
Voyage en négatif dans l’Egypte des années 1850
La Galerie de Chartres met aux enchères le samedi 25 mai 2013 un ensemble de quarante négatifs parmi les premiers de l’histoire de la photographie.
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« Lorsque j’ai vu le premier négatif, j’ai commencé à trembler », confie Maître Jean-Pierre Lelièvre à propos de sa découverte des quarante négatifs représentant l’Egypte en 1850. Un ensemble mis aux enchères le samedi 25 mai 2013 par la Galerie de Chartres.
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Ces négatifs ont été réalisés par Félix Teynard (1817-1892), un photographe de la première heure. En 1851, il décide de se rendre en Egypte pour immortaliser cette contrée encore très peu photographiée. Teynard voyagea depuis le Caire jusqu’à la seconde cataracte du Nil et prit au moins 160 clichés. « Nous avons rapporté des photographies de toutes les constructions de quelque importance qui se dressent encore dans la vallée du Nil. Lorsque les monuments sont considérables, et lorsque la disposition des lieux l’a permis, nous avons pris une vue d’ensemble, des vues de détail, et des spécimens de la sculpture », détaille Félix Teynard dans le volume regroupant toutes ses prises de vues qui sera publié à son retour en France : Egypte et Nubie, sites et monuments les plus intéressants pour l’étude de l’art et de l’histoire est paru en 1853 chez l’éditeur d’art Adolphe Goupil.
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« Si tous les amateurs d’histoire de la photographie connaissent l’ouvrage de Félix Teynard, personne ne savait que ces négatifs existaient », précise le commissaire-priseur pour expliquer sa surprise en les découvrant. Spécialisé dans les ventes aux enchères de photographies, Maître Jean-Pierre Lelièvre salue tout d’abord la performance technique de Teynard, « qui a réussi à développer ces négatifs en plein désert, malgré le sable, la chaleur et l’eau pas toujours très propre… ».
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D’ailleurs, au début de l’introduction de son livre, le photographe évoque les difficultés qu’il a rencontrées sur le terrain : « Plusieurs (photographies) sont loin d’être irréprochables ; mais le voyageur a peut-être droit à un peu d’indulgence, (…) nomade, son installation est toujours provisoire, et les préparations délicates de la photographie doivent se faire, tantôt avec le roulis d’une barque à la voile, tantôt sous une tente dressée au milieu du désert ».
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Le commissaire-priseur reste également impressionné par l’esthétique de ces négatifs et notamment par le choix de ses cadrages légèrement décalés, qui privilégient souvent les premiers plans. « Les ombres ont également une très grande importance, elles sont souvent plus apparentes que les choses mêmes qui les projettent. Teynard montre aussi un intérêt marqué pour les paysages et la végétation, il révèle dans ses photographies ses sentiments devant le mystère des choses et des lieux », précise le catalogue de la vente.
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Trouvées par un œil averti alors qu’elles étaient vouées à la destruction, ces pièces dignes d’un musée sont estimées entre 2 000 et 8 000 euros le négatif, portant l’estimation de l’ensemble à 90 000 et 130 000 euros.
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