
Coups de cœur de commissaires-priseurs
La Divine Comédie selon Dalí, un cadran canon qui tonne l’heure, les peintres reporters au temps de Louis XIV et l’art royal de la galvanoplastie. Les commissaires-priseurs nous font partager le lot qu’ils préfèrent dans leurs prochaines ventes.
.
Dalí et la divine création
« Il s’agit d’une aquarelle importante dans l’œuvre de Salvador Dalí (1904-1989). Nous sommes en 1951, et l’artiste décide d’illustrer La Divine Comédie de Dante. Il esquisse alors cette étude à l’aquarelle et à l’encre sépia sur papier du « Départ pour le grand voyage », représentation du Chant 1 de L’Enfer. Mais Dalí attendra finalement huit ans pour débuter la réalisation de sa « Divine Comédie », à laquelle il se consacre entre 1959 et 1963. Je trouve qu’il est particulièrement émouvant de pouvoir approcher le processus créatif de ce grand maître à travers la toute première ébauche de son travail. Par ailleurs, l’aquarelle comporte deux signatures de Dalí. Une première signature esquissée au crayon, et une seconde réalisée à droite à l’encre sépia. Le peintre est manifestement en pleine recherche créative ! Cette aquarelle est estimée entre 15 000 et 20 000 euros. » Patrick Rannou-Cassegrain, commissaire-priseur à Nice à propos de sa vente du samedi 27 avril 2013.
.
Quand le cadran tonne l’heure
« Pourquoi ce cadran solaire de 1786 comporte-t-il un petit canon en bronze ? Pour tonner à midi pile ! Grâce à un astucieux système de loupe, les rayons du soleil sont instantanément concentrés et enflamment la mèche du canon qui vient faire exploser la poudre. Ainsi, comme l’indique la devise gravée sur le marbre blanc du cadran : « Par le soleil de Dieu et pour le soleil du Roy à midi je tonne ! » De mémoire de commissaire-priseur, jamais je n’avais vu pareil objet. Il s’agit d’un modèle rare du XVIIIe siècle. Nous avons estimé ce cadran solaire à canon méridien de près de 60 centimètres de diamètre entre 3 500 et 4 000 euros. » Maître Frédéric Lefranc, commissaire-priseur à Auxerre, à propos de sa vente du samedi 27 avril 2013.
.
.
Peintres reporters au temps de Louis XIV
« Il se trouve que j’ai deux coups de cœur dans cette vente. Les deux vues du port de la Rochelle et de celui de Rochefort. Deux documents incroyables qui montrent avec force détails la topographie, l’architecture et même l’activité portuaire de l’époque. Tout le travail de réparation et de construction des bateaux est ainsi représenté sur le tableau représentant Rochefort. Ces deux œuvres ont été réalisées par les Van Blarenberghe, lignée de peintres flamands d’origine qui s’établirent ensuite en France pour finir en tant qu’artistes de Cour. Réputés pour leur maîtrise des tableaux miniaturistes, Louis-Nicolas et son fils Henri-Joseph
transposent ici leur art du détail et de la minutie sur de grands formats (74 x 119,5 cm). Je me souviens qu’il y avait eu une exposition au château de Versailles en 2006 qui s’intitulait « Louis-Nicolas Van Blarenberghe, un peintre reporter au temps de Louis XIV ». Ces deux tableaux traduisent parfaitement cette démarche du reportage journalistique. Pour rendre compte de l’actualité de ces villes à l’époque, les artistes utilisent le vecteur d’information qu’ils connaissent : la peinture. Les deux marines sont chacune estimées de 3 000 à 4 000 euros ». Maître Pascal Blouet, commissaire-priseur à Mayenne, à propos de sa vente du dimanche 28 avril 2013.
.
.
.
.
.
L’art royal de la galvanoplastie
Les œuvres d’Alexandre Gueyton (1818-1862) sont relativement rares sur le marché. Au début du XIXe siècle, cet orfèvre – qui fut le fournisseur officiel de l’empereur Napoléon III – s’intéresse à une toute nouvelle technique : la galvanoplastie. Il s’agit d’un procédé permettant d’obtenir un métal argenté. Même s’il est considéré comme moins noble que l’argent, Gueyton se passionne pour ce nouveau matériau, et se lance le défi de réaliser prestigieuses pièces d’orfèvrerie en galvanoplastie. Aujourd’hui, ses œuvres en métal argenté figurent dans les plus grands musées du monde. L’opulent décor de rinceaux, de guirlandes de fruits, de feuillages et la finesse de l’amour réalisé en ronde bosse contribuent à faire de ce coffret une véritable pièce d’apparat. Par ailleurs, il se trouve que les armes royales d’Espagne, et plus précisément celles de d’Isabelle II, sont gravées dessus. Au cours de notre travail de recherche, nous avons retrouvé dans Le Monde illustré, journal quotidien du 10 août 1861 une photo montrant le même coffret réalisé par Gueyton pour l’ancienne Reine de Naples et sœur de l’Impératrice Elisabeth d’Autriche. Une noble coïncidence ! Notre coffret est estimé de 3 000 à 5 000 euros. » Maître Julien Debacker à propos de sa vente du samedi 27 avril 2013.