
Coups de cœurs d’été de commissaires-priseurs
Une galère qui se fait tirer le portrait, une petite madeleine de Proust qui a le goût d’eau salée, un modèle qui s’avère être la fille du peintre… Trois commissaires-priseurs ont choisi l’une des œuvres qu’ils proposent prochainement en vente et nous expliquent pourquoi.
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Rencontre avec la fille d’Henri Lebasque
« Cette jeune fille à l’ombrelle m’attendrit. La position de ses pieds, la façon qu’elle a de jouer avec son collier et son regard perdu dans ses pensées… Chaque détail montre que l’auteur de cette toile connaissait bien son modèle. Et pour cause, il s’agit de sa propre fille ! L’affection que le peintre porte à son élégante est aussi rendue par les contrastes de traitements employés. Si le personnage central est dessiné avec beaucoup de précision, le paysage autour s’avère à peine esquissé.
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La découverte de ce tableau est également chargée d’émotions. Je l’ai trouvé dans une maison du bord de mer, à l’occasion d’un inventaire. Les propriétaires de l’œuvre ne connaissaient absolument pas sa valeur. Et pourtant il s’agit d’une huile sur toile d’Henri Lebasque (1865-1937), un artiste post-impressionniste proche de Maximilien Luce et Paul Signac. Lebasque a surement dû l’offrir au grand-père des vendeurs, qui était également peintre. » Maître Régis Bailleul à propos de « L’élégante à l’ombrelle sur la plage de Saint-Jean-de-Monts », une œuvre d’Henri Lebasque estimée de 35 000 à 50 000 euros et mise aux enchères le samedi 13 juillet 2013 à Bayeux.
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Quand la galère se fait tirer le portrait
« Avant l’arrivée de la photographie, les portraits de bateau, comme cette aquarelle, étaient fréquemment commandés aux artistes. Les commandants, les armateurs et autres acteurs du milieu maritime ne disposaient en effet que de ce moyen pour connaître leurs embarcations. Chaque détail de leur embarcation devait donc être soigneusement reproduit. Les voiles descendues pour se protéger du soleil, les matelots en pleine action, les rames uniformément levées, les mâts, les cordages, les drapeaux… la galère est ici représentée avec une extrême précision.
Avec un grand-père hydrographe, un père ayant dessiné les plans des ports méditerranéens pour Choiseul et deux fils peintres passionnés par la mer, Antoine Roux (1765-1835), l’auteur de cette œuvre, fait sans conteste partie d’une grande lignée de peintres de marine. Installés sur le port de Marseille, les dessinateurs de la famille Roux n’avaient pas leur pareil pour capter toute la vérité d’une scène maritime. Ici, le bateau est par exemple parfaitement posé sur l’eau. » Maître Hubert Lavoissière à propos de son aquarelle de « La Décidée, commandée par l’enseigne de vaisseaux Jacques L. Gaffard » estimée de 6 000 et 7 000 euros, et proposée à la vente le vendredi 12 juillet 2013 à La Rochelle.
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Une petite madeleine de Proust au goût d’eau salée
« Ce tableau d’Henri Moret représentant les Glénans me rappelle mon enfance. Chaque été, j’allais pêcher avec mon père dans l’archipel breton. Je nous revois sur une barque comme celle figurant au centre du tableau. Lui en train de ramer, et moi le regardant faire. Dans mon souvenir, le paysage est pratiquement identique à celui peint par l’artiste post-impressionniste. Encore aujourd’hui, les constructions demeurent très rares aux Glénans, ce qui confère à l’archipel ce côté sauvage et très authentique palpable en regardant la toile. En prêtant l’oreille, il est presque possible d’entendre le chant des mouettes et des cormorans. » Maître Gilles Grannec, à propos du tableau d’Henri Moret (1856-1913) « Les Glénans, St Nicolas Août 1906 » estimé de 15 000 à 20 000 euros et proposé aux enchères le 20 juillet 2013 à Brest à l’occasion de la vente de tableaux modernes de l’Ecole bretonne.
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