
Dans le cabinet de Jacques Vergès
La vente aux enchères des effets du célèbre avocat aura lieu samedi 18 janvier dans son hôtel particulier parisien. Au programme de la vacation figurent notamment le bureau et la tapisserie devant lesquels le juriste fort médiatique recevait ses clients et avait l’habitude de se faire interviewer…
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L’affaire Omar Raddad, Carlos, les protagonistes de l’affaire du sang contaminé, la famille du juge Renaud, la liste des clients de Jacques Vergès (1925-2013) pourrait s’apparenter à l’inventaire des plus grandes affaires judiciaires de la fin du XXe siècle… Pour défendre ses illustres protégés, l’avocat disparu en août dernier profitait d’une importante couverture médiatique, et répondait volontiers aux sollicitations des journalistes. Vergès aimait recevoir les chroniqueurs judiciaires dans son hôtel particulier de la rue Vintimille à Paris, assis derrière son large bureau, et posant devant sa grande tapisserie du XVIIIe siècle. Si bien que dans l’imaginaire collectif, le juriste est resté associé à ce studieux décor, un peu comme s’il s’agissait de son environnement naturel !
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Samedi 18 janvier 2014, Maîtres Alain Castor et Laurent Hara mettront aux enchères l’ensemble du mobilier de ce célèbre cabinet. Les commissaires-priseurs procèderont à cette dispersion à l’intérieur même du bureau de Jacques Vergès. Tout est à vendre : de la grande verdure d’Aubusson à ses monumentales statues africaines, en passant par sa collection de jeux d’échecs, la lettre qu’il a reçue du président Vincent Auriol, jusqu’aux ouvrages de son immense bibliothèque contenant ses livres sur le colonialisme et l’anticolonialisme qui ont certainement nourris ses engagements politiques, ses manuels de droit qui devraient particulièrement intéresser les étudiants, mais également des œuvres de Byron, Chateaubriand, Racine et Rousseau… Seules ses archives de travail ne seront pas à vendre, au nom du secret professionnel.
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Le lot-phare de cette vacation s’avère être la paire de fauteuils qui faisait face à Vergès. Ces deux sièges en bois laqué gris et rechampi or reposant sur des pieds fuselés ornés de palmettes stylisées sont estampillés de la signature de Pierre-Antoine Bellangé (1757-1827), l’ébéniste officiel du Premier Empire puis de la Restauration. Ils ont été réalisés pour le château de Meudon, la résidence de la mère de Napoléon Ier, qui devint ensuite celle du fil du 1er Empereur, le Roi de Rome. Délaissée sous la Restauration, la demeure est ensuite occupée par le duc d’Orléans, qui y fera plusieurs séjours sous la Monarchie de Juillet. Et sous le second Empire, le château revient au frère de Napoléon, Jérôme Bonaparte puis au Prince Napoléon, son fils. Les deux sièges de Vergès faisaient partie d’un ensemble comprenant six fauteuils et six chaises dont trois fauteuils et quatre chaises sont aujourd’hui conservés au Mobilier National. Estimée de 1 500 à 2 000 euros, cette paire de fauteuils aura certainement été témoin des confidences de l’ensemble de la famille impériale, et de Napoléon Ier, avant d’écouter celles des sulfureux clients de Vergès…
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Lien vers l’annonce de vente