailes déployées, maintenant une fusée enrichie de foudres dans sa serre droite.
Terrasse frappée « M.A. MARION »
Caisson amati au chiffre 7 sur le devant et marqué « HUSSARDS » au revers. Douille ronde amatie à deux trous pour le crochet de cravate.
H. (sur douille) : 28,5 cm
H. (de l’aigle sur terrasse) : 20 cm - Envergure : 24 cm
Poids : 960 g
T.B.E. Époque Second Empire.
Présentée sur un socle en bois.
L’aigle modèle 1860 est référencée par Pierre Charrié comme étant dans les collections du Prince de la Moskowa au début du XXe siècle.
Il fut acheté par le Prince de Monaco vers 1929 (Pierre Charrié référence de manière inexacte notre aigle dans les collections du Musée de l’Armée, mais cette dernière institution ne possède que le modèle 1852).
Provenance :
Ancienne collection napoléonienne du Palais Princier de Monaco (3e vente, lot 172)
A rare gilded aluminium flag eagle model 1860, of the 7th Hussard Regiment
Commentaire :
Le régiment est formé en 1791, et compte notamment dans ses rangs le colonel Marbot qui commande le régiment durant les Cent-jours.
Le 22 mai 1854, il est envoyé en Algérie et y reste jusqu'en mai 1858.
Durant la campagne d'Italie, en 1859, il participe à la bataille de Solférino.
En 1870, durant la guerre franco-prussienne, rattaché à l'armée du Rhin. Durant le siège de Metz, le régiment participe, le 16 août, à la bataille de Mars-la-Tour et au combat de Servigny avant d'être fait prisonnier de guerre.
Caserné à Castres, le bataillon de dépôt permet de former quatre escadrons de marche envoyés à l'armée de la Loire.
Les aigles de drapeau modèle 1860 sont fournis par Marion d’après un modèle original de Barre.
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Estimé 10 000 € - 20 000 € Par Artcurial à Paris le 01/04/2025 : SOUVENIR DE BONAPARTE A AUXONNE
Écrin à dessin mathématique de la fin du XVIIIe siècle
Garni de chagrin noir, doublé à l’intérieur de velours vert, avec inscription manuscrite à la plume dans le couvercle sous le cache rapporteur : « Buonaparte. Étui de mathématiques laissé à Auxonne par Napoléon Buonaparte lieutenant d’artillerie ».
Il contient :
- Un grand compas à pointes sèches avec possibilité d’adaptation d’une pointe portecrayon ou d’une pointe tire-ligne à encre,
- Un compas moyen à pointes sèches,
- Un petit compas à pointes sèches avec possibilité d’adaptation d’une pointe portecrayon ou d’une pointe tire-ligne à encre,
- Un grand tire-ligne à encre,
- Une rallonge pour le brin mobile du grand compas,
- Une clé de démontage des axes de compas,
- Un rapporteur en corne blonde divisé en deux échelles de 180 degrés.
Fermeture par deux crochets (manque un).
Dimensions (boîte) : H. : 2,5 cm – l. : 17,5 cm – P. : 8 cm
B.E. Complet (le rapporteur postérieur à 1792)
Provenance :
Ancienne collection napoléonienne du Palais Princier de Monaco (2ème vente, lot 41), avec l’historique suivant : on retrouve dans les archives du Musée napoléonien une lettre de 1894 :
« Mr Froidevaux m’a fait un cadeau pour te transmettre après moi : c’est la boite de mathématiques de Napoléon lorsqu’il était d’artillerie à Auxonne où il la laissa en paiement de son logement. Il ne réclama pas sa boite et la logeuse la vendit au Grand Père de Mr Froidevaux. C’est un objet fort curieux et d’une grande valeur. (...) »
A case of mathematical drawing instruments left by Bonaparte at Auxonne
Œuvres en rapport :
On retrouve en collections privées plusieurs ouvrages de la bibliothèque du jeune lieutenant Bonaparte laissés dans ses logements à Auxonne et à Valence.
Commentaire :
Le jeune lieutenant en second Bonaparte perfectionne son instruction à Auxonne de 1788 à 1791 où il retrouve le régiment de La Fère, un des meilleurs de l’arme. Ce dernier tient garnison à l’École royale d’artillerie à Auxonne, depuis le mois de décembre 1787.
Il réside en caserne mais également dans une maison sise rue Vauban appartenant à la famille Bauffre.
Bonaparte séjourna à Auxonne de 1788 à 1791. Il est profondément marqué par son professeur de mathématiques Jean Louis Lombard.
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Estimé 10 000 € - 15 000 € Par Artcurial à Paris le 01/04/2025 : RARE ÉPÉE D’ENFANT AU MODÈLE DES GÉNÉRAUX DE DIVSION DU SECOND EMPIRE
Offerte au prince Impérial
Fusée recouverte de corne teintée (petit accident) avec filigrane. Monture en laiton ciselé, pommeau à l’Aigle impériale, garde à une branche décorée de fuseaux et foudres. Clavier à l’aigle couronnée sur faisceau de drapeaux, à trois étoiles d’argent. Contre clavier à pompe. Lame droite à gouttières. Fourreau en bois recouvert bleu brodé en canetille et fil doré (petits manques) d’un semis d’abeilles, d’étoiles et du chiffre impérial « N » sous couronne. Garnitures en laiton doré.
Chape unie à bouton au casque antique. Bouterole en laiton à décor de fleurs, feuilles de chêne et palme. Dard perlé.
Longueur : 52 cm
B.E. Époque Second Empire.
Provenance :
- Ancienne collection napoléonienne du Palais Princier de Monaco (3e vente, lot 334), attribuée d’après les inventaires du musée napoléonien du Palais princier.
A rare children’s sword, presented to the Prince Imperial
Commentaire :
On retrouve sur les photographies du Prince à partir de 1868, plusieurs de ces épées « à ciselures » modèle 1817 qui équipèrent les officiers français jusqu’au Second Empire.
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