
Jérôme Duvillard, commissaire-priseur à Mâcon et vedette d’Affaire conclue
Après avoir exercé une dizaine d’années dans le monde de la finance, Jérôme Duvillard a renoué en 2009 avec son métier de cœur en s’installant à Mâcon où il dirige l’étude Quai des enchères avec son associée Alexandra Chaillou-Weidmann. Le commissaire-priseur vedette de l’émission Affaire conclue revient sur son parcours, son amour des objets et son quotidien qu’il partage avec une équipe soudée et proactive.
Qu’est-ce qui vous a amené à devenir commissaire-priseur ?
Je suis né dans cet univers. J’ai assisté très tôt à des ventes aux enchères. Mon père achetait des meubles anciens qu’il revendait en gros, par containers. J’étais d’abord perdu, je ne parvenais pas encore à faire le lien entre les formes, les matières. Dès l’âge de 16 ans, j’ai travaillé dans des hôtels de ventes à Beaune, puis Dijon, auprès de Philippe Javelet. Je me souviens de ce jour où, pour me tester, il m’avait demandé de démonter une armoire. Il a été surpris lorsqu’il m’a vu à l’œuvre car j’avais appris à faire cela avec mon père.
« Je suis né dans cet univers. J’ai assisté très tôt à des ventes aux enchères. Mon père achetait des meubles anciens qu’il revendait en gros, par containers. »
Quelle a été votre formation ?
Au lycée, je me destinais davantage à des études dans la communication et le journalisme. Je me suis inscrit en fac d’histoire de l’art afin de me cultiver et d’apprendre les classiques. J’ai ensuite suivi une formation en droit et me suis inscrit au concours d’avocat en même temps qu’à l’examen d’accès au stage de commissaire-priseur que j’ai obtenu. J’ai fait mon service militaire dans la légion étrangère et, à mon retour, j’ai passé une maîtrise en informatique. J’ai été un temps clerc au sein de l’étude de Jean Loiseau, Alain Schmitz et Marielle Digard à Saint-Germain-en-Laye, où j’avais effectué mon stage en compagnie d’Alexandra Chaillou-Weidmann, mon associée actuelle. Je souhaitais ensuite racheter une étude, mais ça n’a pas fonctionné. A cette époque, le monde des enchères ne se portait pas aussi bien qu’aujourd’hui. J’ai participé puis dirigé pendant dix ans plusieurs sociétés spécialisées dans la finance, ainsi que dans la communication à Genève. Les affaires tournaient plutôt bien, j’ai voyagé aux quatre coins de l’Europe et jusqu’à Dubaï, avant que n’éclate la crise financière de 2008 qui a signé la fin de l’aventure dans la finance et le retour à mon métier de cœur, celui de commissaire-priseur. En 2009, je me suis finalement installé dans ma région d’origine, la Bourgogne, à Mâcon, où nous exerçons toujours.
Depuis que vous exercez à Mâcon, quelle est la vente qui vous a le plus marqué ?
Les enchères du cœur, une vente caritative que nous organisons chaque année, à la fin du mois de novembre. C’est une expérience fantastique ! Nous ne vendons pas des biens meubles concrets, mais des moments d’émotion. Les fonds servent à financer la recherche contre les cancers pédiatriques. Nous comptons parmi les parrains les meilleurs chefs cuisiniers français, des domaines viticoles prestigieux ou encore de grandes marques. Ce sont des moments très émouvants lorsque, à l’issue de la vente, nous remettons les chèques aux associations. Ce sont des aventures qui font que l’on se lève mieux le matin !
A quoi ressemble le quotidien d’un commissaire-priseur ?
Notre quotidien est très varié. On peut tout aussi bien passer une journée à préparer une vente, organiser la logistique, élaborer le catalogue, qu’effectuer quatre à cinq inventaires en quelques heures. Hier, par exemple, nous avons passé la journée à préparer une vente dans le sud de la France. Nous n’avons pas arrêté de descendre et monter les escaliers, de manipuler les objets pour les rassembler et établir des lots cohérents. A Mâcon, nous menons un formidable travail d’équipe avec Alexandra Chaillou-Weidmann, mon associée et complice de longue date. Au sein de notre étude Quai des enchères, nous comptons aujourd’hui quatre commissaires-priseurs et quatre clercs, même si nous avons souvent la sensation d’effectuer l’équivalent du travail de douze personnes !

Portraits des commissaires-priseurs Jérôme Duvillard et Alexandra Chaillou-Weidmann.
« À Mâcon, nous menons un formidable travail d’équipe avec Alexandra Chaillou-Weidmann, mon associée et complice de longue date. Au sein de notre étude Quai des enchères, nous comptons aujourd’hui quatre commissaires-priseurs et quatre clercs, même si nous avons souvent la sensation d’effectuer l’équivalent du travail de douze personnes ! »
Quel est l’aspect du métier qui vous séduit le plus ?
La découverte des objets et le travail en équipe… C’est toujours très émouvant de révéler des trésors, de les valoriser, d’autant plus qu’ils sont souvent apportés par des personnes qui ne se doutent pas de leur valeur. Je me souviens par exemple de la découverte de lièvres du sculpteur Edouard-Marcel Sandoz, retrouvés au milieu des jouets d’une petite fille de six ou sept ans qui a assisté à la vente et qui, quelques années plus tard, est revenue à l’étude faire un stage en tant qu’étudiante !
Quelle est pour vous la qualité essentielle dont doit faire preuve un commissaire-priseur ?
Pour être commissaire-priseur, il faut avant tout aimer les objets pour ce qu’ils sont, à savoir le reflet des meilleurs côtés de l’homme. Les objets sont des cristallisations d’empathie, ils sont immensément chargés par toute l’histoire et le contexte auxquels ils sont liés.

[De gauche à droite] Portraits des commissaires-priseurs Daniel Church, Catherine Piazza et Jérôme Duvillard.
« Pour être commissaire-priseur, il faut avant tout aimer les objets pour ce qu’ils sont, à savoir le reflet des meilleurs côtés de l’homme. »
Après avoir été l’un des commissaires-priseurs les plus actifs de l’émission « Affaire conclue » diffusée sur France 2, vous avez décidé de réduire la fréquence des tournages. Quelle a été votre motivation ?
La production me faisait tourner une fois par semaine ! Nous sommes donc convenus, avec Warner Bros France, que je me mette quelque peu en retrait, en tournant de façon plus occasionnelle. Je prends toujours autant de plaisir à participer à cette émission qui nous permet de nous faire connaître et de communiquer sur une facette de notre métier moins connu, à savoir l’expertise et la connaissance approfondie des objets.
Vous arrive-t-il de vous laisser à votre tour exalter par le jeu des enchères ?
Oui, très souvent ! J’achète de tout, des petits bijoux, des montres, des tableaux, des dessins… Mais je ne suis pas un acheteur très raisonnable, il est rare que je renonce à l’objet convoité !
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*Photo en Une : Spot télévisé Interencheres diffusé sur France 3.
Autres photos : © Abel Llavall-Ubach
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