
Estimé 8 000 € - 12 000 €
Par OSENAT à Fontainebleau le 22/06/2025 : Jean-Baptiste AUGUSTIN (Saint Dié 1759 - Paris 1832),
Portrait de Caroline Murat, Reine de Naples
Plume et encre brune, sur traits de crayon noir lavis brun et rehauts de gouache blanche
17 x 13,8 cm
Signé, titré et daté en bas à gauche « Reine de Naples en 1810 »
Coin supérieur droit coupé, bords irréguliers, collé sur un carton, quelques taches
Provenance :
Succession de l’artiste, Pauline Augustin, legs en 1865 à sa nièce Justine-Henriette Cornut de La Fontaine de Coincy
Henri Cornut de la Fontaine de Coincy
Yves Cornut de la Fontaine de Coincy
Galerie Talabardon et Gautier, Paris ;
Collection Comte et Comtesse Charles-André Colonna Walewski
Bibliographie :
S. Saint Palais, Un ménage d’artistes. La vie et les œuvres de J.B. Jacques Augustin, miniaturiste, peintre du Cabinet du Roi, 1759-1832, et de sa femme Pauline du Cruet de Barailhon, 1930, p.140-141 et répertoire des œuvres, p.78.
P. Pappe, Jean-Baptiste Augustin, une nouvelle excellence dans l’art du portrait en miniature, Scripta Edizioni, Vérone, 2015, fig.628, p.302, repr.
Notre dessin est à rapprocher de la miniature du même sujet qui fut exposée au Salon de 1808.
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Estimé 25 000 € - 30 000 €
Par OSENAT à Fontainebleau le 22/06/2025 : Jean-Charles DEVELLY (Paris 1783 – Sèvres 1862)
La princesse Pauline Borghèse au château de Neuilly, vers 1813.
Huile sur toile (non signée)
65 x 54.8 cm
Provenance :
- Collection Comte et Comtesse Charles-André Colonna Walewski
Expositions :
- Canada, Musée des beaux-arts de Montréal, Napoléon la Maison de l’Empereur, 3 au 6 février 2018, p.217
- Etats-Unis, Richmond, Napoléon la Maison de l’Empereur, Virginia Museum Fine Arts, 9 juin au 3 septembre 2018, p.217
- Etats-Unis, Kansas City, Napoléon la Maison de l’Empereur, Nelson-Atkins Museum of art, 19 octobre au 3 mars 2019, p.217
- France, Fontainebleau, Napoléon la Maison de l’Empereur, Musée National du Château de Fontainebleau, 5 avril au 15 juillet 2019, p.217
Remarquable par sa qualité d’exécution, ce tableau constitue un témoignage historique exceptionnel tant par le lieu qu’il dépeint que par le personnage qui l’anime. Il s’agit en effet du portrait de la plus fidèle sœur de Napoléon Ier, Pauline Borghèse, dans sa résidence du château de Neuilly (angle sud-ouest du corps de logis principal du château). Notre toile offre ainsi une vue intérieure inédite de cette célèbre demeure détruite en 1848, tout en nous livrant un portrait intime de la princesse Pauline à la veille de la chute de l’Empire.
La précision extrême de l’artiste dans le rendu de l’architecture nous a permis d’identifier cet intérieur avec le château de Neuilly. L’enfilade des deux pièces d’angle ouvrant sur un berceau de verdure, l’emplacement des baies et le volume des pièces correspondent parfaitement à l’angle sud-ouest du corps de logis principal du château dont Fontaine a relevé les plans dans les années 1820.
Biographie :
Jean-Charles Develly entra à la Manufacture de Sèvres en 1813, sous l’Empire. A cette date, la princesse Pauline, ou une autre personnalité de l’Empire, a pu le solliciter pour réaliser ce portrait. Le caractère inachevé du tableau pourrait alors s’expliquer par les bouleversements politiques de l’année 1814 et le changement de régime qui s’ensuivit. A la chute de l’Empire, la princesse Pauline quitta Neuilly pour Aix-la-Chapelle, privant à jamais le peintre du modèle et du commanditaire de sa toile. Develly, dont la carrière ne faisait que commencer, resta attaché à la Manufacture de Sèvres sous la Restauration et le règne de Louis-Philippe dont il fut l’un des peintres sur porcelaine les plus réputés
Historique :
Le château de Neuilly, dont il ne subsiste aujourd’hui qu’un pavillon datant de 1820-1830, fut élevé par l’architecte Jean-Sylvain Cartaud en 1741 pour le marquis d’Argenson. Il fut ensuite remanié ou agrandi par ses occupants successifs : Joachim et Caroline Murat (1804-1808), Pauline Borghèse (1809-1814) et, enfin, le duc d’Orléans, futur Louis Philippe (1818-1848) qui entreprit d’importants travaux sous la direction de l’architecte Fontaine. Celui-ci a noté dans ses écrits l’une des caractéristiques architecturales du château dont notre toile offre un excellent témoignage visuel. Au lieu de détruire les parties anciennes au profit des nouvelles, les propriétaires successifs du domaine les ont intégrées harmonieusement. On XVIIIe siècle tandis que la seconde conserve ses riches boiseries datant du règne de Louis XV.
DATATION DE LA SCÈNE : 1813-1817
L’analyse stylistique du mobilier nous fournit un premier indice de datation, un terminus post quem. Comme l’a confirmé Madame Nouvel, conservatrice au musée des Arts Décoratifs, nous sommes en présence d’un mobilier du début de l’Empire. Le sofa, les bergères et les chaises gondoles du premier plan correspondent à cette tendance très dépouillée et légère des meubles du début de l’époque impériale. Le grand lustre en cristal et le flambeau bouillotte, que l’on devine à droite près de la fenêtre, furent également en vogue à cette période. Dans la pièce au second plan, on aperçoit à gauche de la fenêtre une table à ouvrage qui rappelle les modèles exécutés par Jacob-Desmalter pour l’impératrice Marie-Louise aux Tuileries. Les caractéristiques du costume permettent d’affiner la datation de la scène en comparant la toilette de notre personnage féminin avec les illustrations du Journal des dames et des modes de La Mésangère. La taille haute, la jupe raccourcie aux chevilles et garnie de volants, la fraise qui descend en plastron sur la poitrine et les manches longues resserrées par un cordon sont autant d’indices qui situent temporellement la scène entre 1813 et 1817. A partir de 1818,la taille redescend nettement pour retrouver peu à peu sa position naturelle, les volants se multiplient et la jupe se raidit.
IDENTITÉ DU PERSONNAGE FÉMININ : PAULINE BONAPARTE, PRINCESSE BORGHÈSE
Grâce à la localisation et à la datation de la scène, nous avons pu déduire l’identité de la femme représentée au second plan. Dans ces années 1813-1817, c’est Pauline Borghèse qui fut la dernière locataire du château avant qu’il ne soit acquis par le duc d’Orléans, en 1818. Une inscription récemment mise au jour sur le châssis grâce aux travaux de Lumière Technology confirme cette identification. On peut en effet y lire « Marie Pauline », ce qui correspond au nom complet de la princesse Pauline, comme en témoignent le document d’archives reproduit ci-dessous.
DES TABLEAUX LIÉS À L’EMPIRE
A précision quasi archéologique de notre peintre, nous a permis d’identifier certains des tableaux qui ornent les murs de notre intérieur. Le grand tableau à gauche pourrait correspondre à un portrait en pied du cardinal Fesch dont on devine la soutane et le camail rouges. A droite, on peut reconnaître une version d’un célèbre tableau de François-Marius Granet, Le Choeur des Capucins de la place Barberini, dont la première version fut peinte vers 1812-1813 à Rome pour Caroline Murat. Tous les grands princes d’Europe s’arrachaient le tableau et le succès fut tel que Granet en peignit plusieurs répliques entre 1813 et 1821. Il s’agit d’un portrait de femme en pied, tenant un enfant au-dessus d’un berceau. Cette composition rappelle immédiatement la célèbre toile peinte par le baron Gérard en 1813, Marie-Louise présentant le roi de Rome. Notre tableau, d’un format beaucoup plus petit, pourrait être une réplique de celui-ci. Notons enfin un dernier symbole impérial. Il s’agit de la couronne de laurier encadrée que l’on aperçoit au second plan à gauche de la porte-fenêtre.
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Estimé 60 000 € - 80 000 €
Par OSENAT à Fontainebleau le 22/06/2025 : Le 6 mai 1821 au matin, Ibbetson est envoyé à Longwood afin de faire la constatation officielle de la mort de l’Empereur : Son oeuvre va créer le mythe
Exemplaire le plus saisissant et l’unique à être localisé, daté et monogrammé.
Denzil O. Ibbetson (1785-1857)
Napoléon sur son lit de mort, 1821
Huile sur toile
39 x 51 cm
Localisé, signé et daté en bas à gauche : St. Helena / 1821 / DI / pinxt
Inscription manuscrite au revers :
Napoleon Buonaparte, taken by Mr Ib at St Helena / 6th May 1821 –
Above inscription copied from back of original canvas before relining. April 1906.
Cadre en bois doré
Provenance :
- Très probablement l’exemplaire donnée par l’artiste à Sir Hudson Lowe, gouverneur de Sainte-Hélène ; puis offert par ce dernier au roi George IV.
- Collection particulière, Londres.
- Sotheby’s, 29 septembre 1993, n°518.
- Collection privée anglaise.
- Collection Comte et Comtesse Charles-André Colonna Walewski
Historique des œuvres de Denzil O. Ibbetson :
- Une version offerte par Hudson Lowe à George IV, conservée à Hampton Court (correspondrait à celle que nous présentons sur fond noir)
- Une version lithographiée en 1855, qui appartenait alors au révérend James Pelham Pitcairn (1821-1892), recteur de Longsight.
- Une version ayant appartenu à Laura Ibbetson, fille de l’artiste, puis à Christopher Forbes et vente Osenat, 5 mars 2016, n°183.
- Une version découverte sur New Oxford Street (Londres) et acquise par Alexander Meyrick Broadley (cf. Broadley, « Napoleon’s St Helena Portraits (1815-21) », in. The Century Illustrated Monthly Magazine vol. 83, 1912, p.833), qui pourrait être la version de Mr. Sidney G. Reilly, vendue à New York en 1921, puis très certainement vente Sotheby’s Londres en 2005.
Expositions :
- Canada, Musée des beaux-arts de Montréal, wr, 3 au 6 février 2018, p.308-309 - Etats-Unis, Richmond, Napoléon la Maison de l’Empereur, Virginia Museum Fine Arts, 9 juin au 3 septembre 2018, p.308-309.
- Etats-Unis, Kansas City, Napoléon la Maison de l’Empereur, Nelson-Atkins Museum of art, 19 octobre au 3 mars 2019, p.308-309.
- France, Fontainebleau, Napoléon la Maison de l’Empereur, Musée National du Château de Fontainebleau, 5 avril au 15 juillet 2019, p.308-309.
Bibliographie :
A. M. Broadley, Napoleon’s St. Helena Portraits (1815-1821), in The Century Illustrated Magazine, 1912, vol. LXXXIII, pp. 824-835.
Historique :
Fin juillet 2010, la maison de vente aux enchères néo-zélandaise art + object basée à Auckland, a mis en vente des documents ayant appartenu à Denzil Ibbetson (1788-1857), attaché au Commissariat Général de l’Armée anglaise entre 1808 et 1857. A cette époque, les missions du commissariat Général de l’Armée étaient l’approvisionnement et la délivrance aux troupes, des vivres, des fourrages, des objets de casernement et de campement, le matériel du service médical, en définitive, la plupart des fournitures entrant dans les dépenses extraordinaires. Après avoir participé à la guerre péninsulaire de 1808 (conflit d’indépendance qui opposa la France et l’Espagne) Ibbetson fut promu au grade d’Assistant Commissaire Général, et put, de ce fait, prendre part au convoi qui acheminait Napoléon Bonaparte sur l’île de Sainte-Hélène après sa défaite à Waterloo en 1815. Chargé de l’approvisionnement militaire sur l’île de Sainte-Hélène, Ibbetson entame un journal dans lequel il note et esquisse tout ce qu’il voit et entend. Son journal, qui débute en 1815 lorsqu’il embarque à Northumberland, flotte dirigée par l’amiral George Cockburn (1772-1853), apporte de précieux témoignages sur les conditions de vie sur l’île, mais il est aussi une source féconde pour quiconque souhaite connaître les derniers instants de l’empereur. En effet, le 6 mai 1821 au matin, Ibbetson est envoyé à Longwood afin de faire la constatation officielle de la mort de l’empereur. L’artiste immortalise ainsi cet instant tragique en reproduisant le défunt à peine décédé sur son lit de mort. Ces croquis sont largement annotés d’indications de mesures, et ont permis à l’artiste de produire des tableaux dont notre huile sur toile de plan très rapproché. Le visage blafard de l’empereur est mis en valeur par un violent contraste gris-noir très théâtral.
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Estimé 100 000 € - 150 000 €
Par OSENAT à Fontainebleau le 22/06/2025 : Présent de l’Empereur Napoléon Ier au comte de Ségur à l’occasion du mariage de
Stéphanie de Beauharnais avec le prince de Bade
Chef d’oeuvre de Piat-Joseph Sauvage (1744-1818)
Paire de vases en porcelaine de Sèvres du debut du XIXe siecle
Vers 1808, marques au tampon en rouge de fer M.Imp.le/de Sevres et d’un symbole pour l’année 1808, les deux scènes signées Sauvage
De forme Médicis, à décor d’une frise tournante à l’imitation de bas-reliefs en bronze patiné se détachant sur un fond blanc, le col d’une large frise or de rosaces et palmettes affrontées intercalées entre deux larges filets, le culot avec un rang de perles et une large frise or de feuilles et de fleurs stylisées intercalées se détachant sur un fond bleu, le piédouche et le socle carré à décor or regravé de palmettes aux angles, petits éclats, petites usures
Ht. 43 cm
Provenance :
- Cadeau de l’Empereur Napoléon Ier à Louis-Philippe comte de Ségur, Grand Maître des Cérémonies du Premier Empire.
- Gilbert Lévy.
- Roger Imbert.
- Collection Comte et Comtesse Charles-André Colonna Walewski
Expositions :
- La porcelaine française de 1673 à 1914 : la porcelaine contemporaine de Limoges, novembre-décembre 1929, Pavillon de Marsan, Palais du Louvre (Musée des Arts décoratifs, Paris), p.101, n.1156.
- Napoléon et la Manufacture de Sèvres, l’Art de la porcelaine au service de l’Empire, Paris, 2016
- Canada, Musée des beaux-arts de Montréal, Napoléon la Maison de l’Empereur, 3 au 6 février 2018, p.217
- Etats-Unis, Richmond, Napoléon la Maison de l’Empereur, Virginia Museum Fine Arts, 9 juin au 3 septembre 2018, p.217
- Etats-Unis, Kansas City, Napoléon la Maison de l’Empereur, Nelson-Atkins Museum of art, 19 octobre au 3 mars 2019, p.217
- France, Fontainebleau, Napoléon la Maison de l’Empereur, Musée National du Château de Fontainebleau, 5 avril au 15 juillet 2019, p.217
Bibliographie :
- Paul Alfassa et Jacques Guérin, Porcelaine française du XVIIe au milieu du XIXe siècle, Paris, [1930], pp.67 et Pl.91B.
- Camille Leprince, Napoléon et la Manufacture de Sèvres, l’Art de la porcelaine au service de l’Empire, Paris, 2016, pp.188-189.
- Nathalie Bondil et Sylvain Cordier, Napoléon, La Maison de l’Empereur, Paris, 2018, p.197, n.217.
LE CADRE DU PRESENT.
Le 8 avril 1806, Stéphanie de Beauharnais, cousine de l’Impératrice Joséphine, épouse le prince héritier de l’Etat allemand de Bade, futur Charles II de Bade. Cet évènement revêt un caractère tout particulier et à plusieurs titres : il se situe quelques mois après la victoire d’Austerlitz, Stéphanie vient d’être adoptée par Napoléon (1806), et ce sera le premier mariage princier organisé à Paris par la cour impériale ; c’est aussi l’occasion de resserrer les liens entre la France et les pays germaniques (Cf. Sylvain Cordier, ‘Trésors de diplomatie, Sèvres et les Gobelins dans la politique des présents de la Maison de l’Empereur’, Napoléon, La Maison de l’Empereur, Paris, 2018, p.195) . Louis-Philippe de Ségur (1753-1830) : militaire puis diplomate, député (1801) puis conseiller d’Etat (1802), est finalement nommé par Napoléon Grand Maître des Cérémonies du Premier Empire (1803) et comte d’Empire. C’est évidemment à ce titre qu’il est impliqué dans l’organisation du mariage de la Stéphanie de Beauharnais. Outre les cadeaux de l’Empereur aux mariés, les dignitaires qui participaient à l’évènement reçoivent également de somptueux cadeaux de sa part. Ainsi Louis-Philippe comte de Ségur, Grand Maître des Cérémonies du Premier Empire, n’est pas oublié et reçoit un ensemble de porcelaines de Sèvres pour la somme totale de 10.122 francs (Vy 17, fol.18 et 18 v°) : un service de table à fond jaune, des sculptures de table en biscuit, deux cabarets, un buste de l’empereur, quelques autres pièces et « 2 Vases Fe (forme) Médicis Sujets allégoriques pas Sauvge (Sauvage)…… 1600 (francs) (Vy 17, fol.18). Une autre mention dans le Registre des Porcelaines livrées au Chef du Gouvernement est plus précise (Vbb2n fol. 53v°) : « Par ordre de l’Empereur Livré à M de Ségur / Grand Maître des Cérémonies A l’occasion [du mariage] de la / Princesse Stéphanie (…) Pour ses appartements 2 Vases forme Médicis par / Sauvage les Arts rendent / Des hommages à l’Empereur / Et à l’Impératrice…… 1600 francs ».
LES DECORATEURS.
Le peintre Piat-Joseph Sauvage (1744-1818) Peintre originaire de Tournai et spécialisé en grisaille, il débute en travaillant dans l’entreprise familiale spécialisée en verre tout en suivant une formation à l’Ecole de Dessin. Il poursuit sa formation à Anvers, à l’Académie des Beaux-Arts sous la direction de Martin-Joseph Geeraerts spécialisé dans la peinture d’Histoire et de grisailles. Membre de l’Académie de Saint-Luc, puis de l’Académie royale de peinture, sculpture et architecture de Toulouse (1774), et de l’Académie royale de peinture et de sculpture (1781), il traite surtout des sujets mythologiques et antiques et en particulier en grisaille. Ayant été assez prolifique en huile sur toile, il commence aussi à peindre en 1793 sur porcelaine avec notamment le projet d’un secrétaire destiné à William Beckford et finalement acheté vers 1805/07 par Marie-Louise de Bourbon-Parme, reine d’Espagne ; les plaques en porcelaine sont probablement produites par Dihl et Guérhard, fabrique pour laquelle il va travailler de 1797 jusque vers 1804. Il est ensuite employé de manière occasionnelle par la manufacture de Sèvres entre 1804 et 1809, mais ne produira que deux assiettes et deux paires de vases entre 1804 et 1806. Il retourne à Tournai vers 1808-1810. Sauvage, qui n’était donc pas employé par la Manufacture impériale, mais qui travaillait à la demande a dû faire des essais chez lui pour arriver à une qualité de peinture suffisante sur ce matériau qu’il ne maitrisait sans doute pas parfaitement. Un courrier de Sauvage à Brongniart illustre cette difficulté : Lettre de Sauvage à Brongniart le 10 Fructidor (An 12) (le 28 aout 1804, AMNS, T1, L5, D3) « Monsieur Dans la certitude ou j’étais d’après / Un petit echantillon sur votre porcelaine / Que j’avais fait cuire ici j’avais / Commencé les deux grands vases / Je fus confirmé dans mon expérience / En recevant ceux que vous m’avez envoié / Qui sont d’un ton au dessus de tous / Ceux que j’ai fait depuis ce moment / Je ne les égale pas et j’espere qu’au / Commencement de la semaine / Prochaine on poura les enlever / Si vous vouliez en les envoiants / Prendre m’envoier une assiette je la / Ferai dans le meme procédé et / J’espere qu’elle ne manquera pas / Et je croix necessaire que vous / En aiez une, / J’ai l’honneur d’etre tres / Parfaitement / Monsieur / Votre affectionné / Serviteur Sauvage » Page archives On trouve une autre mention intéressante en 1806, dans le Registre des Travaux extraordinaires (Vj’13, fol.76), même si cette dernière peut être sujette à controverse étant donné qu’elle n’a pas été achevée et quelle est rayée : « Mr Sauvage (…) 2 Vases Médicis fd bleu zones / blanches pour . »
LES DOREURS : BOULLEMIER OU BOULLEMIER ?
Pour cette période de production, il y a deux possibilités : Boullemier, jeune (1803-1842) et Boullemier, l’ainé (1806-1838). En l’absence de marque sur les vases, il n’est malheureusement pas possible de confirmer lequel des deux a pu travailler sur l’un ou l’autre ou sur ces deux vases. Quoiqu’il en soit, ils étaient tous deux considérées comme « les plus forts doreurs connus » de la manufacture pour ce type de travail et avaient d’ailleurs été sélectionnés par Alexandre Brongniart pour travailler sur le service personnel de l’empereur Napoléon Ier, dit « des Quartiers généraux » ( Jean-Pierre Samoyault, ‘Les assiettes de dessert du service particulier de l’Empereur en porcelaine de Sèvres’, Le Souvenir napoléonien, n.369, février 1990, pp.2-11). Dans les Registres des peintres et doreurs, on trouve dans les appréciations (AMNS, Pb1, Appréciation 30 Messidor (An) 13) la mention du travail de « Boullemier la Dorure d’un vase Médicis de / Mr Sauvage …..80 (francs) » et sous le « cinquième jour complémentaire an Treize : Deux Vases Médicis B Bleu peintures / Sauvage Dorure Boullemier ». Un autre nom de doreur apparait également : Boitel : « mai 1806 : M Boitel : 1 vase Sauvage pour retouche » ; puis « M Boitel, novembre 1806 : 1 vase Médicis de Mr Sauvage pour le brunir à l’effet… 21 (francs) » (Vj’ 13, fol. 87v° et 95). Peut-être que ces deux, voir ces trois doreurs ont contribués à la réalisation de cette paire de vases.
LE THEME DU DECOR.
Les scènes « tournantes » sont décrites différemment dans les Registres de la Manufacture ; chaque mention apportant des éléments complémentaires : -Registre des porcelaines existantes dans le Magasin de Vente au 1er Vendémiaire an 14 (Vu1, fol.8-168-19): « 2 (vases) fe (forme) Médicis fd (fond) B (beau) bleu fig(ures) Peintes en b(as) relief … 1600 (francs) » -Registre des pièces décorées au magasin de ventes (Vu1, fol.30) : -« Le 17 Novbre (1806) / 2 Vases forme Médicis fond beau [bleu] / Peinture imitant le bronze par M. / Sauvage (…) 1412 – 1800 (francs) » - Registre des Porcelaines livrées au Chef du Gouvernement est plus précise (Vbb2n fol. 53v°) : « 2 Vases forme Médicis par / Sauvage les Arts rendent / Des hommages à l’Empereur / Et à l’Impératrice…… 1600 francs ». Cette dernière mention nous donne vraiment le sens du décor : les Arts rendent hommage à l’empereur et à l’impératrice. Ainsi avons-nous un défilé de femmes et d’amours vêtus à l’antique, célébrant des personnages représentés par des bustes sur des colonnes ; l’un des vases présente le buste de l’Empereur Napoléon Ier, le second celui de l’Impératrice Joséphine. Malheureusement il n’a pas été possible de retrouver de dessins préparatoires pour ces scènes. . Illustrations reproduites avec l’aimable autorisation des Archives de la Manufacture nationale de Sèvres.
COMPARATIFS.
Comme il a pu être mentionné précédemment, Piat-Joseph Sauvage a eu une production assez prolifique et sur des matériaux divers (toiles, marbre notamment). Nous ne retiendrons donc que les oeuvres peintes sur porcelaine et dans l’esprit de bas-reliefs en bronze patiné. Neuf oeuvres ont pu être répertoriées ; certaines non localisées : - Un vase « fuseau » figurant dans le décor d’une plaque en porcelaine, attribué par Mme de Guillebon à la manufacture de Dihl et Guérhard et son décor à Sauvage ; cette plaque, datée 1797 et signée par Le Guay représente un portrait de Dihl ; elle est conservée dans les collections du Musée national de Sèvres (Inv. MNCS 2931) ; illustrée par Régine de Plinval de Guillebon, Faïence et porcelaine de Paris XVIIIe-XIXe siècles, Dijon, 1995, p.96 ; vase non localisé à ce jour) - Une plaque rectangulaire en porcelaine de la manufacture Dihl et Guérhard, signée et datée Sauvage (…) an 6, vendue chez Me Osenat, Fontainebleau, le 7 décembre 2020, lot 235. - Une paire de vases « fuseau » de la manufacture Dihl et Guérhard, vers 1800, signés Sauvage F, cette paire est conservée dans les collections du Musée national de Sèvres (Inv. 28483) - Une plaque en porcelaine, signée et datée Sauvage P. an 6, anciennement attribuée à Tournai et réattribuée à la manufacture de Dihl et Guérhard, conservée dans les collections des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles (Inv. V2019 ; illustrée par J. Whitehead et C Froissart, ‘Le peintre Piat-Sauvage et la porcelaine’, Les Cahiers de Mariemont, 2006, p.36) - Une assiette en porcelaine de Sèvres, produite le 3 Vendémiaire, An 14 (non localisée) - Un grand médaillon attribué par Mme de Guillebon à la manufacture de Dihl et Guérhard et son décor à Sauvage ; il est incorporé dans l’abattant d’un secrétaire attribué à Weisweiller, daté vers 1805-1807, et conservé dans les collections royales espagnoles de Madrid (illustré par Régine de Plinval de Guillebon, Faïence et porcelaine de Paris XVIIIe-XIXe siècles, Dijon, 1995, p.295) - Une assiette en porcelaine de Sèvres, produite en juin 1806 (non localisée) - Une paire de vases « Percier » en porcelaine de Sèvres, datée 1806, conservée dans les collections du Musée national du château de Fontainebleau (Inv. F.3958 ; illustrée par Bernard Chevalier, Les Sèvres de Fontainebleau, porcelaines, terres vernissées, émaux, vitraux (pièces entrées de 1804 à 1904), Paris, 1996, pp.20 et 67) - Une très grande paire de vases « fuseau », attribuée à la fabrique parisienne Lefebvre, vers 1810 (illustrée par Régine de Plinval de Guillebon, Faïence et porcelaine de Paris XVIIIe-XIXe siècles, Dijon, 1995, pp.386-387).
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Estimé 150 000 € - 200 000 €
Par OSENAT à Fontainebleau le 22/06/2025 : Adrien-Louis-Marie CAVELIER (Paris, 1785 - Paris, 1867)
Carton à grandeur de la psyché de l’impératrice Marie-Louise, 1810
Aquarelle gouachée, plume et encre noire, sur traits de crayon noir
298 x 168 cm sur douze feuilles marouflées sur toile
298 x 174 cm avec les bandes de soutènement
Signé et daté en bas à droite « Cavelier Del 1810 »
Déchirure verticale au centre, mouillures et déchirures dans le bas, usures sur la surface de Mercure, accidents épars
Inscription ancienne dans le bas « DESSIN GRANDEUR D’EXECUTION DE LA TOILETTE OFFERTE PAR / LA VILLE DE PARIS A.S.M. IMPERIALE MARIE LOUISE / A L’OCCASION DE SON MARIAGE AVEC S.M L’EMPEREUR NAPOLÉON r. / Exécutée en Argent et lapis par ODIOT d’après les Dessins de PRUDHON et CAVELIER. »
Provenance :
- Fonds de la maison d’orfèvrerie Odiot
- Vente anonyme, Cheverny, Me Rouillac, le 8 juin 2008, n°59, repr.
- Collection Comte et Comtesse Charles-André Colonna Walewski
Expositions :
- Odiot maître orfèvre du XIXe siècle, Paris, Hôtel Georges V, 1975, n°6
- Maria Luigia Donna e Sovranna, Una Corte Europea a Parma 1815-1847, Parme, 1992, n°50, p.14, repr.
- Le XIXe siècle, Paris, galerie Talabardon et Gautier, 2009, n°9, repr.
- Château de Compiègne, 1810, la politique de l’amour. Marie Louise et Napoléon Ier à Compiègne, 28 mars au 19 juillet 2010.
Bibliographie :
- Henri Bouilhet, L’orfèvrerie française aux XVIIIe et XIXe siècles, Paris, 1912, pp.60-68, repr. p.63
- Olivier Lefuel, « Les fastes de l’ère impériale », dans Les Grands orfèvres de Louis XIII à Charles X, Paris, 1965, pp.258-259 et p.294
- Jean-Marie Pinçon et Olivier Gaube du Gers, Odiot l’orfèvre, Paris, 1990, pp.104-105, repr.
- Sylvain Laveissière, Prud’hon ou le rêve du bonheur, Paris, 1997/1998, ed. RMN, sous le n°146
- Patrimoine Charles-André COLONNA WALEWSKI, site en ligne colonnawalewski.ch
Œuvres en rapport :
Les projets dessinés par Pierre-Paul Prud’hon sont répertoriés par Jean Guiffrey dans son ouvrage
L’œuvre de P.-P. Prud’hon, Paris, 1924, ed. Librairie Armand Colin, n°980 à 983 pour la Psyché, et
n°983 à 1012 pour les autres meubles. La notice du n°983 nous apprend que le groupe couronnant
la Psyché a été surmoulé par Barbedienne et que cette épreuve unique figurait à la vente de Boisfrémont, du 9 avril 1870 sous le n°64. En 1997, le catalogue de l’exposition Prud’hon (opus
cité supra) reproduisait deux de ces dessins (p.203, n°146 et fig.146a)
- Gravure au trait par Pierson dessin par Cavelier d’après l’invention de Prud’hon. (Fig. 2)
- La psyché apparait dans une aquarelle par Jean-Baptiste Isabey, La naissance du roi de Rome aujourd'hui au Musée Napoléon Ier à Fontainebleau (Fig. 3)
Témoignage unique d’un des objets les plus mythiques du règne impérial, ce dessin à taille réelle nous restitue la psyché du mobilier offert par la Ville de Paris à l’Archiduchesse d’Autriche Marie-Louise (1791-1847) à l’occasion de son mariage avec Napoléon Ier, le 2 avril 1810. Commandée par le préfet Frochot, l’exceptionnelle toilette réalisée en vermeil, en nacre et en lapis-lazuli comprenait une table de toilette munie de flambeaux, un coffret à bijoux, un fauteuil, une athénienne, un tabouret et cette psyché coutât à la Ville la bagatelle de 520 386 francs. L’ensemble fut livré au palais des Tuileries le 15 août 1810. L’exécution en un temps record montre la virtuosité de tous les intervenants. Les idées de Prud’hon sont adaptées par Cavelier puis soumises au sculpteur Henri-Victor Roguier (1758- après 1830), chargé de les traduire en trois dimensions avant que les ateliers d’Odiot (1764-1850) ne les fondent et que Thomire (1751-1843) ne les cisèle. Après l’annonce de la grossesse de l’impératrice en juillet 1810, on ajoute le fameux berceau du roi de Rome (conservé à Vienne, Schatzkammer), dernier vestige de cet incomparable ensemble.
Le décor original nous montre l’empereur soucieux d’établir sa dynastie dans la concorde, après le bruit et la fureur. Dominant le fronton, sous les traits d’un Mars vainqueur, Napoléon prend la main de Marie-Louise en Vénus, avec à leurs pieds un casque grec et une corne d’abondance. L’Hymen aux ailes déployées unit dans la tendresse les mariés, tandis que de chaque côté les belliqueux aigles impériaux de chaque Maison sont domestiqués par des amours. Les fruits de cette alliance, sous l’entablement corinthien en lapis-lazuli, sont symbolisés par deux vignes aux grappes de vermeil dont les branches viennent s’enrouler aux anses d’une coupe antique. Sur les côtés, les fûts des deux colonnes qui soutiennent le linteau sont plaquées en lapis-lazuli, sur lequel des branches de lierre en vermeil sont greffées en gage de fidélité. Les chapiteaux tressés dégorgent de pommes et de grappes de raisin, inventant un nouvel ordre pour cet âge d’or impérial, tandis que les bras de lumières semblent revendiquer l’héritage de Louis XVI. Les socles assimilent les nefs de la ville de Paris à des barques égyptiennes ornées de hiéroglyphes et de crocodiles, avec Isis en figure de proue, évocation de l’aventurier allant se tailler un empire sur les rives du Nil. La traverse, ornée de conques, de rames antiques, de coraux, de perles, foisonne de symboles d’un ordre nouveau où tout ne serait que luxe, calme et volupté. Au faîte de sa gloire, Napoléon ne pense plus qu’à pérenniser sa puissance par l’abondance. Pourquoi faire la guerre si ce n’est pour la paix ?
Hélas, le répit fut cour. A la chute de l’Aigle en 1814, Marie-Louise rapporte les meubles dans ses bagages à Vienne. Nommée duchesse de Parme à l’issue du congrès de Vienne, elle déménage l’ensemble (hormis le berceau, qui reste à Vienne avec le malheureux duc de Reichstadt) au palais ducal en 1816. En 1836, à la suite d’une grave épidémie de choléra, Marie-Louise ordonne de fondre son mobilier impérial pour venir en aide au peuple décimé.
Le dessin de Cavelier est donc l’unique reflet du miroir de l’impératrice Marie-Louise. Adrien-Louis-Marie Cavelier a très vraisemblablement été directement formé chez l’orfèvre parisien Odiot. Il épouse Marie-Sophie Beauvisage, qui lui donne un fils en 1814, Pierre-Jules Cavelier (1814-1894). Son fils sera sculpteur et obtiendra le Grand Prix de Rome en 1842. Désigné comme peintre et dessinateur dans l’acte de naissance de son fils, Cavelier a la charge délicate d’adapter les esquisses de Prud’hon aux nécessités pratiques de l’orfèvrerie. Son trait précis agit sur le dessin comme une transmutation métallique. Des idées prodigieuses de l’artiste, l’alchimiste Cavelier fait de l’or. Il signe avec quelque raison et une grande fierté ce carton : « exécutée en Argent et lapis par Odiot d’après les dessins de Prud’hon et Cavelier ».
Biographie :
Dessinateur et ornemaniste, Adrien-Louis-Marie Cavelier a très vraisemblablement été formé au tout début du Premier Empire chez l'orfèvre parisien Odiot. Son cabinet de travail doit probablement jouxter la grande salle à arcades (fig. 1 ) où s'affairent les ouvriers de cette maison renommée qui fournit en ouvrages d'orfèvrerie la plupart des grandes cours d'Europe. Marié à Marie- Sophie Beauvisage, il est le père du sculpteur Pierre-Jules Cavelier (1814-1894), prix de Rome en 1842. Considéré sur l'acte de naissance de son fils comme peintre et dessinateur l , il semble avoir été en effet plus qu'un simple exécutant. Comment expliquer sinon l'inscription figurant au bas de notre dessin attestant que la psyché de l'impératrice a été « exécutée en argent et lapis par Odiot, d'après les dessins de Prud'hon et Cavelier ». Il faut sans doute y lire la volonté de ce jeune homme de 25 ans d'apparaître comme le véritable maître-d ’oeuvre du projet, celui à qui revient la charge délicate de mettre en conformité les idées de Prud'hon avec les nécessités pratiques de la réalisation d'un chef-d'oeuvre de l'orfèvrerie. L'objet de cette commande est le mobilier offert par la Ville de Paris à l'archiduchesse d'Autriche Marie-Louise (1791 1847) à l'occasion de son mariage avec Napoléon Ier, le 2 avril 1810. Commandé par le préfet Nicolas- Benoît Frochot (1757-1828), cet ensemble ressuscite les fastes du Versailles de Louis XIV et de son mobilier d'argent. L'exécution est due à l'orfèvre Jean- Baptiste-Claude Odiot (1764-1850) et au fondeur-ciseleur Pierre-Philippe Thomire (1751-1843). L'idée en revient à Pierre-Paul Prud'hon (1758-1823) dont les esquisses dessinées (fig. 2) 2 ont été adaptées par Cavelier et soumises au sculpteur Henri-Victor Roguier (1758 -après 1830) chargé de les traduire en trois dimensions. L'ensemble, composé d'une table de toilette munie de flambeaux, d'un coffret à bijoux, d'un fauteuil, d'une athénienne, d'un tabouret et d'une psyché, a coûté 520 386 francs. Il est livré au palais des Tuileries le 15 août 1810. On l'aperçoit dans sa disposition d'origine sur l'aquarelle qu'Isabey a réalisée pour la naissance du roi de Rome (fig. 3). Du mobilier de l'impératrice, il ne subsiste aujourd'hui qu'une suite de gravures au trait de Cavelier et Pierron, une série d'études de détails et le carton à grandeur pour la table de toilette, conservés dans le fonds Odiot et enfin notre dessin, qui a la même provenance. du Gers, op. cit.). À la chute de l'Empire en 1814, ces meubles, les plus extraordinaires jamais réalisés dans les ateliers du prince des orfèvres, ainsi qu'on avait baptisé Odiot, sont emportés en Autriche par Marie-Louise. Lorsqu'à l'issue du congrès de Vienne elle est nommée duchesse de Parme, ils l'accompagnent en Italie et sont installés au palais ducal en 1816. Mais en 1836, ils sont intégralement détruits et fondus sur l'ordre de la souveraine afin de venir en aide aux victimes du choléra. La petite Histoire dit que les ouvriers chargés de cette triste besogne en pleuraient. Seul le berceau du roi de Rome exécuté par la même maison et offert à Marie-Louise en 1811, demeuré à Vienne, peut aujourd'hui donner une idée du luxe de cet ensemble. Réalisé à grandeur d’exécution de la psyché, notre dessin est donc un document exceptionnel pour l'histoire des arts décoratifs sous l'Empire. Il témoigne du raffinement de cette création, haute précisément de 2,91 mètres, où le vermeil était associé aux bois précieux, à la nacre, au burgau, au lapis-lazuli et à l'argent. Dans l'histoire du goût il correspond à l'apogée du style Empire, à un moment où l'on ne craint plus de revendiquer l'héritage stylistique de l'ancien régime. Le programme du registre supérieur met en scène Napoléon sous les traits de Mars, dieu de la guerre, trouvant le repos auprès de Marie-Louise représentée en Céres (fig. 4), déesse de l'abondance. Ils sont réunis par l'Hymen sous les regards de l'aigle impérial français et de l'aigle bicéphale autrichien, retenus par des amours portant des couronnes de fleurs. L'entablement qui supporte ce groupe est orné de deux vignes s'enroulant aux anses d'une grande coupe antique. Plus inattendu est le registre inférieur avec ces deux barques égyptiennes, allusion probable à la nef de la Ville de Paris, portant une figure d'Isis et reposant chacune sur deux dauphins plongeant dans les eaux du Nil. Elles sont reliées par une traverse ornée de conques, de coraux, de perles et de rames antiques réunies par une agrafe en forme de scarabée papillon. Enfin, les deux colonnes qui soutiennent le miroir supportent deux bras de lumière en forme de putti. Mi lapis-lazuli, mi vermeil, leurs fûts sont en partie décorés de branches de lierres, gage de fidélité. On sait comment l'Histoire allait mettre à rude épreuve celle de la jeune archiduchesse...
1 — S. Lami, Dictionnaire des sculpteurs de l’école française au XIXe siècle, t. I, 1914, p. 305.
2 — Voir le catalogue de l’exposition Prud’hon ou le rêve du bonheur, Paris-New York, 1998, catalogue par S. Laveissière, no 146, p. 202, repr. p. 203.
3 — Date proposée par S. Laveissière, op. cit., alors que la plupart des auteurs situent l’épidémie en 1832. 4 — Plutôt que Vénus (voir cat. expo. Maria Luigia Donna e Sovrana. , . , op. cit.) ou Minerve (voir O. Lefuel, op. cit., S. Laveissière, op. cit., et J.-M. Pinçon et O. Gaube
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Estimé 15 000 € - 20 000 €
Par OSENAT à Fontainebleau le 22/06/2025 : Robert LEFEVRE (Bayeux, 1755 – Paris, 1830)
Napoléon Ier en colonel des chasseurs à cheval de la Garde
Huile sur panneau, porte au verso, étiquette manuscrite : KJC
29,3 x 21 cm.
Provenance :
- Collection d’un marchand anglais
- Collection Comte et Comtesse Charles-André Colonna Walewski
Exposition :
la Roche-sur-Yon, Dans l’intimité d’un empereur…. Napoléon Ier, l’époux, le père, l’amant, du 26 mars au 22 juin 2019 , n° 18.
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Estimé 15 000 € - 20 000 €
Par OSENAT à Fontainebleau le 22/06/2025 : Martin Guillaume BIENNAIS (1764-1843)
«Louis Napoléon » en uniforme de général, portant les insignes et la plaque de la Légion d’honneur.
Buste en bronze doré ciselé de la série des « Napoléonides ».
Fonte unique.
Sur piédouche décoré de frises perlée et guillochée.
Reposant sur un socle carré orné sur le devant de la couronne impériale qui surmonte le chiffre (qui manque), décoré en partie haute et en partie basse d’une frise de raies de cœur et signé au dos de la terrasse : « BIENNAIS ORFre DE LL.MM. IMPles ET ROYles A PARIS »
Ht : 26,5 cm.
B.E. Époque Premier Empire. (Frottement sur le socle).
Provenance :
- Collection F.J.B. Watson, directeur de la Wallace Collection puis ses descendants.
- Collection comte et comtesse Charles-André Colonna Walewski
Exposition :
« le Roi Louis Napoléon et la Hollande de son époque », Institut Néerlandais, Paris 1959. Rijksmuseum, Amsterdam, 1959, n°34 du catalogue.
Historique :
Notre buste fait partie de la série des « Napoléonides » commencée par Biennais à partir de 1810.
D’une qualité de ciselure rare, notre buste représente Louis Napoléon en uniforme, portant les insignes et la plaque de la Légion d’honneur.
Fait à partir d’une ébauche sculptée en cire rose, chaque exemplaire possède plusieurs types de socle : rond ou carré ornés du chiffre du sujet représenté, parfois on retrouve ces bustes sous la forme de pendules.
Œuvres en rapport :
- Plusieurs exemplaires connus de différents membres de la famille impériale : Murat, Jérôme, Caroline, Louis, Marie-Louise, Catherine.
- Des exemplaires conservés dans les collections de la Fondation Napoléon, de la Princesse Napoléon et du château de Fontainebleau
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Estimé 30 000 € - 40 000 €
Par OSENAT à Fontainebleau le 22/06/2025 : ROI DE ROME (1811-1832)
Projets pour le berceau du fils de Napoléon Ier
Charles PERCIER (Paris, 1764 - Paris, 1838)
- Le Berceau du roi de Rome, vue de profil
Plume, encre noire, aquarelle et rehauts de gouache sur traits de crayon
58,3 x 43,3 cm
- Le Berceau du roi de Rome, vue de face
Plume, encre noire, aquarelle et rehauts de gouache sur traits de crayon
54 x 41,5 cm
Provenance :
- François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter (1770-1841)
- Collection Comte et Comtesse Charles-André Colonna Walewski
Expositions :
- Napoléon, Paris, Grand Palais, 1969, no 511, p. 187, notice de Serge Grandjean (seule la vue de profil n° 511 était présentée).
- Paris, Musée des Arts décoratifs, Napoléon, symboles des pouvoirs sous Napoléon 1800-1815, de Paris en 2008 (non illustré)
Bibliographie :
- Hector Lefuel, François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter, ébéniste de Napoléon Ier et de Louis XVIII, Paris, 1925, p. 35.
- Les Grands orfèvres de Louis XII à Charles X, collectif sous la direction Pierre Verlet, Paris, 1965, p. 259, reproduit.
Œuvre en rapport :
- Musée des Arts décoratifs, projet pour le berceau du roi de Rome par Cavelier.
Historique :
Charles Percier entre à l’âge de quinze ans dans l’atelier de Peyre le Jeune en 1779 où il fait la connaissance de Pierre Fontaine (1762-1853), son futur associé et compagnon. Admis à l’Académie dans la classe du théoricien David Leroy, il remporte le Premier Grand prix en 1786, ce qui lui permet de retrouver son ami à Rome. En 1790, il visite Naples et Herculanum où il dessine quelques-uns des rares exemplaires de meubles antiques encore conservés. En 1791, de retour à Paris, il projette des meubles et réalise des décors pour l’Opéra. Le succès de la décoration de la nouvelle salle des Cinq-Cents lui vaut l’honneur d’être présenté à Joséphine de Beauharnais par David en personne. La commande des aménagements de l’hôtel Bonaparte de la rue de la Victoire puis de la Malmaison, la nomination officielle de Fontaine comme architecte des bâtiments impériaux, tandis que Percier assure, dans l’ombre, la direction de leur cabinet, décideront du restant de leur carrière. Véritables créateurs du style Empire, Percier et Fontaine ont été confondus dans une entité générique un peu commode. Pourtant, comme leur caractère, leur technique et leur vision diffèrent. Plus que Fontaine, Percier semble s’être intéressé aux arts décoratifs. Les splendides aquarelles ayant servi de modèle aux planches du Recueil de décorations intérieures doivent être considérées comme ses créations.
Les relations de Percier avec le célèbre ébéniste François Honoré-Georges Jacob- Desmalter remontent à la Révolution et leur collaboration sera étroite, comme en témoignent les nombreux modèles de dessins que Percier donne aux ateliers de la rue Meslay. Portant le titre de menuisier-ébéniste-fabricant de meubles et de bronzes de LL. MM. II. et RR., Jacob réalisera pas moins de 32 meubles en bronze destinés aux palais impériaux, dont la conception est redevable à Percier. II n’est donc pas étonnant de voir les noms de l’ébéniste et de l’architecte associés à la réalisation d’un des meubles les plus prestigieux, le berceau du roi de Rome (Vienne, Kunsthistorisches Museum), offert par la Ville de Paris à Marie-Louise et réalisé en vermeil (fig. l). Jusqu’à présent, on a surtout étudié l’apport de Prud’hon, protégé du préfet Frochot, commanditaire du meuble l. En collaboration avec Odiot, le peintre avait auparavant participé à la réalisation d’une psyché et d’une table de toilette en vermeil destinées également à l’impératrice 2 . Incontestablement, le peintre a fourni l’idée générale connue par un grand dessin (fig. 2) et par plusieurs études de détail. Il est enfin l’auteur du programme iconographique qui accompagne la planche gravée du berceau. Si la participation d’Odiot, de Thomire ainsi que celle du sculpteur Victor Roguier 3 , récemment mise en évidence, est bien établie, celle de Jacob est beaucoup moins connue. L›exécution de la version simplifiée du berceau du roi de Rome (fig. 3) lui est formellement attribuée 4 . Il est fort probable, ne serait-ce que pour les nécessités de l’exécution de cette seconde version, que l’exemplaire aujourd’hui conservé à Vienne ait séjourné dans les ateliers de la rue Meslay et c’est vraisemblablement Jacob qui a réalisé l’estrade destinée à supporter le poids des quelques 280 kilos d’argent utilisés pour la fonte. Quant à l’interprétation de l’esquisse fournie par Prud’hon, elle revient très certainement à Percier, le collaborateur attitré de Jacob, « c’est l’aspect que nous montrent de face et profil, les deux grandes aquarelles exécutées soit par Percier, soit par Jacob-Desmalter et qui font partie de notre collection. 5 » Contrairement aux dessins de Prud’hon, elles sont en effet rigoureusement conformes au meuble tel qu’il a été exécuté, et de fait, présentent les indispensables simplifications que nécessitait la réalisation d’une telle commande.
Il fallait avant tout tenir compte des contingences techniques : assurer la stabilité et la faisabilité d’un ouvrage d’un tel poids. Les nécessités du protocole s’imposaient ensuite : la richesse du décor ne devait pas occulter l’importance du contenu, l’héritier du trône devant pouvoir être vu, ce qui explique très probablement les changements concernant la disposition du voilage du dais, beaucoup plus important dans le projet de Prud’hon. Il fallait enfin respecter les délais : on disposait d’à peine neuf mois pour la réalisation complète du meuble et son usage pouvait difficilement dépasser deux ans ! C’est ainsi qu’outre le dessin d’une base en escalier à deux niveaux, réalisée probablement en loupe d’orme, Percier conçoit l’assise en vermeil sur laquelle reposent les quatre cornes d’abondance formant le piètement du berceau dont il modifie l’entretoise en la rehaussant 6. Il change également l’échelle de la figure de la Renommée, d’un poids jugé excessif, ce qui l’oblige à modifier l’échelle des génies de la Force et de la Justice, désormais hors de proportions. Ceux-ci, au lieu de se lover entre les cornes d’abondance, comme le prévoyait joliment Prud’hon, se retrouvent placés plus simplement debout, les bambins joufflus et potelés se métamorphosant ainsi en adolescents martiaux. Percier est également l’auteur du dessin du détail de la balustre en burgau parsemé d’abeilles simplement suggéré dans le dessin de Prud’hon. Son intervention préfigure l’éclectisme néo-renaissant d’un Duban. Enfin, dans le programme iconographique, il interprète librement l’idée du « bouclier, portant le chiffre de l’Empereur et entouré d’un triple rang de palmes, de lierre et de laurier » qui constitue le dossier du berceau. Transformant la couche du fils de Mars en celle de l’héritier tant attendu, Percier, imperceptiblement, métamorphose l’écu impérial en un trône somptueux : motif qui lui appartient en propre, et qui, en la circonstance, s’avère particulièrement bienvenu.
Les relations de Percier avec le célèbre ébéniste François Honoré-Georges Jacob- Desmalter remontent à la Révolution et leur collaboration sera étroite, comme en témoignent les nombreux modèles de dessins que Percier donne aux ateliers de la rue Meslay. Portant le titre de menuisier-ébéniste-fabricant de meubles et de bronzes de LL. MM. II. et RR., Jacob réalisera pas moins de 32 meubles en bronze destinés aux palais impériaux, dont la conception est redevable à Percier. II n’est donc pas étonnant de voir les noms de l’ébéniste et de l’architecte associés à la réalisation d’un des meubles les plus prestigieux, le berceau du roi de Rome (Vienne, Kunsthistorisches Museum), offert par la Ville de Paris à Marie-Louise et réalisé en vermeil (fig. l). Jusqu’à présent, on a surtout étudié l’apport de Prud’hon, protégé du préfet Frochot, commanditaire du meuble l. En collaboration avec Odiot, le peintre avait auparavant participé à la réalisation d’une psyché et d’une table de toilette en vermeil destinées également à l’impératrice 2 . Incontestablement, le peintre a fourni l’idée générale connue par un grand dessin (fig. 2) et par plusieurs études de détail. Il est enfin l’auteur du programme iconographique qui accompagne la planche gravée du berceau. Si la participation d’Odiot, de Thomire ainsi que celle du sculpteur Victor Roguier 3 , récemment mise en évidence, est bien établie, celle de Jacob est beaucoup moins connue. L›exécution de la version simplifiée du berceau du roi de Rome (fig. 3) lui est formellement attribuée 4 . Il est fort probable, ne serait-ce que pour les nécessités de l’exécution de cette seconde version, que l’exemplaire aujourd’hui conservé à Vienne ait séjourné dans les ateliers de la rue Meslay et c’est vraisemblablement Jacob qui a réalisé l’estrade destinée à supporter le poids des quelques 280 kilos d’argent utilisés pour la fonte. Quant à l’interprétation de l’esquisse fournie par Prud’hon, elle revient très certainement à Percier, le collaborateur attitré de Jacob, « c’est l’aspect que nous montrent de face et profil, les deux grandes aquarelles exécutées soit par Percier, soit par Jacob-Desmalter et qui font partie de notre collection. 5 » Contrairement aux dessins de Prud’hon, elles sont en effet rigoureusement conformes au meuble tel qu’il a été exécuté, et de fait, présentent les indispensables simplifications que nécessitait la réalisation d’une telle commande.
Il fallait avant tout tenir compte des contingences techniques : assurer la stabilité et la faisabilité d’un ouvrage d’un tel poids. Les nécessités du protocole s’imposaient ensuite : la richesse du décor ne devait pas occulter l’importance du contenu, l’héritier du trône devant pouvoir être vu, ce qui explique très probablement les changements concernant la disposition du voilage du dais, beaucoup plus important dans le projet de Prud’hon. Il fallait enfin respecter les délais : on disposait d’à peine neuf mois pour la réalisation complète du meuble et son usage pouvait difficilement dépasser deux ans ! C’est ainsi qu’outre le dessin d’une base en escalier à deux niveaux, réalisée probablement en loupe d’orme, Percier conçoit l’assise en vermeil sur laquelle reposent les quatre cornes d’abondance formant le piètement du berceau dont il modifie l’entretoise en la rehaussant 6. Il change également l’échelle de la figure de la Renommée, d’un poids jugé excessif, ce qui l’oblige à modifier l’échelle des génies de la Force et de la Justice, désormais hors de proportions. Ceux-ci, au lieu de se lover entre les cornes d’abondance, comme le prévoyait joliment Prud’hon, se retrouvent placés plus simplement debout, les bambins joufflus et potelés se métamorphosant ainsi en adolescents martiaux. Percier est également l’auteur du dessin du détail de la balustre en burgau parsemé d’abeilles simplement suggéré dans le dessin de Prud’hon. Son intervention préfigure l’éclectisme néo-renaissant d’un Duban. Enfin, dans le programme iconographique, il interprète librement l’idée du « bouclier, portant le chiffre de l’Empereur et entouré d’un triple rang de palmes, de lierre et de laurier » qui constitue le dossier du berceau. Transformant la couche du fils de Mars en celle de l’héritier tant attendu, Percier, imperceptiblement, métamorphose l’écu impérial en un trône somptueux : motif qui lui appartient en propre, et qui, en la circonstance, s’avère particulièrement bienvenu.
1 — Voir H. Bouchot, «Marie-Louise et Prud’hon», Les Lettres et les Arts, août 1886, pp. 183-197; Ch. Baulez, «La Toilette de l’impératrice Marie-Louise, le berceau du roi de Rome et Henri Roguier»,Antologia di Belle Arti,1» année, n’ 2, juin 1977,pp.194-200; El. E. Guffey, « The Toilette Set and Berceau of Empress Marie-Louise », Ap ollo, janvier 1996, pp.3-8 ; S. Laveissièr e, Prud’hon ou le rêve du bonheur,Paris,New York, 1997 -1998, n’ 150, p. 206.
2 — Également offertes par la Ville de Paris à Marie-Louise à l’occasion de son mariage. La commande avait été donnée à Prud’hon encore grâce à Frochot, bourguignon comme lui. Voir S. Laveissière, op.cit., no 146, p. 202.
3 — Ch. Baulez, op. cit.
4 — H. Lefuel, op. cit., pp. 32-35.
5 — H. Lefuel, op.cit., p. 35. Même si H. Lefuel mentionne les deux aquarelles à propos de l’exécution de la version bellifontaine, son texte ne peut se comprendre autrement que par rapport à la version viennoise. Il est en effet impossible qu’il ait pu confondre les deux berceaux.
6 — On notera que le dessin des deux barreaux de l’entretoise, similaire dans le dessin de Prud’hon, la gravure d’après Cavelier et l’aquarelle de Percier, se trouve inversé à Vienne. Peut-être ceux-ci ont-ils été remontés à l’envers ?
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Estimé 20 000 € - 30 000 €
Par OSENAT à Fontainebleau le 22/06/2025 : Buste de l’Empereur de la « première grandeur »
par Alexandre Brachard
SEVRES
Grand buste de l’Empereur Napoléon Ier en biscuit de porcelaine de la première grandeur d’après Antoine-Denis Chaudet.
Titré NAPOLEON sur la base, Marqué en creux. : Sèvres sous le titre et AB 2 at 10 n° 2 pour Alexandre Brachard, 2 août 1810.
Epoque Empire. 1810
Il repose sur une base carrée en marbre jaune.
H. 52 cm, H. totale : 74 cm.
Expositions :
Fondation Albertina de Vienne, « les premières heures de l’Albertina. Entre Dürer et Napoléon », du 14 mars au 26 juin 2014.
Provenance :
- Collection parisienne
- Collection comte et comtesse Charles-André Colonna Walewski
Objet en importation temporaire
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Estimé 60 000 € - 80 000 €
Par OSENAT à Fontainebleau le 22/06/2025 : Lorenzo BARTOLINI (1777-1820) et Atelier
Portrait d'Elisa Bonaparte Baciocchi, Princesse de Piombino et de Lucques,
Grande-Duchesse de Toscane (1777- 1820)
Buste en marbre blanc
Titré « ELISA / BONAPARTE » en lettres gravées et peintes en noire sur le devant du buste et du piédouche
Porte le numéro d’inventaire « NMSK2344 » au crayon au revers de la base
H. 74 cm
Éclat derrière l’oreille droite
Provenance :
- Probablement Collection de Joseph FOUCHE (1759-1820) ; Paul Athanase Fouché d’Otrante (1801-1886), acquis par Ivan Traugott (1871-1957) avant 1933, par descendance jusqu’en 2013, vente Sotheby’s janvier 2014, no 142.
- Collection de la Comtesse et du Comte Charles André Colonna Walewski, Genève.
Exposition :
En dépôt-prêt au moins de 2009 à décembre 2013 au National Museum de Stockholm sous le n°inv. NMSK2344.
Œuvres en rapport :
- Lorenzo Bartolini, Elisa Bonaparte, buste en marbre, signé BARTOLINI FECIT au dos et inscrit « ELISA » à la peinture noire à l’avant, H. 60 cm, Blois, Château musée, n°inv. 861.175.1 ;
- Atelier de Lorenzo Bartolini, Elisa Bonaparte Baciocchi, après 1809, inscription « ELISA » sur la partie avant du buste, marbre, H 58.5 cm, Museo Napoleonico, Rome, n°inv. MN 50 ;
- Atelier de Lorenzo Bartolini, Elisa Bonaparte Baciocchi, épouse de Félix Baciocchi, ca. 1809, marbre blanc, inscription « ELISA » sur la partie avant du buste, H.68 cm, Ajaccio, Palais Fesch - Musée des Beaux-Arts, n°inv MNA92411 ;
- Atelier Lorenzo Bartolini, Elisa Bonaparte Baciocchi, buste en marbre, inscription « ELISA » sur la partie avant du buste, H.70,5 cm, Bayerische Staatsgemäldesammlungen - Neue Pinakothek München, n°inv. WAF B2 ;
- Atelier de Lorenzo Bartolini, Elisa Bonaparte Baciocchi, buste en marbre, provenant du Palais della Crocetta a Firenze , Florence, Museo dell'Opificio delle Pietre Dure.
Littérature en rapport :
- Paul Marmotton, Les arts en Toscane sous Napoléon : la princesse Elisa, Paris, 1901, p.282 ;
- Gérard Hubert, La Sculpture dans l’Italie Napoléonienne, Paris, 1964, pp.356-357 ;
- Franca Falletti, Silvestra Bietoletti, Annarita Caputo, Lorenzo Bartolini, scultore del bello naturale, Giunti, Firenze Musei, 2011;
- Jean-Marc Olivesi, Napoléon, les Bonaparte et l’Italie, Ajaccio, Ajaccio, musée Fesch, 2001, n°51, p.148 ;
- P. Malgouyres, La princesse et le sculpteur : Elisa Bonaparte et Lorenzo Bartolini , dans Cahiers du château et des musées de Blois, no. 35, décembre 2004, pp. 23-35
Ce portrait de la princesse Elisa Bonaparte, soeur aînée de l’Empereur, s’inscrit dans le contexte de consolidation du pouvoir par la diffusion de portraits princiers. Épouse de l’officier Felice Baciocchi, Elisa devient en 1806 la Dame de Carrare. Dotée d’un fort tempérament et d’un vif esprit d’entreprise, elle fait promouvoir par son frère son sculpteur favori, Lorenzo Bartolini, au poste de directeur de l’Académie de Carrare qu’elle finance, contribuant ainsi à développer la production de ce célèbre site d’extraction de marbre. Devenue Grande Duchesse de Toscane en 1809, elle commande à ce sculpteur italien, lauréat du Grand Prix de Rome en 1802 et considéré comme l’héritier de Canova, une série de bustes de sa famille proche, notamment le sien, celui de son époux Félix et de sa fille Napoléone. Le sculpteur présente ces portraits à l’exposition de l’académie lucquoise du 15 août 1809 et est récompensé d’une médaille d’argent pour leur ressemblance. Ce portrait devient son image officielle, après avoir refusé le portrait réalisé par Joseph Chinard (1756-1813) qu’elle jugeait moins bon. Le visage sévère aux pommettes saillantes et aux yeux à l’antique est flanqué d’une coiffure agrémentée d’un ruban orné de l’abeille, de l’étoile et de la feuille de palmier, symboles impériaux. Notre exemplaire appartient à une série de bustes officiels non signés mais qui portent le titre ELISA dans la partie inférieure à l’avant du buste.
Ces bustes sont conservés au Museo Napoleonico de Rome, au Palais Fesch d’Ajaccio, à la Fondazione Cassa di Risparmio di Bologna ou encore à la Neue Pinakothek de Münich. Ils sont tous présentés comme de l’Atelier de Lorenzo Bartolini dans le répertoire officiel des oeuvres de l’artiste mis en ligne par le Pôle muséal de la ville de Florence. Réalisé à Carrare, ce buste de très belle qualité de la Grande Duchesse de Toscane a fait partie des oeuvres offertes aux proches de la famille impériale. L’oeuvre exposée au musée de Stockholm jusqu’en 2013 avant d’être acquis par Charles André Colonna Walewski en 2014, aurait appartenu à Joseph Fouché (1759- 1820), ministre de la Police de Napoléon. Malgré des relations complexes et contradictoires avec l’empereur, il est fait Comte d’Otrante en 1809 avant d’être disgracié en 1810. Après un retour en grâce pendant les Cent jours, il meurt en exil à Trieste. Paul Athanase Fouché d’Otrante (1801- 1886), second Duc d’Otrante, succède aux titres de son père et s’installe ensuite en Suède, où il bénéficie de la protection du maréchal Bernadotte devenu roi de Suède. Le présent buste aurait voyagé avec le second Duc en Suède où il était conservé jusqu’en 2013.
Objet en importation temporaire
L'acquéreur devra acquitter des frais d'importation, soit 5,5% en sus du prix d'adjudication sauf s'il réexporte immédiatement l’objet hors de l'Union Européenne.
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Estimé 20 000 € - 30 000 €
Par OSENAT à Fontainebleau le 22/06/2025 : Rare paire de tabourets
en hêtre peint et doré, de forme curule, à décor de têtes de bélier, disques et rosaces, reposant sur un piétement en x terminés par des pieds en griffe, avec trois étiquettes du début du XIXe siècles inscrits pour deux d’entre elles : « Paris / P / N° (…) un tabouret X / rechampi en blanc et doré / satin broché jaune / 1° housse taffetas jaune / 2° (…) » et pour l’autre : « Partie de 4 pareil », avec la marque en creux BEP (couronné) pour British Embassy Paris.
Epoque Empire, vers 1804.
H : 57 cm, L : 76 cm, P : 45 cm
Provenance :
- Pauline Borghèse dans son hôtel de la rue du Faubourg Saint-Honoré au début du XIXe siècle,
- Ancienne galerie Roger Imbert (Paris) à la fin des années 1970.
- Collection Comte et Comtesse Charles-André Colonna Walewski
Référence bibliographique :
J. N. Ronfort et J.-D. Augarde, A l’ombre de Pauline, la résidence de l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris, Paris, 2001
Pauline Borghèse, sœur de l’Empereur, acheta l’hôtel de Charost, actuelle ambassade de Grande-Bretagne rue du faubourg Saint- Honoré, en novembre 1803. Quatre tabourets en X sont alors décrits dans le salon jaune du rez-de- chaussée (aujourd’hui le salon rouge), deux sont toujours conservés dans l’hôtel Borghèse, les deux autres appartenant à la collection Walewski sont présentés ici.
Le salon jaune, également appelé salon de réception, était tendu de gros de Tours jaune, les quatre tabourets en X étaient complétés par quatre grands fauteuils, deux petits fauteuils, quatre chaises, deux tête-à-tête, deux tabourets de pied et deux canapés, le tout « rechampis en blanc et doré » et recouvert de saton jaune. Ce sont les deux étiquettes conservées sur chacun des tabourets de la collection Walewski qui rendit possible l’identification des tabourets de l’ambassade, leur analyse permet également de constater que l’état actuel du décor est parfaitement conforme à la description ancienne ; peint et doré (contrairement aux tabourets de l’ambassade quant à eux entièrement dorés), elles nous donnent également un précieux détail concernant les usages de l’époque. On apprend en effet que les tabourets étaient accompagnés de deux jeux de housse, l’une en taffetas jaune.
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