Carrier-Belleuse, le maître de Rodin
[Le lot du jour] Quel commissaire-priseur ne serait pas satisfait de mettre un lot aux enchères au moment même où se tient une exposition mettant en lumière ledit objet ? Qui plus est lorsque la manifestation a lieu dans la même ville que la vacation ! Cette heureuse coïncidence du marché est arrivée à Maître Dominique Loizillon. Le commissaire-priseur de Compiègne nous présente ainsi ce bronze d’Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887), qu’il mettra en vente le samedi 14 juin 2014 depuis son hôtel des ventes et en direct sur le Live d’Intenrencheres, dont le même modèle en terre cuite est actuellement l’une des stars de l’exposition « Carrier-Belleuse – Le maître de Rodin » organisée par la Réunion des musées nationaux (RMN) au Palais de Compiègne. Une œuvre qui provient d’ailleurs directement des collections du musée Rodin à Paris.
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Cette première rétrospective consacrée à Carrier-Belleuse tend à montrer les liens étroits qui unissaient Auguste Rodin au très prolixe Carrier-Belleuse, qui « incarne véritablement la sculpture du Second Empire, son éclectisme, sa générosité, sa capacité d’invention et ses ouvertures sur des perspectives multiples qui expliquent que Rodin fut profondément marqué par son maître », comme le détaille le catalogue. Elève admiratif de son maître, il le suit même jusqu’à Bruxelles lorsque Carrier-Belleuse est chargé du chantier de la Bourse de Belgique en 1871.
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Notre sculpture intitulée « l’Innocence tourmenté » représente une femme dénudée ennuyée par trois putti grassouillets. « La question de la participation de Rodin à l’exécution de ce groupe est débattue, d’autant que ce fut un des succès de Carrier-Belleuse, qui fut diffusé en plusieurs tailles et matériaux », précise la fiche descriptive. Même si l’œuvre est signée du seul patronyme « A Carrier », il s’agit très certainement d’une collaboration entre les deux artistes : « Le maître fournissant généralement une esquisse que Rodin était chargé de transposer. » Une ressemblance entre notre modèle féminin et Suzon, un buste décoratif signé par Rodin, achèvent de nous mettre sur la voie d’une participation commune.
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Presque jumelles, la sculpture de l’exposition date de 1871 et mesure 67 centimètres, tandis que notre épreuve ancienne en bronze date des années 1890 et mesure 63,4 centimètres. En plus de la présence fortuite de sa sœur de terre cuite à la rétrospective de Compiègne, l’Innocence ne semble pas vraiment tourmentée par sa prochaine destinée. Son estimation de 15 000 à 18 000 euros devrait en effet être vite dépassée.
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Lien vers l’annonce de vente du lot
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